Conférence Une seule santé: des zoonoses aux PFAS
- UdeMNouvelles
Le 29 novembre 2024
La conférence Une seule santé se tiendra le 10 décembre et réunira des panélistes qui aborderont différents sujets d’actualité, des zoonoses aux contaminants émergents en passant par l’alimentation.
L’approche Une seule santé, c’est la reconnaissance des interrelations entre la santé des humains, celle des animaux et celle des écosystèmes. Elle préconise de repenser notre façon d’agir pour répondre d’une manière collective, responsable et durable à un ensemble de défis dans une perspective de bien commun.
Quelques chercheurs et chercheuses de l’Université de Montréal qui travaillent dans cette voie participeront à la conférence Une seule santé qui se tiendra le 10 décembre. Entre autres, on pourra entendre Sébastien Sauvé, qui travaille sur les contaminants comme les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), et Cécile Aenishaenslin, qui se penche sur les maladies transmises par les tiques, dont la maladie de Lyme.
De plus en plus de zoonoses
Les zoonoses, ces maladies infectieuses qui se transmettent de l’animal à l’humain, sont en émergence. On pense entre autres à la COVID-19, mais aussi à la grippe aviaire (H5N1) alors que le Canada a confirmé à la mi-novembre le premier cas chez un humain au pays, un adolescent de Colombie-Britannique.
«Plus de 75 % des maladies infectieuses en émergence chez l’humain sont des zoonoses», illustre Cécile Aenishaenslin, professeure à la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM.
Et l’humain n’est pas étranger à ces éclosions. «Les changements climatiques expliquent l’émergence de ces maladies, tout comme plusieurs facteurs anthropiques, telle la destruction des habitats naturels, qui dérègle l’équilibre des écosystèmes et peut faire en sorte que les contacts sont plus fréquents entre différentes espèces animales qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer et les humains», explique la chercheuse.
Elle mène actuellement un projet de recherche pour prévenir les maladies transmises par les tiques qui ont un réservoir animal. L’un des facteurs qui favorisent l’exposition humaine aux tiques est le contact avec la forêt.
«Mais en amont, pourquoi y a-t-il autant de tiques en forêt? C’est parce que les populations humaines ont d’abord déboisé la forêt, puis aménagé des champs ou construit des habitations. Cela a fragmenté les habitats naturels des populations d’animaux sauvages en des zones de plus en plus restreintes et contribué aux changements climatiques, qui favorisent la survie et l’abondance des tiques», fait observer Cécile Aenishaenslin.
Bien sûr, la solution n’est pas de dire aux gens d’arrêter de se promener en nature! Si les humains contractent des maladies en étant exposés à des tiques infectées, les parcs et les populations de cerfs ne sont pas exempts de problèmes.
«Il y a une perte de biodiversité dans les parcs parce qu’il y a trop de cerfs, ce qui amène plus de tiques, indique la chercheuse. Nous réfléchissons donc à des stratégies pour rééquilibrer de façon durable la santé des écosystèmes dans les parcs, ce qui améliorera aussi la santé des animaux et celle des humains.»
Des contaminants émergents
Un autre élément nuisible à la santé humaine est l’utilisation des PFAS. «Ce sont des molécules organiques fluorées et c’est la présence de fluor qui les rend stables et résistantes, souligne Sébastien Sauvé, professeur titulaire au Département de chimie de l’UdeM. Elles repoussent l’eau et les graisses, donc elles sont imperméables, antitaches, antiadhésives, etc.»
C’est la raison pour laquelle elles sont présentes dans toutes sortes de produits, des divans aux imperméables en passant par les produits d’emballage, sans oublier le maquillage, la peinture et la mousse pour éteindre les feux.
«Longtemps, on a pensé que les PFAS n’étaient pas toxiques, dit le chercheur. Puis, il y a 20 ou 30 ans, on a commencé à se demander si une bioaccumulation pourrait avoir des effets sur la chaîne alimentaire. Et depuis une dizaine d’années, il y a de plus en plus d’éléments de toxicologie qui mettent en lumière des effets néfastes à long terme de ces substances sur la santé humaine. On parle de cholestérol, de faible poids à la naissance, de dysfonctionnements du système immunitaire, de cancers.»
Alors qu’il y a des milliers de molécules très complexes dans la famille des PFAS, Sébastien Sauvé cherche des façons de les analyser et d’interpréter leur toxicité. Il mène un projet de recherche sur les boues d’épuration.
«Les PFAS se retrouvent dans les eaux usées et elles se concentrent dans les boues d’épuration, signale-t-il. Puisque ces boues sont utilisées comme engrais, on veut voir si c’est possible qu’elles contaminent la nappe phréatique et les puits des agriculteurs. Aussi, est-ce que les PFAS pourraient remonter dans les plants cultivés et, si oui, est-ce que les humains ou les vaches risqueraient d'être contaminés en les mangeant?»
Ces questions illustrent bien ce qu’est le concept Une seule santé. «L’humain a causé des déséquilibres dans l’environnement qui ont maintenant des répercussions sur le monde animal et sur lui-même, mentionne Cécile Aenishaenslin. Nous nous devons d’agir contre ces perturbations pour que les écosystèmes soient mieux préservés et pour prévenir l’émergence de nouveaux risques pour la santé de leurs populations.»
À propos de la conférence
Cette conférence sera l’occasion de découvrir les grands projets de recherche de l’UdeM en lien avec Une seule santé et de comprendre comment ces initiatives permettent d’améliorer la qualité de nos interventions en santé humaine, en santé animale et en santé environnementale.
En plus de Cécile Aenishaenslin et Sébastien Sauvé, les professeurs Yan Kestens et Malek Batal feront partie des panélistes de cette conférence animée par Marie-Josée Hébert, vice-rectrice à la recherche, à la découverte, à la création et à l'innovation.
L’activité est coorganisée par le Réseau des diplômés et des donateurs et le Vice-rectorat à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation.