Loin d’être un changement de façade, c’est un travail de fond qui a été fait pour revenir en quelque sorte à la vision initiale de Roger Gaudry, c’est-à-dire que la Faculté de l’éducation permanente (FEP) de l’Université de Montréal soit un moteur d’innovation et d’expérimentation au sein de l’établissement pour la formation des adultes. C’est pour mieux refléter cette mission d’innovation et continuer de donner accès à des formations universitaires aux personnes qui ont intégré le marché du travail et qui veulent avancer dans leur carrière que l’unité porte désormais le nom de Faculté de l’apprentissage continu (FAC). Le doyen de la FAC, Michel Janosz, nous en dit plus long.
De la FEP à la FAC: un changement de nom qui reflète une mission élargie
Comment la FAC redéfinit-elle son rôle pour répondre aux besoins croissants en matière de requalification et de reconversion professionnelle dans un marché du travail en constante mutation?
De nombreuses transformations – numérique, climatique, géopolitique, économique – s’opèrent dans les métiers, et ce mouvement s’accélère. Derrière l’actualisation de notre nom, il y a cette idée que nous avons, comme faculté, la responsabilité d’être continuellement à l’écoute des besoins en formation de notre communauté étudiante engagée dans la vie professionnelle.
Comme nous ne sommes pas une faculté disciplinaire, nous avons aussi l’obligation de rester à l’affût des besoins du marché de l’emploi et d’actualiser notre offre de formation en conséquence. Par exemple, nous avons décidé de suspendre les admissions dans nos programmes de traduction parce que l’évolution des technologies est telle que nos formations perdaient en pertinence.
De quelle façon l’approche interdisciplinaire et les partenariats avec les autres facultés permettent-ils à la FAC d’innover et d’offrir des formations adaptées aux nouvelles réalités économiques et sociales?
Notre rayon d’action couvre les champs différents ou complémentaires des autres facultés pour favoriser l’interdisciplinarité. On ne reprend pas une offre de formation de jour pour la rendre simplement accessible de soir ou en ligne. Nous mettons à profit les expertises des facultés sur divers thèmes, étudions les besoins en formation de notre clientèle adulte et proposons des formations courtes, pratiques et professionnalisantes. Nous sommes d’ailleurs en train de concevoir avec plusieurs facultés un microprogramme de 2e cycle sur la gestion des enjeux du vieillissement, un sujet complexe qui demande une lecture interdisciplinaire. Pour ce faire, nous mobilisons, entre autres, des expertises en sciences infirmières, en aménagement, en travail social, en médecine…
Nous avons également remarqué un manque de formations universitaires sur l’utilisation responsable et éthique de l’intelligence artificielle en milieu de travail. Ainsi, avec plusieurs collègues de la Faculté des arts et des sciences et de Mila – l’Institut québécois d’intelligence artificielle –, nous avons créé un certificat et trois microprogrammes. Et c’est un grand succès; dès la première année, nous avons eu 150 inscriptions et nous en sommes aujourd’hui à 300. Cette expérience consolide le rôle d’innovation de la FAC et son rôle de fédératrice des expertises au sein de l’Université.
Qu’entend-on par innovation universitaire? À quoi fait-on référence concrètement et comment cette orientation se traduit-elle dans l’offre de formation et l’accompagnement des adultes apprenants?
Pour la FAC, soutenir l’innovation universitaire, ça veut dire anticiper les besoins en formation de demain, prendre des risques, expérimenter et demeurer agile.
C’est dans l’ADN de la faculté de faire preuve d’innovation. L’École de criminologie est par exemple issue de la vision de l’un de ses chargés de cours; Les Belles Heures sont une création de la faculté tout comme la reconnaissance des acquis expérientiels et les baccalauréats par cumul.
Nous innovons dans les contenus de nos formations, en matière de compétences acquises, tout comme dans nos modalités d’enseignement. Avant la pandémie, un seul programme et une trentaine de cours étaient offerts à distance. Aujourd’hui, ce sont 25 programmes qui peuvent être suivis entièrement à distance et 75 % de notre offre de cours est disponible en ligne. Nous ne basculerons jamais complètement dans le virtuel, mais il reste que notre population adulte trouve plus facile de concilier le travail, la famille, la vie personnelle et les études en suivant des cours de soir et en ligne.
Nous sommes déterminés à offrir des programmes interdisciplinaires et interfacultaires novateurs au profit de notre population étudiante et qui sait si nous ne favoriserons pas l’émergence de nouvelles formations pouvant être reprises par d’autres.