Cancers pédiatriques et mortalité: de l'espoir grâce à la médecine de précision

Le cancer reste la principale cause de décès par maladie chez les enfants.

Le cancer reste la principale cause de décès par maladie chez les enfants.

Crédit : Thinkstock.

En 5 secondes

L'implantation de la médecine de précision pour les cancers pédiatriques au CHU Sainte-Justine apporte de l’espoir pour les enfants et adolescents ayant un cancer difficile à traiter.

Cinq années après sa mise sur pied au service des enfants et adolescents du Québec, l’équipe de TRICEPS du CHU Sainte-Justice a pu faire la démonstration qu’il était possible de mettre en place un programme de recherche en médecine de précision en oncologie pédiatrique, comme le décrit un article fraîchement publié dans la revue JAMA Network Open.

En moyenne, 300 enfants et adolescents meurent d’un cancer chaque année au Canada, un chiffre d’autant plus insoutenable qu’il peut être traduit en 15 000 années de vie perdues annuellement. En effet, même si les progrès de la médecine moderne ont permis de réduire radicalement le taux de mortalité associé aux différents cancers pédiatriques, depuis 20 ans les progrès stagnent; une frange non négligeable d’environ 20 % des cancers pédiatriques défie les thérapies existantes et se révèle encore fatale. En fait, le cancer reste la principale cause de décès par maladie chez les enfants.

Le défi relevé par TRICEPS

Daniel Sinnnett

Crédit : CHU Sainte-Justine

C’est pour s’attaquer à ces cancers réfractaires que le CHU Sainte-Justine a mis sur pied, en 2014, le projet TRICEPS, qui permet de trouver des avenues thérapeutiques autres pour les enfants et adolescents chez qui le traitement standard ne fonctionne pas (cancer réfractaire) ou qui font une rechute.

À la suite d’une évaluation de sa faisabilité, le projet TRICEPS, en collaboration avec les autres centres d’oncologie pédiatrique québécois, a été ouvert à l’ensemble de ces enfants et adolescents du Québec. L’une des clés de ce programme de médecine de précision est la mise en commun des équipes et des experts de pointe de ces établissements connus pour leur excellence en soins pédiatriques afin d’intervenir très vite auprès de ces enfants dont les jours sont souvent comptés.

L’importance du profilage génomique dans le diagnostic et le traitement des cancers pédiatriques est reflétée dans la décision récente de l’Organisation mondiale de la santé de classer ces tumeurs en fonction de «leurs altérations génétiques plutôt que par type de tumeur large», explique Daniel Sinnett, directeur scientifique du programme TRICEPS, professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire François-Karl Viau en oncogénomique pédiatrique au CHU Sainte-Justine.

Il ajoute: «Les thérapies ciblées seront probablement plus efficaces lorsqu'elles seront appliquées à des anomalies spécifiques dans les cellules tumorales. Nos résultats montrent que la médecine de précision pour les tumeurs pédiatriques peut maintenant être une réalité.»

À ce jour, 84 patients ont été enrôlés dans l’étude, dont des patients ayant des tumeurs hématologiques, des tumeurs solides et au cerveau. Chez 87 % des patients, l’analyse a détecté des anomalies génomiques, ce qui nous a permis d'améliorer la prise en charge des sujets, soit par un meilleur suivi de la maladie résiduelle, une reclassification de la maladie, ou par l’application d’une thérapie ciblée ou encore pour guider le traitement et déterminer des options pour une thérapie ciblée personnalisée future. Ces solutions de rechange thérapeutiques sont dites «personnalisées», car les actions proposées seront différentes pour chaque patient, puisque les altérations peuvent être différentes d'un cancer à l'autre et d'une personne à l'autre pour un même type de cancer. Les découvertes peuvent mener à proposer une thérapie dite «ciblée», car elle cherche à bloquer (ou contourner) spécifiquement l'action des gènes qui entraînent la progression du cancer.

Vers l’avenir

Ces résultats encourageants galvanisent les troupes de TRICEPS, dont la plus grande ambition est de voir cette possibilité de traitement offerte à tous les jeunes malades dont le cancer résiste aux traitements et même plus largement à tous les jeunes atteints d’un cancer. Il sera alors possible d'envisager un meilleur avenir pour les enfants et adolescents aux prises avec un cancer difficile à traiter.

L’équipe de TRICEPS tient à remercier les organismes et partenaires qui ont permis de poursuivre les travaux sur la santé infantile, dont la Chaire François-Karl Viau en oncogénomique pédiatrique, la Fondation CHU Sainte-Justine, la Fondation Charles-Bruneau ainsi que le ministère de l'Économie et de l'Innovation du Québec.

À propos du CHU Sainte-Justine

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine est le plus grand centre mère-enfant du Canada et le 2e plus important centre pédiatrique d'Amérique. Il est membre du grand réseau d'excellence en santé de l'Université de Montréal (RUIS). Il compte 5 457 employés dont 1 532 infirmiers et infirmières auxiliaires et 1 000 professionnels en soins, 520 médecins, dentistes et pharmaciens, 822 résidents et plus de 204 chercheurs, 411 bénévoles, 4 416 stagiaires et étudiants de toutes disciplines. Le CHUSJ comprend 484 lits dont 67 au Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME), seul centre dédié exclusivement à la réadaptation pédiatrique au Québec. L'Organisation mondiale de la santé a reconnu le CHU Sainte-Justine « hôpital promoteur de la santé ».

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