Santé psychologique des étudiants: l’UdeM passe à l’action

La campagne Ça va aller, lancée en janvier 2019, sensibilise les étudiants à la santé psychologique et à la stigmatisation par le biais d'affiches, de murales, des médias sociaux et d’un site Web.

La campagne Ça va aller, lancée en janvier 2019, sensibilise les étudiants à la santé psychologique et à la stigmatisation par le biais d'affiches, de murales, des médias sociaux et d’un site Web.

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Des moments d’angoisse, de vertige ou de détresse, ça peut arriver à tout le monde. Afin de mieux soutenir ses étudiants, l’UdeM a mis sur pied différents projets et activités.

En 2016, le National College Health Assessment sondait 43 780 étudiants d’universités canadiennes pour connaître l’état de leur santé psychologique. Les données révélèrent que, au cours des 12 mois précédents, 44 % d’entre eux avaient ressenti des symptômes de dépression.

Toujours en 2016, l’UdeM et la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) menaient l’enquête Ça va?, à laquelle 10 000 étudiants ont répondu. Sa principale conclusion: 75 % des participants disaient souhaiter améliorer leur santé psychologique, tandis que 50 % rapportaient avoir eu des symptômes dépressifs de modérés à graves en cours d’année. Consciente de la situation, l’UdeM a agi concrètement pour accompagner les étudiants qui vivent des épisodes difficiles et pour les aiguiller vers les bonnes ressources en cas de besoin.

En décembre 2016, un comité de travail composé de plusieurs intervenants de la communauté universitaire, dont les Services aux étudiants (SAÉ) et la FAÉCUM, déposait un rapport contenant plusieurs pistes d’action. Quelques-unes se sont matérialisées sous la forme, notamment, du projet Pairs aidants, du Réseau sentinelles, du Défi Soi et de la campagne Ça va aller.

Le projet Pairs aidants

Valérie Boucher

Règle générale, les étudiants préfèrent d’abord recevoir le soutien de leurs amis ou de leurs proches lorsqu’ils ne se sentent pas bien émotionnellement plutôt que de consulter un professionnel de la santé. C’est pour répondre à ce besoin que le projet Pairs aidants a vu le jour, d’abord à la Faculté de droit, puis à la Faculté des sciences infirmières (FSI), à la Faculté de médecine et à l’École de santé publique. Il s’agit d’un programme offert par et pour des étudiants: un pair aidant est présent dans un local à certaines heures pour accueillir un collègue souhaitant parler de son état émotif, pour lui offrir une écoute et au besoin pour le diriger vers des professionnels et des ressources accessibles sur le campus.

Par exemple, à la FSI, le projet s’est mis en branle en janvier 2018, à la suite du recrutement de 11 étudiants pairs aidants qui ont suivi une formation de 12 heures donnée par deux psychologues du Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP).

«Les pairs aidants sont aussi sollicités de façon informelle, que ce soit lors d’activités organisées par le programme ou à d’autres moments où ils fréquentent leurs collègues, indique la professeure Christine Genest, qui a participé à l’élaboration du projet à la FSI, de concert avec le CSCP. Globalement, ils ont permis à environ 200 étudiants de bénéficier de ces rencontres.»

Les pairs aidants de la FSI peuvent aussi compter sur le soutien de la chargée de cours Valérie Boucher, qui coordonne le projet. Son bureau jouxte d’ailleurs le local des pairs aidants et elle peut intervenir en cas d’urgence.

 «Au cours de mon doctorat à l’UdeM, je me suis intéressée à ce phénomène de détresse et j’en ai fait mon sujet de recherche: maintenant, je peux aider à désamorcer cette détresse. C’est gratifiant de voir que des interventions et des consultations peuvent permettre aux étudiants de retrouver un bien-être», dit Valérie Boucher.

Le Défi Soi

Nicolas Bergeron, étudiant de troisième année au baccalauréat en kinésiologie et ambassadeur du Défi Soi l’automne dernier.

Crédit : Nicolas Bergeron

Mis sur pied en novembre 2017, le Défi Soi se déroule chaque trimestre. Pendant quatre semaines, les étudiants sont invités à explorer une facette du bien-être: émotionnelle, physique, sociale et spirituelle. À l’hiver 2018, les 400 étudiants inscrits au Défi ont ainsi reçu chaque semaine une infolettre avec sept suggestions d’actions liées au thème de la semaine. Ces suggestions, qui laissent place aux idées personnelles, viennent avec une mise en contexte et quelques explications quant à leur importance.

Le but est d’amener les étudiants à accomplir des actions très simples associées aux différents aspects du bien-être afin qu’ils voient ce qui leur plaît, ce qui leur plaît moins et ce qui procure un mieux-être. Et à partager leurs bonnes actions quotidiennes avec les membres du groupe Défi Soi sur Facebook pour créer un effet de soutien collectif.

Nicolas Bergeron, étudiant de troisième année au baccalauréat en kinésiologie, a été ambassadeur du Défi Soi l’automne dernier. «J’ai expérimenté des gestes simples, dit-il, mais qui peuvent mener à des changements immédiats et à long terme. J’ai réalisé que, malgré les périodes de stress, c’est important de s’offrir du temps pour soi: le plus dur est de commencer, mais ça permet de trouver un certain équilibre et ça fait du bien!»

Des sentinelles, éclaireurs sur le campus

Ema Ferreira, vice-doyenne aux études de premier cycle à la Faculté de pharmacie et sentinelle.

En octobre 2018, l’Université a créé un réseau de sentinelles: ce sont des employés de l’UdeM qui sont formés et se rendent disponibles pour accueillir les étudiants en détresse, les écouter et les orienter vers la ressource dont ils ont besoin, le tout bénévolement. Dès sa première année, le réseau a réuni plus de 90 sentinelles qui sont présentes partout sur les campus de l’UdeM, dont Laval et Saint-Hyacinthe et les résidences étudiantes.

Ema Ferreira, vice-doyenne aux études de premier cycle à la Faculté de pharmacie, fait partie de ce premier groupe de sentinelles. «Par la fonction que j’occupe, je crois que j’étais devenue au fil des années une sentinelle naturelle, sans vraiment m’en apercevoir, souligne-t-elle. Aujourd’hui, je porte officiellement ce titre et je trouve fantastique de faire partie d’une grande équipe qui a à cœur le bien-être des étudiants.»

La formation offerte aux employés sentinelles est assurée par Suicide Action Montréal et par deux psychologues de l’équipe du CSCP.

Campagne Ça va aller

Initiative découlant de l’enquête Ça va?, la campagne Ça va aller a été lancée en janvier 2019, conjointement par les SAÉ et la FAÉCUM. Première en son genre et présente sur l’ensemble des campus de l’UdeM, cette campagne de sensibilisation à la santé psychologique et à la stigmatisation est menée sous forme d’affiches et de murales, au moyen des médias sociaux et d’un site Web. Elle propose des activités et différents messages destinés à briser le silence et la solitude.

«Les résultats de l’enquête de 2016 montrent que la grande majorité d’entre nous traversons une période difficile à un moment ou à un autre de notre parcours universitaire, et c’est normal que ça arrive», commente le secrétaire général sortant de la FAÉCUM, Matis Allali.

«Cette campagne permet aussi de mettre en valeur le filet de sécurité que nous avons instauré par l’entremise des différents services, programmes et activités destinés à aider les étudiants qui vivent de la détresse psychologique», ajoute Claire Benoit, directrice générale des SAÉ.

Des ressources utiles aux étudiants

Les étudiants peuvent par ailleurs profiter d’activités et d’ateliers sur des thèmes tels la gestion du stress, le sommeil, la maîtrise des émotions et la saine alimentation. Et devant l’augmentation des demandes de services en santé mentale, le Centre de santé et de consultation psychologique a facilité l’accès à ses services en effectuant plusieurs embauches; désormais son équipe compte 55 psychologues.

L’an dernier, près de 13 500 consultations individuelles se sont déroulées au CSCP.

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