Trois questions à Samuel Rainville, agent de liaison en soutien à la communauté étudiante autochtone

Samuel Rainville

Samuel Rainville

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Il voulait travailler à l’international, mais il a choisi d’oeuvrer auprès des Premières Nations : portrait de Samuel Rainville, agent de liaison en soutien à la communauté étudiante autochtone.

Lorsqu’il a quitté la Ville de Québec pour s’établir à Montréal il y a un an, Samuel Rainville ne savait pas qu’il allait tomber sur son job de rêve. Lorsqu’il a vu l’offre d’emploi de l’Université de Montréal, le profil recherché correspondait en tous points à ce qu’il souhaitait faire.

Et, depuis près de cinq mois, l’Innu de Pessamit est agent de liaison en soutien à la communauté  étudiante autochtone, au sein des Services aux étudiants (SAÉ) de l’Université de Montréal.

À ce titre, il est responsable des activités du Salon Uatik, mis sur pied il y a cinq ans par l’UdeM et qui a permis de créer un réseau d’étudiants autochtones, en plus de leur offrir de consolider plusieurs activités afin qu’ils puissent s’épanouir pleinement tout au long de leurs études.

Samuel Rainville a bien voulu nous parler de son rôle et des aspirations qu’il nourrit dans son nouveau poste, à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, qui est célébrée le 21 juin, et ce, depuis 1996.

Cette journée spéciale permet de souligner le patrimoine unique, la diversité culturelle et les réalisations des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Jour du solstice d’été, la date du 21 juin a été choisie puisque pendant des générations, de nombreux groupes et collectivités autochtones ont célébré leur culture et leur patrimoine lors du jour le plus long de l'année.

Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir agent de liaison en soutien à la communauté étudiante autochtone?

Le développement international et l’aide humanitaire m’ont toujours intéressé et j’ai fait mon baccalauréat en études internationales et langues modernes, à l’Université Laval.

Après mes études, mon objectif était de travailler à l’international et, un jour, avant de partir à l’étranger faire de l’aide humanitaire, ma mère m’a dit : «Tu n’as pas besoin de faire le tour du monde pour aider les autres; on a aussi besoin d’aide ici».

C’est resté dans ma tête!

À mon retour, je me suis dit que je pouvais effectivement apporter mon aide ici, au Québec. Je me suis tourné vers mes origines avec le désir d’aider les membres des communautés autochtones, de propulser les initiatives provenant des Premières Nations.

Il y a beaucoup à faire dans nos communautés autochtones, où le décrochage scolaire est un défi important. Beaucoup de jeunes des premières nations ne parviennent pas à obtenir un diplôme de cinquième secondaire… Heureusement, on voit de plus en plus d’autochtones se rendre à l’université.

Quel rôle jouez-vous à ce titre et que souhaitez-vous accomplir?

Essentiellement, je coordonne les activités du Salon Uatik – qui veut dire tanière, en innu! C’est  le lieu de rencontre pour la communauté étudiante autochtone. Je vois, par exemple, à l’invitation de conférenciers autochtones.

J’organise aussi des activités culturelles, telle la 5e édition de MITIG, la semaine culturelle autochtone de l’UdeM qui aura lieu cette année du 9 au 13 septembre 2019, avec une activité spéciale pour souligner l’équinoxe le 23 septembre!

J’accompagne aussi tous les étudiantes et étudiants autochtones de l’UdeM qui en ont besoin, et je m’assure qu’ils ont accès aux différents services de soutien aux études.

Enfin, je veux favoriser la création de liens solides entre les membres de la communauté étudiante autochtone, et montrer que l’université est un lieu où les étudiants peuvent s’affirmer fièrement en tant qu’Autochtones.

Quelle est la réalité des étudiants autochtones de l’UdeM?

L’un des premiers mandats qui m’a été confié a été de réaliser un portrait de la population étudiante autochtone. Globalement, l’UdeM a accueilli une cinquantaine d’étudiants autochtones au cours des trimestres de l’automne 2018 et de l’hiver 2019. Ils proviennent principalement des nations innue, atikamekw, crie, micmaque, squamish, anishinabeg, abénakise et inuite.

C’est un portrait qui est toutefois incomplet : les étudiants peuvent s’identifier comme appartenant à l’une des premières nations, mais ce n’est pas obligatoire et tous ne souhaitent pas nécessairement être identifiés comme autochtone.

Il va sans dire que le profil de chaque étudiant est différent d’une nation à l’autre. Néanmoins, il existe parfois différentes réalités entre ceux qui sont issus de milieux urbains et ceux qui proviennent des régions. Ces derniers ont parfois plus de difficultés à s’intégrer et à s’adapter au début : c’est un gros défi pour certains de quitter leur communauté, puis d’être exposés à la différence.

En parallèle, les étudiants allochtones ont, eux aussi, un rôle à jouer dans l’intégration de leurs collègues autochtones! La première chose consiste à s’informer sur les Premières Nations, car il existe plusieurs mythes et stéréotypes à déconstruire… Pour devenir un allié, la première étape est de s’intéresser à leurs cultures, à chercher à comprendre d’où ils viennent!

Il reste encore beaucoup de choses à accomplir dans le grand processus de la réconciliation, mais l’Université de Montréal a réalisé plusieurs bons coups à ce chapitre :

  • la déclaration de reconnaissance des territoires autochtones sur lesquels l’Université de Montréal est érigée, qui est lue au début des activités institutionnelles telles les collations de grades;
  • le Salon Uatik, ouvert il y a près de cinq ans, est aussi l’une des plus belles initiatives car elle permet aux étudiants d’avoir un lieu où ils peuvent côtoyer des collègues ayant un vécu similaire;
  • les formulaires d’admission qui intégreront dès cet automne les 11 langues autochtones maternelles du Québec;
  • les cours de langues innues donnés au Centre de langue de la Faculté des arts et des sciences qui connaissent un succès grandissant
  • et, enfin, un tout nouveau site Internet intitulé Place aux Premiers Peuples – un portail global offrant une grande vitrine autochtone sur le campus!

Je souhaite aussi partager aux membres des communautés autochtones du Québec que l’Université de Montréal peut être une option intéressante pour eux, qu’elle permet la poursuite des études dans le respect de la réalité autochtone et dans un milieu inclusif.