Une formation pour des interventions optimisant le développement des enfants en difficulté
- Forum
Le 6 janvier 2020
- Martin LaSalle
Les professionnels des divers réseaux engagés auprès des enfants vulnérables ont accès à une formation sur mesure à l’UdeM, axée sur une approche écosystémique des besoins relatifs au développement.
Le Centre de développement professionnel PRAXIS de la Faculté des arts et des sciences (FAS) de l’Université de Montréal offre une formation destinée aux professionnels et intervenants qui travaillent auprès des enfants vulnérables basée sur l’action intersectorielle pour le développement des enfants et leur sécurité (AIDES).
Depuis 2004, l’initiative AIDES vise à soutenir les démarches de collaboration entre les enfants, les parents et les intervenants des divers réseaux pour favoriser le développement optimal des enfants qui présentent des difficultés.
Deux des instigatrices du projet ‒ la professeure émérite Claire Chamberland, de l’École de travail social de l’UdeM, et Danielle Lessard, qui assure la coordination de l’initiative AIDES depuis le début ‒ nous parlent de l’origine de cette démarche scientifique et des avancées récentes.
À cet égard, notons que Mmes Chamberland et Lessard présentaient, le 8 janvier, l’initiative AIDES aux membres de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, présidée par Régine Laurent.
Qu’est-ce que l’initiative AIDES et comment a-t-elle vu le jour?
Il s’agit d’un modèle d’intervention sociale prometteur qui a pour mission de favoriser et de soutenir les démarches de collaboration entre les parents et les intervenants de divers réseaux engagés auprès d’enfants âgés de 0 à 17 ans qui grandissent en contexte de vulnérabilité et dont des besoins sont à combler.
Le projet AIDES vise la mise en place des pratiques et des services professionnels intégrés à partir d’une analyse systématique des besoins des enfants, ainsi que la participation active des parents dans l’analyse des besoins de leur enfant et la réponse à ces besoins. Il s’appuie également sur la collaboration des différentes organisations en lien avec les familles, qu’il s’agisse des services de santé et de services sociaux, des milieux de garde, des organismes communautaires, scolaires et municipaux, de soutien à la famille et autres.
L’initiative AIDES est une adaptation québécoise que nous avons élaborée à partir du modèle britannique de soutien aux enfants ayant des besoins en matière de développement, qui a fait l’objet d’études scientifiques dont les résultats ont été positifs en ce qui a trait au développement de l’enfant, à l’expérience des parents et à leur participation engagée, ainsi qu'à l’établissement d’actions concertées des intervenants du milieu.
En somme, la démarche AIDES souhaite contribuer à la promotion d’une culture pro-enfant en mobilisant la communauté autour de son cadre d’analyse.
Comment vous êtes-vous intéressées à cette approche?
En 2002, de retour d’une expérience de plus de six ans avec le Centre jeunesse de Montréal, le doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’époque, Joseph Hubert, nous a considérablement soutenues dans la recherche d’un modèle d’intervention social centré sur le développement des enfants grandissant en contexte de vulnérabilité. Cela a permis de constituer une équipe encore très active actuellement.
Nous nous sommes inspirées du modèle britannique Children in Needs, nous l’avons adapté, puis expérimenté en contexte québécois. Deux recherches ont été menées en collaboration avec d’autres chercheurs de l’Université de Montréal, l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’Université du Québec en Outaouais et l’Université de Sherbrooke. Ces études ont mis en évidence des résultats positifs pour l’enfant, ses parents et son environnement familial.
À la suite des premières recherches, nous avons conçu, en 2012, des formations et amélioré les outils d’intervention s’y rattachant. Depuis, l’équipe AIDES, en partenariat avec des milieux de pratique, continue d’élaborer des outils de transfert ‒ notamment un jeu d’intervention basé sur les principes véhiculés par AIDES pour soutenir la parole d’enfants âgés de trois à huit ans.
Aujourd’hui, 14 territoires de centres intégrés et de centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux implantent la démarche AIDES grâce à des formateurs et multiplicateurs régionaux et provinciaux.
Pourquoi promouvoir l’approche AIDES?
Parce qu’elle fonctionne! Nous sommes persuadées que, en formant davantage d’intervenants qui à leur tour seront en mesure de former leurs collègues, nous parviendrons non seulement à éviter des drames, mais aussi à permettre aux enfants en difficulté de mieux s’en sortir dans la vie!
Transmettre les fondements de l’initiative AIDES, c’est se donner collectivement les moyens de s’occuper de nos enfants en difficulté en tenant compte des besoins de chacun!
Nous avons d’ailleurs obtenu du financement du ministère de la Santé et des Services sociaux pour pérenniser la démarche et l’enseigner à un plus grand nombre d’intervenants.
Et fait à noter l’initiative AIDES a connu une expansion internationale, notamment en France et en Suisse. Nous sommes allées y donner des formations auprès de personnes qui agiront à titre de multiplicateurs dans leur pays et dans la francophonie!
Quel est le rôle de PRAXIS dans l’offre de formation?
Le Centre de développement professionnel PRAXIS de la FAS est un véhicule appréciable de la pérennisation de la démarche AIDES. Il est le dépositaire de l’ensemble des contenus de formation ‒ qui existent en français et en anglais ‒ que nous avons élaborés au fil des années. L’équipe de formateurs que nous avons mise sur pied est en mesure de transmettre les contenus afin que tous les intervenants basent leur analyse et leurs interventions concertées sur un langage commun que les parents et les familles pourront comprendre.
Les formations offertes sont d’une durée de trois ou cinq jours, selon l’option désirée et les résultats souhaités. Les intervenants formés deviennent des multiplicateurs et nous leur offrons un suivi de six mois après leur formation afin d’optimiser le transfert des connaissances.
Quels messages avez-vous livrés à la commission Laurent?
Nous insisterons sur le fait que le cadre d’analyse écosystémique des besoins en matière de développement des enfants devrait servir de référence commune pour tous les acteurs qui travaillent avec les enfants et leurs parents, car il a le potentiel de:
• faciliter et structurer les communications entre l’enfant, ses parents et les différents partenaires concernés par son développement, son bien-être et sa sécurité;
• favoriser la complémentarité des rôles, le partage des responsabilités ainsi que la cohérence des actions envers chaque enfant et sa famille.
Pour ce faire, le cadre de référence et ses principes devront être diffusés le plus largement possible dans tous les territoires du Québec. Une attention particulière et soutenue devra être accordée à l’implantation des conditions de réussite dans tous les secteurs concernés ‒ santé et services sociaux, réseaux de garde, organismes communautaires familiaux, milieux scolaires, etc.
Des secteurs peu sollicités devrait être encouragés à faire partie des solutions et des plans d’action, notamment les services de santé et de services sociaux destinés aux adultes ‒ toxicomanie, violence conjugale, santé mentale ‒, le logement, les transports, les loisirs ou encore les organisations visant l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et des parents.