La communauté universitaire rend hommage au recteur Guy Breton
- Forum
Le 25 mai 2020
- François Guérard
Le recteur Guy Breton, qui quittera son poste le 1er juin après avoir dirigé l'UdeM pendant 10 ans, a reçu des centaines de messages de remerciement de la communauté universitaire.
Il a été le visage et la voix de l’Université de Montréal pendant 10 ans, un ardent promoteur du rôle du savoir dans la société, un administrateur énergique et courageux, un bâtisseur de campus, un capitaine rassurant en temps de crise, un patron apprécié qui savait reconnaître le travail de ses collaborateurs et collaboratrices. C’est le portrait du recteur Guy Breton qui se dessine à travers les quelques centaines de mots de remerciement reçus de la part des membres de la communauté universitaire sur le site Au revoir, monsieur Breton! Le recteur quittera son poste le 1er juin, après avoir effectué deux mandats qui ont été riches en réalisations de toutes sortes.
Les messages, qui seront tous remis à Guy Breton dans les jours à venir, font avant tout état des qualités personnelles du recteur. Les mots rassembleur et inspirant ont été abondamment utilisés pour décrire ce médecin radiologiste devenu professeur, fils d’enseignants de Saint-Hyacinthe.
La professeure émérite Louise Nadeau a relevé son «indomptable motivation à faire mieux pour l’intérêt général des étudiants et étudiantes, du personnel et de la population générale». D’autres ont souligné sa grande écoute et son intérêt sincère pour les autres, saluant au passage la création en 2012 des Prix du recteur, qui ont récompensé au fil des années des dizaines de membres du personnel de l’Université s’étant distingués dans leur travail et dans la communauté.
Nouvel étudiant en 2019, Riccardo Chmielowiec se souvient d’avoir rencontré le recteur lors du traditionnel petit déjeuner de la rentrée. «Vous auriez pu rester loin, parmi votre équipe immédiate. Au lieu de cela, avec une belle humilité et une vraie classe, vous êtes venu vers nous et nous avez tendu la main», raconte-t-il.
De grandes réalisations
Sous la direction de Guy Breton, l’Université de Montréal a réalisé plusieurs avancées historiques. Ainsi, la campagne de financement Campus Montréal, menée de 2012 à 2017, s’est conclue par un résultat spectaculaire: 601 M$, un record dans le monde universitaire francophone. À cette somme s’est ajouté en 2018 un don testamentaire inégalé de 15 M$ de l’ancien ministre péquiste Guy Joron. Le recteur Breton restera actif dans le domaine de la philanthropie, puisqu’il a créé avec son épouse, Andrée, un fonds capitalisé pour soutenir les innovations pédagogiques en vue de faciliter le passage à l’UdeM des étudiants du collégial.
Autre grand succès: l’obtention en 2016 d’une somme de 93 M$ du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, la plus grosse subvention de recherche jamais accordée à l’Université. Un gain qui a renforcé considérablement sa crédibilité dans le secteur naissant de l’intelligence artificielle. À la demande du gouvernement québécois, le recteur a d’ailleurs coprésidé un comité d'orientation chargé de mettre en place un écosystème en intelligence artificielle, qui attire aujourd’hui de nombreux talents et des investissements à Montréal.
Avec l’aménagement du Complexe des sciences et du campus MIL sur une ancienne gare de triage à Outremont, le recteur Breton a piloté le plus important projet de développement de l’UdeM depuis la construction du campus de la montagne, dont la première phase a été inaugurée en 1943.
Il a toujours insisté pour faire du campus MIL une vitrine de l’université citoyenne, un concept qui lui est cher. Le lieu a été ouvert aux résidants des environs avant même la fin des travaux; ils ont pu venir y cultiver une parcelle de terrain et participer à des activités scientifiques ou culturelles. Et le centre L’extension, qui a récemment emménagé sur le nouveau campus, offre des services d’éducation et de santé aux enfants du quartier Parc-Extension et bientôt à d’autres enfants de milieu défavorisé.
Évoquant la pandémie de COVID-19, plusieurs personnes ont rappelé que Guy Breton avait misé juste en 2013 avec la création de l’École de santé publique (ESPUM). «En ces temps de pandémie, tout le monde réalise l'importance de disposer d'une santé publique forte et efficace. Vous avez eu la vision de croire en l'ESPUM et je suis convaincu que la société tout entière en tirera des bénéfices à court et à long terme», a indiqué le vice-doyen Régis Blais.
Le constable du Bureau de la sûreté Sylvain Turcotte a par ailleurs félicité le recteur pour la façon dont il a géré, «avec compétence et lucidité», cette crise sans précédent pour l’Université. D’autres ont suggéré que la transformation institutionnelle, cette vaste démarche qui invitait à une collaboration accrue entre les diverses facultés et unités, n’était pas étrangère à la bonne résilience de l’établissement en ces temps difficiles. L’Université s’est effectivement «revirée sur un 10 cennes», selon les propres mots du recteur, pour offrir ses cours à distance en fin de parcours du trimestre d’hiver.
Une vision pour l’Université
«Je garderai en tête vos propos. Parmi ceux-ci, il y a: Pour obtenir des réalisations ambitieuses, il faut des objectifs ambitieux!» a écrit la professeure Catherine Régis. Des ambitions, Guy Breton en avait beaucoup, notamment en matière de développement durable, les mesures dans ce domaine s’étant multipliées au cours de ses deux mandats. Le conseiller à la biodiversité de l’Université, Alexandre Beaudoin, l’a signalé dans son message. «Nos avancées sur la question ont de quoi faire rougir les autres universités et cela n'aurait pu être possible sans votre appui.»
On a salué l’audace de Guy Breton, qui osait se lancer dans des projets qui auraient rebuté plus d’un recteur. «Si les Bibliothèques de l’UdeM ont pu tenir tête à l’oligopole des grands éditeurs commerciaux, ouvrant ainsi la voie aux autres grandes universités de ce monde, c’est grâce à une solide équipe de direction menée par un leader courageux», a déclaré l’ancien directeur général des bibliothèques Richard Dumont.
De son côté, le secrétaire général Alexandre Chabot a relevé le courage du recteur dans le dossier de la modernisation de la Charte de l’Université, qui accroît notamment la présence des personnes diplômées au sein de ses instances. «Ce que vous avez fait là est probablement l’un de vos plus importants legs», a-t-il dit, rappelant qu’aucune mise à jour des grands principes de gouvernance de l’établissement n’avait été entreprise depuis la laïcisation de l’UdeM en 1967.
L’archiviste Michel Champagne a même comparé le recteur de l’époque, Roger Gaudry, à Guy Breton. «Vous avez amené l’Université de Montréal ailleurs, comme il l’avait fait en son temps», a-t-il mentionné.
Guy Breton a toujours fait une grande place à la promotion de la langue française, ce qui lui a valu d’être décoré de l’Ordre des francophones d’Amérique en octobre dernier. Les huit membres de l’équipe du Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie, qu’il a créé en 2014, ont rendu hommage au recteur dans un message collectif: «Votre vision et votre générosité ont donné à notre langue une impulsion déterminante pour lui assurer un bel avenir au sein d’une université forte, dynamique et innovante, ouverte sur le monde, engagée socialement, tricotée serré et plus que jamais unie par le français.»
Une figure publique
Au cours de ses deux mandats, Guy Breton a également accordé beaucoup d’importance à la communication, un fait qui a été presque unanimement souligné dans les messages reçus. Le recteur apparaissait régulièrement dans les médias. Il a prononcé plus de 2000 allocutions, parfois devant des centaines de personnes, et publié quelque 200 textes d’opinion dans les journaux et sur son blogue. L’automne dernier, il a fait paraître Les carnets du recteur, un recueil de ses billets. «Vous avez donné des ailes “médiatiques” à cette grande université qui mérite qu'on lui assure la plus belle des visibilités pour montrer ce qui se passe dans ses murs en recherche, en formation et en organisation du travail», a indiqué Caroline Renaud, nouvellement retraitée de la Faculté des études supérieures et postdoctorales.
Le dernier mot revient au successeur de Guy Breton, Daniel Jutras. «Merci, M. Breton, de l’extraordinaire dévouement dont vous avez fait preuve depuis 10 ans. Merci aussi de m’avoir accueilli avec autant de générosité et d’avoir créé un espace de transition aussi convivial malgré les soubresauts historiques que nous vivons maintenant. J’aborde ma portion du relais avec une longueur d’avance grâce à vous!» a-t-il écrit.