Échanges avec le recteur: «La mission universitaire est essentielle à l’essor du pays»
- UdeMNouvelles
Le 28 février 2025
- François Guérard
Le recteur Daniel Jutras s’est entretenu avec les membres de la communauté de l’UdeM le 26 février.
Les craintes liées aux perturbations politiques et économiques depuis l’élection américaine ainsi que les restrictions du nombre d’étudiants étrangers pouvant être admis à l’Université ont été au cœur des Échanges avec le recteur, qui se sont tenus à l’agora Morris-et-Rosalind-Goodman du pavillon Jean-Coutu. Le recteur, Daniel Jutras, avait convié les membres de la communauté de l’Université de Montréal à échanger avec lui au cours d’une assemblée publique. La rencontre est disponible en rediffusion.
D’entrée de jeu, le recteur a abordé les inquiétudes exprimées par plusieurs membres de la communauté quant à l’incertitude engendrée par l’arrivée de la nouvelle administration à Washington et ses répercussions au pays. «Comme un peu tout le monde, j’assiste aux évènements avec une certaine anxiété. C’est difficile à absorber», a-t-il confié. Selon lui, la meilleure réaction est la mobilisation de la communauté universitaire. Il a cité en exemple les récents efforts de l’UdeM pour tirer parti de ses partenariats de recherche en Europe et les interventions médiatiques de membres du corps professoral, qui contribuent à la construction d’une vision porteuse pour le pays.
Selon Daniel Jutras, le moment est propice pour sensibiliser le public à l’importance de la mission universitaire pour l’essor de nos communautés. La crise actuelle met en lumière certaines failles de notre économie, et les universités sont particulièrement bien placées pour proposer des solutions en matière de formation des professionnels et d’innovation technologique et sociale.
Ce sujet est d’autant plus crucial, a poursuivi le recteur, que nous assistons, un peu partout sur la planète, au déclin de la crédibilité de plusieurs institutions publiques, y compris les universités. Ce thème était d’ailleurs au centre de sa déclaration annuelle, qu’il a prononcée à l’Assemblée universitaire le 4 novembre. Il estime que le monde universitaire doit se faire entendre au-delà de son propre milieu. «Nous devons être capables d’expliquer à nos concitoyens et concitoyennes ce que l’université représente pour la société, sachant qu’une partie importante d’entre eux ne fréquentera probablement jamais un établissement universitaire», a-t-il dit.
Quant aux conséquences d’un éventuel ralentissement de l’économie canadienne sur les emplois à l’UdeM, Daniel Jutras s’est voulu rassurant. «Nous maintenons un équilibre budgétaire fragile, mais néanmoins réel, a-t-il précisé. À l’heure actuelle, nous ne sommes pas du tout dans une situation préoccupante pour le personnel de l’Université et nous restons engagés à être un employeur de choix.»
L’Université explore également différentes options afin de privilégier l’achat de biens et de services à l’extérieur des États-Unis. Toutefois, il demeure très difficile de se passer de certains grands fournisseurs américains, notamment pour ce qui est des services infonuagiques, a admis le recteur.
Des entraves au recrutement à l’étranger
La question des quotas d’étudiants étrangers imposés aux universités par le gouvernement du Québec, qui faisait les manchettes le matin même, s’est rapidement imposée dans la discussion. Le recteur a déploré que cette nouvelle mesure, en plus de perturber la planification des admissions, porte atteinte à la réputation du Québec en tant que destination de choix pour les études. Dans ce dossier, l’Université ne lâchera pas prise, a confirmé Daniel Jutras. «Nous poursuivrons nos démarches auprès du gouvernement. Nous souhaitons entre autres que les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs soient exclus des quotas, car ils jouent un rôle essentiel dans nos activités de recherche», a-t-il affirmé.
Le recteur a rappelé que la création d’UdeM international en 2023 représente un atout majeur pour l’UdeM en matière de recrutement et de soutien aux étudiants étrangers: «Nous sommes probablement l’université la mieux outillée pour offrir un accompagnement personnalisé à nos étudiantes et étudiants venus de l’extérieur du pays.»
Une université en transformation
Daniel Jutras a fait état de l’avancement de deux grands chantiers structurants pour l’Université: le renforcement de la culture de la recherche et l’amélioration de l’expérience étudiante. L’UdeM est de retour cette année parmi les trois plus grandes universités de recherche canadiennes et déploie d’importants efforts pour maintenir son leadership dans ce domaine. Des actions concrètes ont été menées ces derniers mois, dont un travail de fond sur les données pour mieux cibler les efforts institutionnels, la mise en place d’un service de proximité visant à soutenir les chercheurs et chercheuses dans l’obtention de nouveaux fonds, un suivi accru de la progression des carrières professorales et un soutien renforcé aux étudiants et étudiantes des cycles supérieurs.
Par ailleurs, de nombreux efforts ont été fournis pour améliorer l’expérience étudiante, a-t-il ajouté. Le processus d’admission au premier cycle a été simplifié et de nouveaux parcours d’études favorisant l’engagement étudiant, la multidisciplinarité et l’entrepreneuriat ont été instaurés. La priorité des prochaines années sera d’améliorer la qualité de l’expérience en classe, notamment par l’adoption de nouvelles approches pédagogiques. «Nous puiserons dans la grande expertise que nous avons à l’Université pour mener une réflexion approfondie à ce sujet», a-t-il dit.
Les questions liées à la modernisation des infrastructures du campus de la montagne ont également été abordées. Le recteur a souligné le niveau de vétusté de plusieurs pavillons patrimoniaux et l’importance du programme de rénovation de plus d’un milliard de dollars entrepris par l’Université. La fin des travaux en cours au pavillon Roger-Gaudry est envisagée pour l’été 2026 en ce qui concerne le secteur ouest et pour 2027 pour le secteur est. Toutefois, d’autres travaux sur les campus seront à prévoir au fur et à mesure que le financement sera accordé, a-t-il précisé.