Traquer le facteur d'immortalité du cancer

Des scientifiques de l'UdeM ont utilisé des techniques de microscopie avancées pour traquer des molécules uniques de télomérase dans des cellules vivantes.

Des scientifiques de l'UdeM ont utilisé des techniques de microscopie avancées pour traquer des molécules uniques de télomérase dans des cellules vivantes.

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Des chercheurs de l’Université de Montréal découvrent comment une mutation cancéreuse clé active la télomérase, l’enzyme antiâge qui rend les cellules tumorales immortelles.

Pascal Chartrand

Crédit : Benjamin Seropian

Des chercheurs canadiens ont réalisé une première dans l'étude de la télomérase, une enzyme en cause dans le vieillissement et le cancer.

Dans l'édition d'aujourd'hui de la prestigieuse revue Molecular Cell, des scientifiques de l'Université de Montréal ont utilisé des techniques de microscopie avancées pour traquer des molécules uniques de télomérase dans des cellules vivantes.

Une faille dans la réplication des chromosomes fait en sorte qu'ils raccourcissent à chaque division cellulaire. Si rien n'est fait pour corriger cette erreur, la réplication s'arrête et les cellules entrent dans un état appelé sénescence, caractéristique du vieillissement. Normalement, la télomérase ajoute de l'ADN aux extrémités des chromosomes pour éviter ce problème, mais avec l'âge notre corps en produit moins.

Les cellules cancéreuses, en revanche, deviennent immortelles en réactivant la télomérase, permettant aux cellules de se diviser indéfiniment. Cette réactivation est parmi les premières étapes qui mènent les cellules vers le cancer, mais le processus reste mal connu. Si les chercheurs en savaient plus à ce sujet, ils pourraient offrir l'espoir d'une forme de thérapie pour le combattre.

Une équipe de l'Université de Montréal dirigée par Pascal Chartrand, professeur au Département de biochimie et médecine moléculaire, en collaboration avec la biologiste cellulaire Agnel Sfeir, du Skirball Institute de New York, a réussi à étiqueter la télomérase avec plusieurs molécules fluorescentes ultrabrillantes ‒ ce qui n'a jamais été fait auparavant.

«Grâce à cette percée technologique, nous avons observé que la télomérase sonde en continu les télomères, mais s'active aux extrémités des chromosomes en suivant un mode de liaison en deux étapes», a déclaré le biochimiste de l'UdeM Hadrien Laprade, qui, avec sa collègue Emmanuelle Querido, a mené les recherches expérimentales.

Dans leur étude, les scientifiques montrent également comment la mutation d'un facteur de régulation télomérique se traduit par un accès incontrôlé de la télomérase à l’extrémité des télomères, un phénomène qui favorise la tumorigenèse.

«Cette nouvelle technologie fournit désormais suffisamment de détails à l’échelon moléculaire sur le fonctionnement, dans la cellule, d'un acteur clé du cancer, une étape dans la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques pour contrecarrer son activité, a déclaré Pascal Chartrand. Cela pourrait prendre des années avant d'y arriver, mais c'est un premier pas important.»

À propos de l’étude

L’article «Single-molecule imaging of telomerase RNA reveals a recruitment-retention model for telomere elongation», par Hadrien Laprade, Emmanuelle Querido et leurs collaborateurs, a été publié en ligne le 3 juin 2020 dans Molecular Cell. L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (PJT-162156), l’Institut de recherche de la Société canadienne du cancer et une chaire de recherche du Fonds de recherche du Québec‒Santé et de la Hirschl-Weill-Caulier Foundation. Pascal Chartrand et Agnel Sfeir sont les premiers auteurs de l’étude, et Michael J. Smith, David Guérit, Hannah Crimmins, Dimitri Conomos et Emilie Pourret sont coauteurs.

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