Que faire de votre joueur trouble-fête?

  • Forum
  • Le 22 septembre 2020

  • Mathieu-Robert Sauvé
Même si le concept est connu dans le monde des sports d’équipe, la gestion de l’athlète «difficile» (on dit aussi en anglais bad apple ou cancer athlete) est peu étudiée scientifiquement.

Même si le concept est connu dans le monde des sports d’équipe, la gestion de l’athlète «difficile» (on dit aussi en anglais bad apple ou cancer athlete) est peu étudiée scientifiquement.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Un professeur de l’Université de Montréal collabore à une recherche sur le travail des entraîneurs face aux athlètes «difficiles» dans une équipe.

Jeffrey Caron

Les Montréalais ont encore en mémoire la scène télévisée qui oppose le gardien de but du Canadien Patrick Roy et son entraîneur Mario Tremblay lorsqu’il demande à quitter l’équipe durant le match du 2 décembre 1995. Quatre jours plus tard, il est envoyé à l’Avalanche du Colorado.

Faut-il se débarrasser du trouble-fête qui pose des problèmes à son entraîneur en mettant son autorité en cause et en contaminant l’esprit d’équipe? «Oui, dans certains cas, c’est malheureusement la seule solution», répond Jeffrey Caron, professeur à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal, qui signe, avec deux collègues montréalais, un article sur la gestion des athlètes difficiles dans la revue Psychology of Sport & Exercise.

Même si le concept est connu dans le monde des sports d’équipe, la gestion de l’athlète «difficile» (on dit aussi en anglais bad apple ou cancer athlete) est peu étudiée scientifiquement. C’est pourquoi Gordon Bloom, l’un des auteurs de l’article avec William Heelis, tous deux de l’Université McGill (ce dernier est l’entraîneur-chef de son équipe masculine de hockey), a voulu explorer la question. Ils ont recruté huit entraîneurs d’équipes de haut niveau et les ont interviewés dans le cadre d’entretiens semi-dirigés de 60 à 90 minutes.

«Mon rôle a été d’offrir une formation méthodologique qualitative à mes collègues et de les guider tout au long du processus de recherche, en particulier en ce qui concerne la préparation des entretiens et l'analyse des données», précise le chercheur de l’UdeM dont les travaux en psychologie du sport portent principalement sur les enjeux de santé mentale liés aux commotions cérébrales.

Huit entraîneurs d’expérience

Les huit participants à l’étude sont des entraîneurs de la Ligue canadienne de hockey qui possèdent au moins huit ans d’expérience derrière le banc. Tous ont été aux prises avec des athlètes difficiles.

Le sport d’équipe repose sur un effort commun qui peut être ruiné ou sérieusement compromis par l’attitude d’un seul individu qui, pour différentes raisons, entrave le travail du personnel d’encadrement. Des études antérieures ont permis de mesurer que certains entraîneurs pouvaient consacrer 80 % de leur temps à gérer 20 % de leurs joueurs, soulignent les auteurs de l’article.

Les chercheurs parviennent à la conclusion que les entraîneurs qui repèrent rapidement les athlètes à problème sont ceux qui obtiennent le plus de succès. Ils cherchent alors à améliorer leurs relations de confiance en précisant leurs attentes. «C’est important de faire en sorte que tous les joueurs comprennent bien la culture de l'équipe et la respecte», commente Jeffrey Caron.

Les auteurs concèdent que la supervision d’athlètes difficiles «exige beaucoup de patience, d’introspection et d’intelligence émotionnelle de la part de l’entraîneur». Il ne faut pas hésiter à mettre dans le coup les autres joueurs, y compris le capitaine et les assistants, pour trouver des solutions qui conviennent à l’équipe.

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