Les filles gagnent à faire du sport
- Salle de presse
Le 29 septembre 2020
- UdeMNouvelles
Les activités sportives parascolaires dans la phase intermédiaire de l'enfance peuvent réduire les symptômes de TDAH à l'adolescence chez les filles, mais pas chez les garçons.
Selon une nouvelle étude canadienne publiée dans la revue Preventive Medicine, les filles (mais non les garçons) qui participent de façon régulière à des activités sportives à l'école durant la phase intermédiaire de l'enfance ont moins de symptômes associés au trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) à l'adolescence. «Les filles qui pratiquent régulièrement des sports parascolaires entre 6 et 10 ans présentent moins de symptômes de TDAH à 12 ans que celles qui en font plus rarement», indique Linda Pagani, professeure à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal.
«Étonnamment, les garçons ne semblent pas tirer le même avantage comportemental de la pratique soutenue du sport durant la phase intermédiaire de l'enfance», ajoute Mme Pagani, qui a dirigé cette étude corédigée par ses étudiantes Marie-Josée Harbec et Geneviève Fortin, et par Tracie Barnett, professeure agrégée de médecine à l'Université McGill.
Durant la préparation de l'étude, «nous ne savions pas vraiment à quel point une activité physique structurée pouvait être profitable aux enfants présentant des symptômes de TDAH, mentionne Linda Pagani. La qualité des études antérieures variait énormément, ce qui ne permettait pas d'établir un lien clair entre le sport et le développement comportemental. De plus, ces recherches ne tenaient pas compte du fait que les manifestations du TDAH diffèrent entre les garçons et les filles».
Le TDAH nuit à la capacité de l'enfant de traiter l'information et d'apprendre à l'école, explique la professeure Pagani. Le sport aide les jeunes à acquérir des habiletés essentielles et à nouer des relations de solidarité avec d'autres enfants et des adultes. Il leur donne l'occasion de s'organiser sous la supervision ou l'influence d'un adulte.
La pratique extrascolaire du sport et le bien-être psychologique
«En termes de santé publique, la pratique extrascolaire du sport peut être un moyen positif, non stigmatisant et stimulant de promouvoir le bien-être psychologique et, par conséquent, être considérée comme une thérapie comportementale pour les jeunes atteints d’un TDAH», affirme Mme Pagani.
Elle poursuit: «Le sport est particulièrement bénéfique lorsqu'il est pratiqué dès la petite enfance. Comme la concentration et les habiletés interpersonnelles sont des éléments incontournables du sport, nous avons entrepris, dans notre étude, d'examiner s'ils favorisent une réduction des symptômes du TDAH à long terme.»
Linda Pagani et son équipe sont parvenues à leurs conclusions après avoir examiné des données portant sur une cohorte d'enfants nés entre 1997 et 1998 et tirées de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec, coordonnée par l'Institut de la statistique du Québec.
Les parents des 991 filles et des 1006 garçons de l'étude devaient indiquer si leurs enfants avaient participé à des activités physiques parascolaires supervisées par un entraîneur ou un instructeur entre l'âge de 6 et 10 ans. À 12 ans, les enseignants devaient évaluer le comportement de ces enfants comparativement à celui de leurs camarades de classe. L'équipe de Mme Pagani a ensuite analysé les données pour repérer tout lien significatif entre une participation soutenue à ces activités et les symptômes de TDAH ultérieurs, en éliminant de nombreux facteurs de confusion.
«Nous souhaitions écarter les problèmes de santé préexistants chez ces enfants ou leurs familles susceptibles de biaiser nos résultats», dit Linda Pagani.
Qu’en est-il des garçons?
«Dans l'enfance, les garçons qui ont un TDAH sont plus impulsifs et développent davantage leurs habiletés motrices que les filles. Par conséquent, ils sont plus enclins à être médicamentés. Un diagnostic et un traitement plus précoces chez les garçons durant la période intermédiaire de l'enfance pourraient réduire les effets positifs détectables du sport, estime Mme Pagani. Ces effets sont peut-être présents, mais plus difficiles à déceler.»
«Chez les filles, en revanche, le TDAH passe plus souvent inaperçu ‒ et les difficultés des filles peuvent être plus tolérées à l'école et à la maison. Les parents de garçons, à l'inverse, ont davantage tendance à les inscrire à des activités sportives ou d'autres activités physiques pour les aider.»
Linda Pagani souligne que «les activités sportives ont de nombreux autres bienfaits sur la santé mentale des enfants. Toutefois, en ce qui concerne la réduction des symptômes de TDAH, les sports pratiqués dans la phase intermédiaire de l'enfance à l'école semblent avoir un effet plus notable chez les filles».
C'est pourquoi il pourrait être avantageux d’intégrer des activités parascolaires structurées exigeant des habiletés et un effort physiques, effectuées sous la supervision d'un entraîneur ou d'un instructeur, à toute politique officielle visant à favoriser le développement comportemental des jeunes, soutiennent les chercheuses de l'UdeM.
«Les activités sportives pratiquées dans la petite enfance peuvent aider les filles à développer des habiletés sociales essentielles qui leur serviront plus tard et joueront, à terme, un rôle clé dans leur réussite personnelle, financière et économique», conclut Mme Pagani.
À propos de cette étude
L'étude «Childhood exercise as medicine: Extracurricular sport diminishes subsequent ADHD symptoms», de Linda Pagani et ses collaborateurs, avec le concours de feu Frédéric Nault-Brière, a été publiée le 29 septembre 2020 dans la revue Preventive Medicine.
Ces travaux ont été soutenus par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et d'autres bailleurs de fonds, dont la Fondation Lucie et André Chagnon, l'Institut de la statistique du Québec, les ministères québécois de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, de la Famille ainsi que de la Santé et des Services sociaux, l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail et le CHU Sainte-Justine.
Relations avec les médias
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Julie Gazaille
Université de Montréal
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