L’avenir des orthèses plantaires passe par l’impression 3D
- Forum
Le 26 octobre 2020
- Martin LaSalle
L’impression 3D permettra de fabriquer des orthèses plantaires encore plus personnalisées, et le candidat au doctorat Gauthier Desmyttere contribue de façon innovante à cet avènement.
Le marché des orthèses plantaires est florissant, avec des revenus atteignant les 3,5 milliards de dollars dans le monde, dont 25 millions au Québec.
Et la possibilité de les fabriquer à l’aide d’imprimantes 3D, plutôt que par des techniques traditionnelles qui entraînent des modifications manuelles, permettra de produire des orthèses mieux adaptées aux pieds des patients.
Candidat au doctorat à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal, Gauthier Desmyttere en a fait la démonstration en testant l’effet de la rigidité de deux prototypes d’orthèses et de stabilisateurs fabriqués par impression 3D, avec la collaboration du laboratoire orthopédique Medicus.
Un équilibre entre rigidité et confort
Pour ce faire, 15 personnes en santé ont été recrutées pour une évaluation biomécanique de la marche sur tapis roulant, auxquelles on a fait porter des orthèses dans leurs souliers, avec et sans stabilisateurs. Un système de capture du mouvement et un système embarqué de capteurs de pression ont été utilisés afin d’évaluer l’effet de la rigidité et du design des orthèses sur le mouvement.
«La mesure de la rigidité est importante, car elle permet de mieux contrôler la pronation du pied. Augmenter la rigidité pourrait ainsi s’avérer bénéfique pour des personnes ayant une pronation excessive», explique Gauthier Desmyttere.
«Toutefois, plus on accroît la rigidité de l’orthèse, plus on augmente les points de pression plantaire, poursuit-il. C’est pourquoi il faut trouver un juste équilibre pour optimiser à la fois la rigidité et le confort pour l’usager.»
Une orthèse adaptable et sur mesure
Les résultats ont démontré que l’ajustement de la rigidité des orthèses obtenu par impression 3D permet de maximiser le soutien du pied.
Et le design de l’orthèse s’avère innovant: il permet d’insérer ou d’enlever des stabilisateurs d’arrière-pied.
«C’est une petite révolution, car auparavant les stabilisateurs faisaient partie intégrante du design des orthèses sur mesure, ajoute M. Desmyttere. Les cliniciens pourront ainsi mieux adapter leur approche en cours de traitement.»
De fait, si les procédés traditionnels de fabrication permettent de personnaliser les orthèses plantaires, ces méthodes s’avèrent coûteuses en temps pour le clinicien. La production des orthèses au moyen de l’impression 3D sera non seulement plus rapide, mais aussi plus précise et reproductible, les rendant parfaitement adaptées à la dynamique de marche ou de course.
«Les orthèses sont créées et personnalisées dans un logiciel à partir d’une numérisation 3D du pied avant d’être envoyées à l’impression 3D, qui permet d’obtenir une personnalisation plus fine et d'ajouter des formes qu’il était impossible d’obtenir avant», spécifie celui dont les travaux sont supervisés par le professeur Mickaël Begon.
En plus de réduire les coûts de production, ce procédé automatisé permettra aux patients d’obtenir leurs orthèses beaucoup plus rapidement.
La prochaine étape? «Tester les orthèses sur des personnes qui éprouvent des troubles musculosquelettiques du membre inférieur», conclut Gauthier Desmyttere.