Les tourbières deviendront des émettrices de carbone d’ici la fin du siècle
- Forum
Le 7 décembre 2020
- Martin LaSalle
Les tourbières risquent de devenir d’importantes émettrices de carbone d’ici l’an 2100 en raison des activités humaines qui sont, entre autres, responsables du réchauffement climatique.
Plusieurs études menées au cours des dernières décennies ont révélé que les tourbières, qui ne représentent qu’environ 3 % de la surface continentale du globe, stockent le tiers du carbone du sol.
Or, ces tourbières ‒ dont certaines se trouvent dans la zone couverte par le pergélisol ‒ risquent de devenir d’importantes émettrices de carbone, qui entre dans la composition des gaz à effet de serre, d’ici la fin du siècle.
C’est ce qu’avancent 48 experts internationaux dans une évaluation de la vulnérabilité du puits de carbone mondial contenu dans les tourbières, qui vient de paraître dans la revue Nature Climate Change et à laquelle ont contribué les professeurs Oliver Sonnentag et Julie Talbot, du Département de géographie de l’Université de Montréal.
Après avoir évalué le cycle du carbone depuis l’Holocène jusqu’aux deux prochains siècles (-21 000 ans à l’an 2300), les auteurs soulignent surtout la nécessité d'intégrer les stocks et les flux de carbone des tourbières dans les modèles qui estiment la quantité totale de carbone à l’échelle du globe.
Ils indiquent notamment que l'intégration de la dynamique du pergélisol dans ces modèles «nécessite l'inclusion des tourbières, car ces dernières occupent environ 10 % de la zone nordique du pergélisol et représentent au moins 20 % des stocks de carbone du pergélisol».
Préserver les tourbières qui sont encore intactes
Actuellement, les émissions atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2) associées aux tourbières dégradées représentent de 5 à 10 % des émissions annuelles mondiales de CO2 attribuables aux activités humaines.
Mais les experts soutiennent que la situation risque de s’aggraver à plus long terme avec les changements climatiques, l’augmentation de la fréquence des sécheresses et celle qui en découle des incendies de forêt, mais aussi en raison de leur conversion en terres agricoles, particulièrement dans les tropiques.
«Même s’il y a beaucoup d’incertitudes quant au rôle des tourbières et des stocks de carbone qu’elles renferment, notre étude montre que, dans un contexte de changements environnementaux, il est primordial de préserver les tourbières qui sont encore intactes», concluent Julie Talbot et Oliver Sonnentag.