Les paniers de Noël au temps de la pandémie
- UdeMNouvelles
Le 9 décembre 2020
- Marilou Garon
L’Université de Montréal tient sa campagne des paniers de Noël pour la 26e année d’affilée, en dépit des défis qu’entraîne la pandémie.
Un mois de décembre «normal» verrait les bureaux de l’Action humanitaire et communautaire (AHC) de l’Université de Montréal grouiller de gens et d’activité. C’est le moment de l’année consacré à la Campagne des paniers de Noël, activité phare de l’AHC en vue d’aider les étudiants et étudiantes de l’Université en situation financière précaire. Cette campagne permet de distribuer quelque 500 paniers remplis de denrées et de bons d’achat. En cette année marquée par la COVID-19, les bureaux de l’AHC sont anormalement tranquilles, mais qu’à cela ne tienne: la Campagne des paniers de Noël bat son plein dans une version adaptée à la réalité de 2020.
«Dès le mois de mai, on savait qu’on se dirigeait vers une campagne virtuelle, sans distribution de denrées et sans équipe de bénévoles», raconte Martin Rioux, coordonnateur de la campagne pour l’AHC. Dans ce contexte, quoi mettre dans les paniers? L’équipe de l’Action humanitaire et communautaire a pensé à plusieurs possibilités, chacune comportant son lot de difficultés, allant de l’argent remis sous forme de bourses aux traditionnels bons d’achat des épiceries voisines du campus de Montréal.
Paniers garnis autrement, mais garnis néanmoins!
«La Campagne des paniers de Noël, ce n’est pas de l’argent, c’est de la nourriture, déclare Martin Rioux. On voulait vraiment conserver cet aspect-là de la Campagne.» Certes, l’essentiel de chaque panier sera en fin de compte composé de cartes-cadeaux des trois grandes bannières de supermarchés ainsi que de bons électroniques pour l’achat de livres destinés aux enfants. Mais puisque les étudiants et étudiantes doivent se déplacer sur le campus pour recevoir leur panier ‒ «on se voyait mal envoyer l’équivalent de 100 000 $ en cartes-cadeaux par la poste!» ‒, l’équipe de l’AHC a décidé de garnir chacun d’un modeste sac de denrées de base: sucre, sel, huile, tomates en conserve, riz et pâtes.
«C’est un peu symbolique, mais pour moi, c’est important de donner un petit quelque chose de plus et je pense que ce l’est également pour nos donateurs. Personne ne voulait faire venir des étudiants et étudiantes sur le campus pour leur remettre uniquement des cartes de plastique.» L’équipe a pris soin de sélectionner les produits en tenant compte des principes d’équité et de diversité, cherchant à fournir des ingrédients susceptibles d’être utilisés par tous les demandeurs, peu importe leur culture d’origine. «Au fil des années, nous avons reçu des commentaires de la part de bénéficiaires et nous avons compris que le beurre d’arachides n’était pas essentiel pour plusieurs!» se rappelle en riant Martin Rioux.
Des organisations étudiantes en renfort
Cependant, qui dit distribution de paniers de Noël sur le campus en pleine pandémie, dit mise en place d’un protocole sanitaire strict. «C’est alors qu’au mois d’octobre on s’est dit bingo! Il y a chez nous une organisation étudiante qui possède l’expertise nécessaire pour nous aider: la Banque alimentaire.» En effet, elle opère sans relâche depuis le début de la pandémie, fournissant chaque semaine une aide alimentaire à quelque 80 membres de la communauté étudiante. Elle possède donc le savoir-faire et ses opérations sont rodées, lui permettant de collaborer étroitement à la distribution des paniers. «Cette année, la Campagne des paniers de Noël de l’Université est rendue possible grâce à l’une de ses organisations étudiantes, la Banque alimentaire. N’est-ce pas un beau message?» se réjouit Martin Rioux.
Une autre organisation étudiante toujours en activité sur le campus, En vrac, a souhaité participer à l’effort de la Campagne. Elle ajoutera ainsi des fruits secs et des noix au contenu des paniers tout en demandant aux étudiants et étudiantes, mission oblige, d’apporter leurs propres contenants pour ces aliments en vrac!
Transformez votre bénévolat en dons
Aux nombreuses personnes employées et retraitées qui se sont manifestées en espérant pouvoir donner un coup de pouce à la Campagne, le message a été le suivant: cette année, transformez votre bénévolat en dons.
En effet, les activités de financement organisées par des bénévoles ainsi que la traditionnelle guignolée permettent habituellement d’amasser près de 25 000 $, un manque à gagner que l’Action humanitaire et communautaire espère combler en recueillant davantage de dons. «On a pris le temps d’écrire aux bénévoles des deux dernières années pour leur dire qu’on ne les oublie pas, qu’on leur est reconnaissants du temps qu’ils consacrent à la Campagne et qu’on va se revoir l’année prochaine. Notre bassin de bénévoles est précieux, on ne veut pas les perdre. Mais cette année, la meilleure manière de nous aider, c’est de faire un don.»
Un appel entendu par plusieurs membres du personnel, dont Chantal Gasse, employée retraitée des bibliothèques, Hélène Calvet, du Bureau des communications et des relations publiques, et Marie-Ève Blanc, de l’École de santé publique, qui ont troqué leur habituel engagement bénévole contre la sollicitation active de dons auprès de leurs collègues.
Une expérience qui portera ses fruits
En dépit de la pandémie, l’objectif de la Campagne demeure le même: remettre 500 paniers qui permettent de répondre aux besoins alimentaires des demandeurs et de leur famille pour une semaine. Toutefois, la quasi-absence d’étudiants et d’étudiantes sur le campus a grandement limité la capacité de joindre ceux et celles qui pourraient bénéficier d’une telle aide d’appoint. La visibilité qui passait par l’affichage, par les écrans UdeMTélé, par l’entremise des départements et par les boîtes de collecte sur les campus n’est pas au rendez-vous.
«On distribue les paniers dans un peu plus d’une semaine et, au moment où l’on se parle, je ne sais plus si j’aurai 100 paniers de trop ou 100 paniers en moins… J’avoue que j’en ai un peu le vertige!» mentionne celui qui voit au bon déroulement de la Campagne depuis maintenant 11 ans.
Malgré les imprévus de cette campagne inédite, Martin Rioux demeure convaincu qu’elle sera bonne. «J’irais même jusqu’à dire que la campagne de l’année prochaine sera encore meilleure que celles d’avant la COVID-19! La pandémie nous a forcés à trouver de nouvelles façons de travailler, à établir des discussions et des partenariats avec de nouveaux joueurs. Il en ressort des idées qui sont franchement intéressantes. Ce qu’on aura réussi à créer dans le contexte de la crise sanitaire sera assurément une plus-value pour les campagnes à venir.»