Le doyen Dubois veut faire de l’ESPUM une école «sans frontières»

  • Forum
  • Le 5 février 2021

  • Mathieu-Robert Sauvé
Carl-Ardy Dubois

Carl-Ardy Dubois

En 5 secondes

Le nouveau doyen de l’École de santé publique de l’UdeM, Carl-Ardy Dubois, présente ses orientations.

D’origine haïtienne – il est né et a grandi près de Cap-Haïtien –, le nouveau doyen de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), le DCarl-Ardy Dubois, est arrivé à Montréal en 1997. «J’étais venu me spécialiser en administration des services de santé en m’inscrivant à la maîtrise; je ne savais pas que j’allais entamer une relation si durable et si marquante avec l’Université de Montréal», rappelle-t-il. En moins de cinq ans, il effectue sa maîtrise puis un doctorat, ce qui l’amène à faire un stage postdoctoral à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Il est engagé entretemps à la Faculté des sciences infirmières de l’UdeM, qu’il quitte en 2017 pour devenir directeur du Département de gestion, d’évaluation et de politique de santé, le nouveau nom de l’unité qui l’avait accueilli 20 ans plus tôt.

À sa nomination au décanat de l’ESPUM le 9 novembre dernier, le recteur, Daniel Jutras, a souligné ses qualités multidisciplinaires. «Le DDubois allie une solide expertise en santé publique, une carrière de chercheur prolifique et un leadership fédérateur et bienveillant. Il a exposé une vision claire du développement de l’ESPUM, une faculté dynamique et engagée dans la communauté. La santé publique est un secteur dont la crise sanitaire actuelle nous a enseigné toute l’importance et j’ai confiance que, avec le DDubois à sa tête, l’ESPUM poursuivra son essor comme pôle d’enseignement et d’expertise dans le domaine.»

Le DDubois a accepté de répondre à nos questions.

Quels sont vos principaux défis comme doyen de l’École de santé publique?

Nous devons nous consolider comme structure organisationnelle et, en même temps, nous transformer pour répondre aux exigences d’un environnement qui change rapidement. Je m’explique. Fondée en 2013, l’ESPUM est une jeune école qui est déjà bien ancrée dans le monde universitaire. Cependant, pour réaliser notre ambition d’être une école d’avant-garde, nous devons poursuivre le travail de construction et devenir un incubateur des meilleures pratiques en matière d’enseignement, de recherche, d’expérience étudiante, de gestion des ressources humaines et matérielles. Nous devons davantage mettre à profit l’une de nos principales forces, qui est l’interdisciplinarité, pour optimiser nos partenariats. L’ESPUM a tous les atouts pour devenir un véritable carrefour de savoirs, d’expertises et d’initiatives au sein de l’Université.

Nous puisons déjà une bonne partie de notre effectif étudiant à l’étranger, mais nous sommes encore loin d’avoir atteint tout notre potentiel en ce qui a trait au rayonnement international. Nous souhaitons être une école sans frontières. Sur le plan de l’enseignement, cela doit se traduire tant par la diversification de nos bassins de recrutement que par nos capacités à mettre en œuvre de nouvelles stratégies d’internationalisation de nos programmes. Pour ce qui est de la recherche, cela s’exprime déjà par le rayonnement de nos professeurs et professeures, leur présence dans les grands rendez-vous scientifiques et leurs collaborations avec des équipes de l'extérieur du pays. Mais nous devrons miser davantage sur des partenariats stratégiques avec des agences internationales et d’autres établissements universitaires dans les pays autant du Nord que du Sud pour faciliter les maillages entre les membres du personnel enseignant et d’autres équipes à l'étranger.

Je ne voudrais pas omettre de mentionner l’autre défi qui nous est posé de renforcer l’ancrage de l’ESPUM dans son environnement immédiat. Je voudrais donc travailler à la mise en place d’un pôle de santé publique à Montréal, une forme de réseau qui permettrait de réunir diverses unités d’enseignement et de recherche, des agences gouvernementales et non gouvernementales, des organisations publiques et privées, de fédérer leurs contributions, de stimuler l’émergence de nouveaux projets structurants et collaboratifs. Ce modèle est à inventer dans son opérationnalisation, mais il offre la possibilité de miser sur une nouvelle grappe organisationnelle à Montréal pour des réponses plus adaptées aux enjeux actuels et futurs de santé publique.

Combien vous donnez-vous de temps pour réaliser vos objectifs?

On vise 2026. C’est l’horizon qu’on s’est donné pour réaliser ce plan ambitieux d’une école de santé publique sans frontières, bien ancrée dans son environnement, à l’avant-garde dans l’effort concerté qui doit être déployé pour faire face aux plus grandes menaces à la santé de notre temps, soit la progression des maladies chroniques non transmissibles, les inégalités socioéconomiques, les changements climatiques, l’émergence et la propagation rapide de nouvelles maladies infectieuses comme la pandémie que nous traversons.

La pandémie a-t-elle eu un effet sur la perception de la santé publique?

Oui, absolument. Bien qu’elle soit omniprésente dans divers aspects de notre quotidien, la santé publique restait encore un secteur méconnu du public et elle n’a pas toujours eu la place qu’elle mérite dans les priorités des politiques publiques.

Je me souviens par exemple de candidats et candidates qui se présentaient aux journées portes ouvertes de l’Université et qui n'avaient pas une idée exacte de ce que pouvait être la santé publique comme domaine de recherche ou de pratique. Je crois que la pandémie a permis à la population de mieux le comprendre.

Renouveler la préparation des prochaines générations de professionnels de la santé, toutes catégories confondues, est un des enjeux de l’après-pandémie. L’ESPUM est bien placée pour coordonner, avec d’autres facultés, la mise en œuvre d’un curriculum interprofessionnel couvrant divers enjeux liés aux crises sanitaires. Il faudra y intégrer les notions fondamentales de santé publique, bien sûr, mais aussi la sécurité du travail, la prévention et le contrôle des infections.

Je suis convaincu que l’intérêt pour la santé publique à la fois chez les décideurs politiques et dans l’opinion publique va durer. Il faut que cet intérêt renouvelé se traduise aussi par un réinvestissement des gouvernements. La santé publique doit être au cœur des projets de relance dans l’après-pandémie.