Greffe fécale et immunothérapie: un cocktail gagnant pour vaincre le mélanome?

Cette patiente, receveuse d’une greffe fécale, s’apprête à ingérer 40 capsules contenant des filtrats concentrés de matières fécales.

Cette patiente, receveuse d’une greffe fécale, s’apprête à ingérer 40 capsules contenant des filtrats concentrés de matières fécales.

Crédit : CHUM

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Pour la première fois au pays, une équipe du CRCHUM étudiera si la modification du microbiote intestinal par une greffe fécale alliée à l’immunothérapie sont efficaces contre le mélanome métastatique.

Le Dr Bertrand Routy

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Soutenu par une subvention de 1,5 M$ accordée au Dr Bertrand Routy par la Société canadienne du cancer, un premier essai clinique de phase I débute à l’Unité d’innovations thérapeutiques du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) auprès de patients atteints d’un mélanome métastatique. Mené par le Dr Routy et la Dre Rahima Jamal, l’essai a pour but de modifier le microbiote intestinal de ces personnes au moyen d’une greffe fécale. Ce traitement sera combiné avec une immunothérapie.

Au sein de cette unité dirigée par la Dre Jamal, des essais cliniques de phases I et II permettent à des patients en échec thérapeutique d’accéder à des traitements prometteurs, notamment en oncologie.

Dans un premier essai, 20 patients atteints d’un mélanome avancé participeront au projet de recherche pendant un an afin de démontrer à Santé Canada l’efficacité et la non-toxicité du traitement. Par la suite, un deuxième essai verra le jour où cette fois 120 patients qui souffrent d’un mélanome ou d’un cancer du poumon non à petites cellules seront recrutés sur quatre ans. Ils seront répartis en deux groupes pour comparer les résultats de deux traitements: la transplantation d’un microbiote fécal, aussi connue sous le nom de greffe fécale, associée à l’immunothérapie ou l’immunothérapie seule.

Imaginer l’arsenal anticancer du futur

La Dre Rahima Jamal

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Les patients atteints de cancer le savent: leur système immunitaire s’affaiblit. Ces dernières années, de nouveaux médicaments, appelés inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (ICI), leur ont redonné espoir en révolutionnant les thérapies ciblant le mélanome et le cancer du poumon. En clair, ce type d’immunothérapie active le système immunitaire pour tuer les cellules cancéreuses.

Malgré ces avancées, des réponses durables au traitement ne surviennent que chez une minorité de patients et la plupart des cancers réapparaissent.

Mais il y a de la lumière au bout du tunnel. Comme l’ont démontré de récentes percées scientifiques réalisées au CRCHUM, la composition du microbiote intestinal, composé de milliards de bactéries, peut influencer le fonctionnement du système immunitaire et la réponse d’un patient aux ICI.

L’équipe du Dr Routy a d’ailleurs contribué à montrer que le microbiote intestinal influe sur la réponse clinique des patients atteints d’un cancer du poumon ou d'un cancer du rein traités par les ICI.

En ce sens, la nouvelle étude du Dr Routy et de son équipe (spécialistes en immuno-oncologie, pathologie et bio-informatique) permettra de comprendre pourquoi certains patients ne répondent pas aux ICI et d’évaluer si la greffe fécale, combinée avec ce type d’immunothérapie, améliore les résultats cliniques chez ces patients.

À propos de cette étude

Ces travaux de recherche seront menés en collaboration avec les équipes de Saman Maleki et du DJohn Lenahan (London Health Sciences Centre) et celles du DWilson Miller (Hôpital général juif). La biobanque du mélanome du CRCHUM sera aussi mise à contribution.

L’Unité d’innovations thérapeutiques du CRCHUM est aux avant-postes de la recherche clinique précoce. Son objectif: offrir aux patients en échec thérapeutique des options de traitements novateurs en oncologie. Cette unité de 15 lits s’appuie sur une équipe de 23 personnes rattachée aux essais cliniques de phases I et II collaborant avec plus de 60 investigateurs.

En 2020, 8000 Canadiens ont reçu un diagnostic de mélanome et 1300 en sont morts (source: Société canadienne du cancer).

En 2020, 29 800 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer du poumon et 21 200 en sont décédés (source: Société canadienne du cancer). En 2018, l’Organisation mondiale de la santé a indiqué que le cancer du poumon était responsable de près de 2,1 millions de morts. 

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