L’IRIC: d’une vision vers une révolution!
- Forum
Le 27 avril 2021
- Martin LaSalle
Le recteur Daniel Jutras et le cofondateur de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal, Guy Sauvageau, ont lancé les Rendez-vous Audace 2021 de l’IRIC.
La première des trois conférences qui composent les Rendez-vous Audace – que l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal organise annuellement – a réuni, le 13 avril, le recteur de l’Université, Daniel Jutras, et le cofondateur de l’Institut et chercheur principal à l’Unité de recherche en génétique moléculaire des cellules souches, Guy Sauvageau, sur le thème «L’IRIC: d’une vision vers une révolution».
À cette occasion, ils ont échangé sur l’importance de l’étroite collaboration qui existe entre l’UdeM et l’IRIC d’une part et, d’autre part, entre l’IRIC et ses nombreux partenaires, et ils ont parlé de l’espoir créé par les dernières avancées en matière de recherche sur le cancer.
Voici un résumé des sujets qu’ils ont abordés au cours de cet échange, qui était animé par Catherine Cardinal, directrice des communications de l’Institut.
Dans quel contexte l’IRIC a-t-il vu le jour et quel rôle l’Université de Montréal a-t-elle joué dans sa mise sur pied?
Guy Sauvageau: Après avoir travaillé pendant huit ans à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, où j’ai beaucoup appris, il m’a semblé impératif de créer un centre de recherche consacré à l’endémie qu’est le cancer. Nous avons formé un comité de chercheurs originaires de différents pays.
À cette époque, les programmes fédéraux de financement débutaient et notre petit groupe a effectué des demandes de subvention tout en sollicitant l’Université de Montréal. En 2002-2003, le recteur de l’époque, Robert Lacroix, ainsi que l’Assemblée universitaire nous ont appuyés unanimement afin que l’IRIC soit implanté au cœur du campus de la montagne, dans le pavillon Marcelle-Coutu. Pendant toutes les années où j’ai dirigé l’IRIC, tous les recteurs qui se sont succédé ont mis les ressources qu’il fallait pour recruter les chercheurs et les étudiants postdoctoraux qui font évoluer la recherche sur le cancer à une vitesse phénoménale.
Daniel Jutras: Et cette étroite et fructueuse collaboration se poursuit! Sachant qu’un Canadien sur quatre meurt du cancer et que la maladie est la principale cause de décès chez les enfants, la lutte contre le cancer que mène l’IRIC est fondamentale. Je suis personnellement interpellé par cette lutte, puisque mes parents ont tous deux été atteints d’un cancer… L’Université de Montréal et l’IRIC sont bien outillés pour livrer cette bataille, notamment dans la recherche de traitements moins invasifs.
Justement, comment l’IRIC a-t-il agi pour faire avancer cette bataille?
Guy Sauvageau: Avant de créer l’IRIC, nous avons formé un comité de chercheurs d’ici et de différents pays à qui nous avons demandé quelle serait leur vision idéale d’un centre de recherche sur le cancer si nous partions d’une feuille blanche. Il en est ressorti qu’il fallait attirer des chercheurs ayant des expertises complémentaires, que ce soit en médecine, en ingénierie ou dans d’autres disciplines névralgiques.
Le comité a aussi recommandé que ce centre soit implanté sur un campus pour bénéficier des forces dans des domaines connexes, et l’Université de Montréal s’est avérée le lieu idéal avec ses départements de chimie, de physique, de mathématiques et de statistique, ses programmes de bio-informatique… Être sur le campus s’avérait crucial!
Daniel Jutras: C’est important de pouvoir faire appel aux experts lorsque vient le temps de s’attaquer à un problème bien précis. On le voit actuellement avec les vaccins et les thérapies contre la COVID-19, qui sont le fruit d’un travail de concertation entre les chercheurs, les gouvernements et le secteur privé, dont les entreprises pharmaceutiques, qui occupent une place importante.
Cette mobilisation à grande échelle constitue un changement fondamental sur le plan scientifique: il est essentiel de se mobiliser et de décloisonner les disciplines et, en cette matière, l’IRIC repose sur un modèle de recherche collaboratif tant à l’interne qu’avec d’autres centres de recherche et différents hôpitaux pour arriver à des résultats.
Comment fait-on pour attirer les meilleurs talents et les garder au Québec?
Daniel Jutras: Le talent entraîne dans son sillage les investissements… et le talent attire le talent! L’Université de Montréal est un établissement de calibre mondial et le mot se passe dans les réseaux de chercheurs. Et Montréal est aussi reconnue comme un lieu de recherche où l’on trouve des équipes et des plateformes qui sont à la fine pointe de la technologie, avec l’accès aux données et aux ressources.
L’Université a beaucoup progressé ces dernières années avec l’ouverture du Complexe des sciences, et d’autres installations sont à venir. L’IRIC constitue un pôle de talents qui attire les jeunes chercheurs qui pourraient travailler n’importe où dans le monde, mais dont la loyauté est remarquable!
Guy Sauvageau: Disposer de ressources à la hauteur de nos objectifs était aussi l’une des recommandations de notre comité d’origine. Cela implique un financement important et stable, ainsi qu’une expertise pour renouveler les technologies qui évoluent sans cesse.
Cette capacité d’évolution est utilisée de façon optimale par l’IRIC, et aussi par l’Université comme outil de formation. Notre parc technologique est un atout pour attirer les jeunes chercheurs qui fait l’envie de beaucoup de monde.
Comment parvient-on à convaincre les différents partenaires d’investir dans les projets de recherche et le fonctionnement de l’IRIC?
Guy Sauvageau: Il faut d’abord être convaincu soi-même et donner l’exemple en livrant des résultats. Nos projets de recherche – dont ceux que mènent avec passion Claude Perreault et Anne Marinier, pour ne nommer que ceux-là – portent leurs fruits et les résultats tangibles obtenus convainquent par eux-mêmes.
Daniel Jutras: C’est aussi en réunissant les conditions propices au succès qu’on parvient à convaincre. On ne peut prévoir le succès – la science ne fonctionne pas comme ça… Il faut donc financer la recherche fondamentale et la recherche appliquée, et pas seulement dans les domaines à la mode. Il faut un grand volume de recherches dans différentes disciplines qui s’appliquent à résoudre des problématiques complexes.
Le domaine de l’intelligence artificielle illustre bien cette situation: pendant plusieurs années, beaucoup de travail a été accompli dans l’ombre; il en est résulté des découvertes qui ont attiré l’attention d’IVADO, l’Institut de valorisation des données de l’UdeM, et conduit à la création de Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle. Aujourd’hui, nous avons une expertise incontestée en matière d’apprentissage profond. Nous avons soutenu cette recherche tandis qu’elle n’était pas populaire et elle s’avère à présent indispensable dans de nombreux champs d’activité.
Si l’apport financier des gouvernements est important et essentiel aux projets de recherche, il faut aussi souligner le rôle primordial que joue la philanthropie et l’effet de levier qu’elle procure.
L’IRIC a permis de grandes avancées, comme la molécule UM171 ou le vaccin du Dr Claude Perreault pour prévenir le cancer de l’ovaire… Que reste-t-il à réaliser?
Guy Sauvageau: Beaucoup de choses! Plusieurs travaux sont prometteurs, dont ceux de Pierre Thibault, spécialisé en protéomique et spectrométrie de masse, en collaboration avec le Dr Perreault, et ceux d’Anne Marinier, qui s’intéresse entre autres aux thérapies ciblées, notamment avec Sylvain Meloche et Marc Therrien… Et c’est grâce à des donateurs que ces projets ont pu être lancés.
Quel rêve nourrissez-vous pour l’avenir dans vos fonctions respectives?
Guy Sauvageau: Je souhaite la pérennité de l’IRIC, voir des gens bénéficier des travaux qu’on y mène et que les sciences fondamentales continuent d’évoluer. Et j’aimerais qu’un de nos chercheurs obtienne, un jour, un prix Nobel!
Daniel Jutras: Absolument d’accord pour le prix Nobel! Je souhaite aussi que ce que je réaliserai à titre de recteur fasse en sorte que les Québécoises et Québécois réalisent l’importance de notre université et qu’ils en tirent une grande fierté. Nos universités sont des joyaux qu’il ne faut pas tenir pour acquis.
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