L’UdeM souligne ses bons coups en recherche

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Les efforts des équipes de recherche de l’UdeM ont été célébrés le 12 mai à la cérémonie Bravo Recherche.

La cérémonie Bravo Recherche, qui s’est tenue virtuellement pour une deuxième fois, a rendu hommage aux acteurs de la recherche qui se sont particulièrement démarqués entre la fin de l’été et la fin de l’année 2020. Plus de 80 chercheuses et chercheurs se sont illustrés pendant cette période hors de l’ordinaire en obtenant ou en voyant se renouveler une chaire de recherche du Canada ou une chaire philanthropique. D’autres sont allés chercher des subventions de recherche majeures ou ont remporté un prix ou une distinction au Québec ou à l’étranger.

Si les travaux de certains chercheurs et chercheuses ont été mis en lumière pendant la cérémonie Bravo Recherche, d’autres ont retenu l’attention d’UdeMNouvelles, qui s’est entretenue avec ceux et celles qui les ont entrepris.

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Patricia Conrod - Département de psychiatrie et d’addictologie de la Faculté de médecine

Patricia Conrod a reçu une subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation et a été nommée membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé.

Patricia Conrod

Parlez-moi de votre projet qui a reçu un financement de 7,1 M$ du Fonds d’innovation de la Fondation canadienne pour l’innovation.

«C’est une subvention d’infrastructure qui nous permet de créer le Centre IMAGINE: Imagerie pour la santé mentale à travers l’âge, les gènes, les interactions, les neurones et l’environnement au CHU Sainte-Justine, précise Patricia Conrod. Ce financement vient confirmer le leadership mondial des chercheurs du centre hospitalier universitaire mère-enfant dans le domaine des troubles neurodéveloppementaux, comme le trouble déficitaire de l’attention et le trouble du spectre de l’autisme. Nous avions vraiment besoin de nouveau matériel pour mieux étudier les retombées des interventions psychosociales, pharmacologiques et de neuromodulation. L’équipement que nous achèterons permettra de mesurer ce qui se passe dans le cerveau avant la naissance et jusqu’à l’âge adulte. Nous travaillerons avec différents partenaires de l’industrie et d’autres centres de neuro-imagerie.»

Quelles sont vos grandes réalisations des dernières années qui vous ont aidée à obtenir ce financement et cette reconnaissance de l’Académie canadienne des sciences de la santé?

«J’ai mené plusieurs études sur le développement cognitif et neural chez l’adolescent qui démontrent que les profils neurocognitifs permettent de prédire qui sont les personnes les plus sensibles aux risques de troubles mentaux, indique la professeure Conrod. Ainsi, on peut réaliser des interventions cognitivocomportementales préventives pour aider ces jeunes à mieux gérer leurs risques neurocognitifs, comme l’impulsivité, la désinhibition, la sensibilité aux récompenses et les biais cognitifs quant à certains types d’information. C’est important parce que ces profils neurocognitifs sont associés aux risques de toxicomanie. Si l’on ne fait pas de prévention, les jeunes avec ces profils risquent de commencer à consommer de façon précoce, ce qui augmentera encore plus leur risque de toxicomanie.»

Peter Jacobs - École d’urbanisme et d’architecture de paysage de la Faculté de l’aménagement

Peter Jacobs a reçu la Médaille du Gouverneur général en architecture de paysage et a été nommé membre de l’Ordre du Canada. 

Peter Jacobs

Quelles sont les réalisations qui vous ont permis de recevoir la Médaille du Gouverneur général en architecture de paysage?

«Je crois que c’est en grande partie parce que j’ai représenté le Canada auprès de la Fédération internationale des architectes paysagistes pendant neuf ans et pour ma carrière de professeur et chercheur à l’UdeM, affirme Peter Jacobs. J’ai supervisé une quinzaine d’étudiants et d’étudiantes au doctorat, une trentaine à la maîtrise avec mémoire et plus d’une centaine au premier cycle professionnel dans la réalisation de leur projet de fin d’études. J’ai été parmi les premiers à enseigner l’architecture de paysage, en 1969, à l’UdeM, qui est la seule école du genre au Québec et la seule francophone en Amérique du Nord. C’est en travaillant comme architecte à l’aménagement de sites et de pavillons thématiques pour l’Expo 67 que j’ai décidé de bifurquer vers l’architecture de paysage. Je suis alors retourné à l’Université Harvard faire une deuxième maîtrise. J’ai enseigné durant 44 ans à l’UdeM et au cours de cette période, j’ai été professeur invité à la Graduate School of Design de Harvard et dans plusieurs universités en Amérique latine, en Europe et en Asie. De plus, comme président de l’Association des architectes paysagistes du Canada, j’ai fait beaucoup de conférences à travers le pays. Je crois que c’est l’aspect cumulatif de mon travail qui m’a permis d’obtenir ce prix, qui m’est arrivé comme une surprise: je ne savais pas qu’on avait proposé ma candidature!»

Qu’en est-il de l’Ordre du Canada?

«Je pense que c’est pour les mêmes raisons, mais qu’il faut ajouter ma participation à plusieurs initiatives environnementales au Canada, précise celui qui a été formé au départ en sciences, en génie civil et en beaux-arts. Notamment, j’ai été président du Comité de consultation publique sur l’état de l’environnement au Canada de 1980 à 1990. De plus, j’ai travaillé presque 40 ans dans le Grand Nord, surtout au Nunavik, comme président de la Commission de la qualité de l'environnement Kativik. J’ai aussi été président de la consultation sur l’avenir du détroit de Lancaster en Arctique en 1980: c’était l’une des rares fois à l’époque où l’on avait demandé aux Inuits de se prononcer. J’ai siégé comme commissaire à plusieurs audiences publiques du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, en plus de passer une vingtaine d’années à l’Office de consultation publique de Montréal. Je suis actuellement président du Conseil du patrimoine de Montréal, où nous avons beaucoup travaillé ces dernières années sur plusieurs bâtiments de valeur patrimoniale, la nouvelle place des Montréalaises ainsi que la conservation et la mise en valeur des parcs La Fontaine et du Mont-Royal. C’est un plaisir de travailler avec des collègues qui sont excessivement engagés, intelligents et conviviaux.»

Isabelle Archambault - École de psychoéducation de la Faculté des arts et des sciences

Isabelle Archambault a été nommée membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada. 

Isabelle Archambault

Pourquoi avez-vous obtenu cette reconnaissance?

«C’est pour l’ensemble de mes travaux, mentionne Isabelle Archambault, qui vient également d’être élue au conseil du Collège de la Société royale du Canada. Ils portent sur le bien-être et la réussite des jeunes, particulièrement ceux en situation de vulnérabilité ou marginalisés. Je travaille beaucoup avec les jeunes issus de milieux défavorisés ou de l’immigration, ou qui présentent des problèmes de santé mentale. Je cherche par exemple à mieux comprendre les facteurs associés au bien-être et à la réussite de ces jeunes pour établir de nouvelles pratiques plus équitables et inclusives avec des partenaires, comme des organismes communautaires, des écoles et des ministères, ici et à l’étranger.»

Pouvez-vous nous donner des exemples de vos projets?

«Nous avons un projet financé par le Réseau réussite Montréal sur des camps de francisation et de socialisation pour des jeunes nouvellement arrivés au Canada, signale la chercheuse. À l’école, ils sont en classe d’accueil pour apprendre le français, mais l’été, ils n’ont pas nécessairement accès à des camps en raison des défis linguistiques ou faute de moyens ou d’information quant aux possibilités. Nous voulons éviter qu’ils perdent leurs acquis l’été alors que d’autres jeunes de milieux plus favorisés vivent de nombreuses expériences d’enrichissement. Dans nos travaux, nous essayons de comprendre quelles sont les conditions gagnantes pour que les camps d’été de socialisation et de francisation fonctionnent, notamment en matière d’accompagnement et de formation des animateurs et responsables. Nous cherchons aussi à voir comment d’autres camps non destinés particulièrement à de jeunes immigrants pourraient mettre en place des conditions gagnantes pour permettre à des jeunes issus de l’immigration récente à travers le Québec de vivre des expériences ludiques de socialisation et d’apprentissage du français.

«J’ai aussi en chantier des projets à l’extérieur du Canada. En Tunisie, nous travaillons à un système pour mieux cibler les jeunes à risque de décrochage scolaire, comprendre leurs besoins et intervenir auprès d’eux. Nous collaborons avec l’UNICEF, le ministère de l’Éducation en Tunisie et une équipe française. Nous nous inspirons d’un système créé ici par mon collègue Michel Janosz et qui a aussi été implanté en France. Nous avons dû adapter le système au contexte tunisien. Nous sommes dans les dernières étapes du projet pour que, ultimement, il soit mis en œuvre à travers la Tunisie.»

Yashar Hezaveh - Département de physique de la Faculté des arts et des sciences

Yashar Hezaveh a obtenu la Chaire de recherche du Canada en analyse des données d’astrophysique et l’apprentissage machine.

Yashar Hezaveh

Parlez-moi de vos réalisations qui vous ont amené à obtenir cette chaire de recherche du Canada.

«Je suis arrivé à l’UdeM à l’automne 2019, raconte Yashar Hezaveh. Avant, j’étais à l’Université Stanford, en Californie, où j’ai commencé en 2017 à faire l’analyse de données d’astrophysique avec l’apprentissage automatique. Ce n’était pas populaire à l’époque; nous avons publié un article dans Nature sur le sujet et, depuis, le domaine a explosé. Traditionnellement, pour l’analyse de données, on utilisait des méthodes statistiques qu’on avait adaptées à l’astrophysique. On comparait les données avec des simulations pour comprendre différents processus dans l’Univers. Ça permettait d’avoir une précision très intéressante, par exemple pour mesurer la distribution de la matière noire dans l’Univers et déterminer ses propriétés. Mais maintenant, les nouveaux télescopes produisent un volume extraordinaire de données et il devient trop complexe de les analyser avec les méthodes traditionnelles. L’apprentissage automatique permet d’y arriver avec beaucoup plus d’exactitude et, surtout, avec une vitesse fortement accrue.»

Quels sont vos projets de recherche à venir?

«L’observatoire Vera-C.-Rubin, un télescope américain situé au Chili, commencera à produire des données dans deux ou trois ans et il pourra photographier le ciel entier en trois nuits. Il produira 15 téraoctets de données chaque nuit, pendant 10 ans, alors on aura besoin de l’apprentissage automatique pour les analyser. Pour travailler sur ce projet, nous avons obtenu deux millions de dollars de Schmidt Futures. Je fais équipe avec la professeure Laurence Perreault Levasseur, qui est à Mila [l’Institut québécois d’intelligence artificielle], et nous sommes en train de constituer un groupe de recherche pour réaliser ce travail colossal.»

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