Ciaran Murphy-Royal, chasseur de stress dans les «étoiles» du cerveau

  • Forum
  • Le 14 septembre 2021

  • Martin LaSalle
Ciaran Murphy-Royal

Ciaran Murphy-Royal

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Le professeur Ciaran Murphy-Royal s’affaire à découvrir comment réduire le stress sur les astrocytes – des cellules du cerveau en forme d’étoile – pour atténuer les risques de dépression.

Évoluant dans le sillon tracé par Hans Selye, Ciaran Murphy-Royal se consacre à la recherche sur le stress dans une «niche» jusqu’ici inexplorée, soit le mécanisme par lequel les astrocytes – des cellules gliales du cerveau en forme d’étoile – répondent au stress et influencent la plasticité des synapses.

Son but ultime est de découvrir de quelle façon il serait possible de prévenir ou traiter la dépression en agissant directement sur le stress qui affecte ces cellules non neuronales.

Professeur adjoint au Département de neurosciences de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal depuis la session d’hiver, Ciaran Murphy-Royal s’est consacré – à titre de chercheur principal au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) – à la mise en place de son laboratoire et au recrutement des membres de son équipe.

De Dublin à Montréal en passant par Bordeaux et Calgary

Irlandais d’origine, M. Murphy-Royal s’est passionné pour la science dès l’école secondaire. La biologie et la chimie étant ses matières de prédilection, il s’inscrit en 2006 au Trinity College, à Dublin, où il obtiendra son baccalauréat quatre ans plus tard en physiologie humaine. Déjà curieux du fonctionnement du cerveau, il effectue un stage d’été à l’Institut des neurosciences de son alma mater, ce qui l’incite à entreprendre des études doctorales.

Souhaitant poursuivre sa formation auprès des professeurs et chercheurs reconnus en neurosciences tout en apprenant une autre langue, il part pour l’Université de Bordeaux. «Je me suis d’abord familiarisé avec la langue en suivant des cours du soir. Je ne vous cacherai pas que les deux premiers mois passés dans le laboratoire où personne ne parlait anglais ont été très difficiles, mais au bout de six mois, j’étais presque bilingue!» raconte-t-il.

Il décroche donc son doctorat en 2014, après avoir appris la culture d’astrocytes purs dans un laboratoire de l’Université de Ljubljana, en Slovénie, au cours de l’année précédente.

Toujours en 2014, il choisit d’effectuer des recherches postdoctorales à l’Université de Calgary afin de se consacrer plus particulièrement au rôle des astrocytes dans la neurotransmission en situation de stress.

Dans l’intervalle, il collabore à des travaux menés à l’Université de Californie à Los Angeles, où il réalise le séquençage de l’ARN spécifique aux astrocytes.

Et comment arrive-t-il dans la métropole québécoise?

«Montréal est un endroit où la recherche en neurosciences est très avancée et je voulais être parmi les meilleurs. Et d’un point de vue plus personnel, ma femme et moi souhaitions nous rapprocher de l’Europe pour faciliter nos visites dans nos familles et nous avons trouvé que Montréal était l’endroit idéal! relate Ciaran Murphy-Royal. Ma conjointe est gestionnaire de données dans une équipe du CRCHUM spécialisée dans les troubles psychiatriques et la toxicomanie, et nous sommes heureux de vivre ici avec nos deux enfants âgés de 4 ans et de 18 mois.»

Chercher au microscope une solution à un problème macroscopique

Un astrocyte, une cellule du cerveau en forme d'étoile

Crédit : P. Magistretti, Institut de Physiologie, UNIL, Lausanne, tirée de la galerie d'images de l'Alliance EUropéenne Dana pour le Cerveau (EDAB)

Auteur et coauteur d’une douzaine de publications scientifiques, le nouveau professeur a donné des cours de maîtrise en homéostasie gliale depuis son arrivée à l’UdeM, en plus de superviser des étudiants et étudiantes et de faire de la formation pratique en imagerie multiphotonique avec électrophysiologie. «Il s’agit d’un gros microscope sur table flottante, muni d’un laser multiphoton qui permet d’observer une cellule unique du cerveau en haute résolution et, grâce à des marqueurs fluorescents, on peut voir ce qui se passe lorsqu’on lui cause un stress», résume-t-il.

Dans le cadre de son programme de recherche fondamentale, le professeur Murphy-Royal émet d’ailleurs l’hypothèse que le dysfonctionnement des astrocytes jouerait un rôle essentiel dans l’expression des synapses associées aux troubles de stress.

«L'un de mes principaux axes d'investigation porte sur le rôle des astrocytes dans la bioénergétique et le métabolisme synaptiques dans le but que nos données permettent un jour d’atténuer le fardeau de l’anxiété et de la dépression, qui touche environ 300 millions de personnes dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé.»

C’est là un travail de longue haleine qui ne fait pas peur à Ciaran Murphy-Royal, lui qui parcourt quotidiennement 12 km à la course pour aller au travail et en revenir…