Les femmes porteuses du VPH courent un risque élevé d’accouchement prématuré

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Le risque d’accouchement prématuré semble triplé chez les femmes enceintes ayant une infection persistante par le VPH 16 ou le VPH 18.

Une nouvelle étude dirigée par Helen Trottier, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure à l’Université de Montréal, révèle qu’une infection persistante par certains types du virus du papillome humain (VPH) chez les femmes enceintes pourrait augmenter les risques d'accouchement prématuré.

Ces conclusions sont potentiellement très importantes, puisque le VPH est l'une des infections transmissibles sexuellement les plus répandues au Canada et dans le monde et qu’une portion élevée des femmes porteuses du virus sont en âge de procréer.

«Notre étude montre qu’une infection persistante par le VPH de type 16 ou 18 jusqu’au troisième trimestre de grossesse est associée à un risque d’accouchement prématuré. Sachant que les naissances avant terme demeurent une cause majeure de mortalité périnatale et de morbidité, ces résultats sont préoccupants», souligne Helen Trottier.

Cette découverte, dont les résultats sont publiés aujourd’hui dans la revue JAMA Network Open, est en fait porteuse d’espoir, puisqu’un vaccin efficace contre le VPH existe, ce qui permettrait d’éviter les naissances prématurées liées à cette infection.

Qu’est-ce que le VPH?

«Parmi tous les types du VPH connus, une quarantaine infectent la région génitale, explique la Dre Marie-Hélène Mayrand, cochercheuse du projet, clinicienne-chercheuse en gynécologie au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et professeure à l’Université de Montréal. Bien que la plupart d’entre eux soient inoffensifs, certains types sont associés à des maladies graves comme le cancer du col de l’utérus.»

Une infection par l'un de ces types du VPH à risque élevé peut en effet entraîner des modifications ou des anomalies dans les cellules infectées et mener au cancer. Le VPH 16 et le VPH 18 sont à eux seuls à l’origine de 70 % des cas de cancer du col utérin.

Étudier le génotype pour mieux comprendre

L’équipe de recherche s’est appuyée sur les données recueillies auprès de 899 femmes enceintes recrutées à travers la cohorte HERITAGE entre 2010 et 2016 au CHU Sainte-Justine, au CHUM et au Centre hospitalier de St. Mary.

«Nous avons prélevé des échantillons vaginaux durant les premier et troisième trimestres de grossesse afin de réaliser des tests de génotypage permettant d’identifier les types précis du VPH présents. La présence du VPH a été décelée chez 378 participantes (42 %), précise Joseph Niyibizi, qui a travaillé sur le projet dans le cadre de son doctorat à l’École de santé publique de l’UdeM et qui est premier auteur de l’étude. Comparativement aux femmes non infectées, le risque d’accouchement prématuré s’est trouvé triplé chez les femmes enceintes ayant une infection persistante par le VPH 16 ou le VPH 18.»

Importance de la prévention

Très souvent, les personnes infectées n’ont pas de symptômes ou de lésions apparentes. L’infection passe donc sous le radar. «La vaccination demeure le meilleur moyen de protection contre les infections par le VPH et ses complications et devrait idéalement avoir lieu avant les premières relations sexuelles», mentionne la Dre Mayrand.

«Nous poursuivons nos recherches afin de déterminer la fréquence et les conséquences à court et à long terme d’une transmission du virus de la mère à l’enfant», conclut la professeure Trottier.

À propos de cette étude

L’article «Association between human papillomavirus infection among pregnant women and preterm birth» a été publié en septembre 2021 dans la revue JAMA Network Open. Le premier auteur est Joseph Niyibizi, étudiant de doctorat sous la codirection d’Helen Trottier et de Marie-Hélène Mayrand. Les auteures principales sont Helen Trottier, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure agrégée au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, et Marie-Hélène Mayrand, chercheuse au Centre de recherche du CHUM et professeure titulaire au Département d'obstétrique-gynécologie et au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal.

L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.

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