L’Association médicale des personnes noires du Québec célèbre le Mois de l’histoire des Noirs

Tamara Lefranc et Annie Sylfra

Tamara Lefranc et Annie Sylfra

En 5 secondes

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, UdeMNouvelles donne la parole à des associations étudiantes qui expliquent l’importance qu’elles y accordent et les objectifs qu’elles poursuivent.

L’Université de Montréal compte dans ses rangs des représentantes de l’Association médicale des personnes noires du Québec (AMPNQ), regroupées dans son aile jeunesse qui a été créée en 2019.

«Nous représentons un regroupement de jeunes étudiantes et étudiants et de professionnels noirs issus de toutes les disciplines de la Faculté de médecine de l’Université», indique l’étudiante en ergothérapie Tamara Lefranc, vice-présidente de l’aile jeunesse de l’AMPNQ et coordonnatrice du programme de mentorat avec sa collègue Annie Sylfra.

Pour pallier la sous-représentation des personnes noires dans les différentes carrières médicales et les difficultés d’y accéder, l’Association vise quatre objectifs:

  • fournir un lieu d’échange aux étudiantes et étudiants noirs de la Faculté de médecine;
  • nourrir l’ambition et favoriser la réussite chez les jeunes Noirs;
  • encourager la représentation des personnes noires dans les programmes de sciences médicales;
  • sensibiliser la population aux enjeux concernant la santé des personnes noires.

Pour ce faire, l’aile jeunesse de l’AMPNQ mise sur différents moyens de communication, dont sa page Facebook et son compte Instagram.

 

Tamara Lefranc a répondu à nos questions au nom de l’AMPNQ.

Quel est le principal objectif de votre association?

Différentes études démontrent que les personnes noires vivent plus souvent des inégalités sociales de santé*. Il serait donc à notre avantage, à tous, d’avoir non seulement plus de professionnels de la santé issus de la communauté noire, mais aussi plus de connaissances sur l’approche interculturelle.

De même, en plus de faire face à plusieurs barrières socioéconomiques pour accéder aux études médicales supérieures, les jeunes personnes noires ne se voient que très peu représentées dans les médias et dans ces carrières. Pour un jeune étudiant noir qui ne voit jamais un médecin à son image, il pourrait être facile de se décourager et de croire qu’il n’est pas fait pour ce métier.

Notre association vise notamment à briser cette croyance en favorisant le réseautage entre le personnel médical noir et les jeunes de la communauté noire afin d’encourager ces derniers et de privilégier le sentiment de communauté.


* À ce sujet, voir l’étude intitulée Déterminants sociaux et iniquités en santé des Canadiens noirs : un aperçu ainsi que l’article «Comparison of black–white disparities in preterm birth between Canada and the United States», paru dans le Canadian Medical Association Journal.

De quelle façon votre association et vos membres marquent-ils le Mois de l’histoire des Noirs?

Nous mettons en lumière des acteurs en santé et en recherche médicale de la communauté. Par exemple, nous organisons des conférences sur la saine nutrition culturelle et la santé mentale en temps de pandémie.

De plus, nous tissons des partenariats avec des organismes très engagés dans la communauté noire. Que ce soit par des publications, par une participation à des balados ou par Instagram, nous parlons de nos carrières et de nos expériences dans le domaine de la santé en créant un lieu d’échange inclusif et informatif.

Notre objectif ce mois-ci est vraiment de rendre l’information accessible. Notamment, nous allons promouvoir l’Association et notre programme de mentorat destiné à jumeler des jeunes de la communauté noire avec des professionnels de la santé ou de la recherche médicale qui appartiennent à la communauté. Nous allons également aborder l’enjeu de la représentation. Cependant, il est important pour nous de célébrer les réalisations de notre communauté à longueur d’année à travers différentes activités.

Il faut montrer que l’histoire des Noirs, ça ne se résume pas à l’esclavage. Il faut aussi montrer le côté positif de la communauté noire, que nous sommes des citoyens qui contribuent à la société et que nos apports scientifiques sont reconnus à l’échelle internationale.

Quelle signification ce mois revêt-il pour vous et quels enjeux permet-il de soulever?

En plus de rendre hommage aux membres marquants de la communauté noire d'hier à aujourd’hui, il permet de célébrer, avec fierté, notre culture, nos valeurs et notre histoire. Puisque l’accessibilité à l’information est désormais très grande, c’est l’occasion d’apprendre, d’étudier et de déconstruire des concepts afin de s’élever en tant que communauté.

En outre, le mois de février nous permet de soulever des enjeux cruciaux tels que la santé mentale dans la communauté, le manque de représentation dans le domaine médical, la discrimination envers les patients et le personnel noirs ainsi que les conséquences du racisme systémique sur la société.

Quelles difficultés vos membres vivent-ils à l’UdeM?

La discrimination ne touche pas tous les membres, mais cela n’efface pas l’expérience de ceux et celles qui en vivent, incluant moi-même, qui ai subi différentes microagressions.

Cependant, je constate que l’Université met en place différents moyens pour aborder davantage les enjeux interculturels. De fait, dans mon parcours à l’UdeM, nous avons traité à maintes reprises des relations de pouvoir et des relations interculturelles notamment avec les personnes autochtones – un ajout récent au programme. Je sais que ces enjeux ne sont pas tous abordés dans les disciplines médicales et de santé à l’UdeM. Dans le futur, j’aimerais que ces sujets soient intégrés d’emblée à la formation plutôt que d’être une simple initiative du corps professoral.

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