Erin Gee: quand la musique unit le corps et l’esprit

Erin Gee

Erin Gee

Crédit : Caroline Campeau

En 5 secondes

Une artiste et étudiante du doctorat en musique de l’UdeM explore la manière dont les réactions émotives et physiques et la théorie féministe peuvent se traduire en composition musicale.

Erin Gee est une artiste et compositrice dont les œuvres transcendent le simple plaisir auditif. Elle cherche à ce que le public ressente sa musique, à ce qu’il l’incarne. Émotionnellement, mais aussi physiquement.

Au carrefour de l’ASMR (pour autonomous sensory meridian response), du biofeedback, des médias numériques et de l’électroacoustique, son art s’inspire de la voix humaine pour solliciter le corps de l’auditeur lors de l’écoute. Explications.

Incarner la musique

Matériel de biodétection fait sur mesure

Doctorante en composition et création sonore à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, Erin Gee s’intéresse aux réactions émotionnelles et physiques que peut susciter la musique. C’est pourquoi elle affectionne particulièrement l’ASMR, une façon de produire des contenus numériques audiovisuels qui provoquent chez l’auditeur des picotements ou des frissons considérés comme agréables.

Cette approche explique également son utilisation de biocapteurs pour mesurer les réactions physiologiques involontaires – sudation, battements cardiaques, activité cérébrale, etc. – pendant l’expérience artistique. Intervient alors le biofeedback, qui fait référence à diverses techniques basées sur la mesure des fonctions organiques afin de mieux comprendre le fonctionnement du corps.

«Pour moi, l’ASMR et le biofeedback m’orientent vers une nouvelle façon de produire des œuvres, une façon plus incarnée, note Erin Gee. On fait souvent une coupure nette entre le corps et l’esprit, mais pourquoi l’écoute de musique ne serait-elle pas une expérience liant les deux? Pourquoi ne pas valoriser autant les sensations physiques que les émotions? Et en utilisant des biocapteurs, je peux exactement dire si les auditeurs sont touchés par la musique, car je vois alors si leur système nerveux autonome s’active.»

Un plaidoyer féministe

La production d’œuvres électroacoustiques par le biais du biofeedback a longtemps été l’apanage des hommes, blancs de surcroît, déplore Erin Gee. Sa proposition artistique vise également à diversifier le domaine.

«Les réalisations en électroacoustique et les études dans ce domaine ont encore très peu d’exemples qui explorent les idées féministes ou qui proviennent de la diversité culturelle, dit-elle. Le féminisme découle de ma propre vie, de ma réalité d’être née dans un corps qui vient avec des privilèges et des “antiprivilèges”. Et je pense que l’art est mieux servi par notre expérience de la vie réelle.»

Vous aimeriez en savoir plus sur les œuvres d’Erin Gee? Rendez-vous sur sa chaîne YouTube. À ses yeux, la pièce We As Waves est celle qui exprime le mieux sa vision artistique.

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