Enquête sur la santé psychologique du personnel infirmier durant la pandémie

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L’enquête menée auprès du personnel infirmier en 2020 a démontré que la COVID-19 a eu un effet négatif sur l’état de santé psychologique de ce personnel déjà fragilisé avant la pandémie.

Le rôle des infirmières et infirmiers a été central durant la pandémie de COVID-19, depuis le tout début jusqu’à aujourd’hui. Mais quel était l’état de santé psychologique de ces professionnels au plus fort de la crise et quels ont été ses effets sur leur santé et leur satisfaction au travail?

Pour répondre à ces questions, une enquête a été menée auprès des infirmiers et infirmières ainsi que des infirmiers et infirmières auxiliaires du Québec par des professeures de la Faculté des sciences infirmières (FSI) de l’Université de Montréal et de l’École des sciences infirmières Ingram de l’Université McGill, affiliées au Réseau de recherche en interventions en sciences infirmières du Québec (RRISIQ).

Avoir soigné des patients atteints de la COVID-19, un facteur de risque

José Côté

L’enquête effectuée en 2020 auprès de 1700 infirmières et infirmiers ainsi qu’infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec a démontré que celles et ceux qui ont soigné des patients atteints de la COVID-19 ou dont un ou une collègue a contracté la COVID-19 au travail ont souvent montré des niveaux de détresse et de fatigue plus élevés. D’ailleurs, pendant la même période, plus de 40 % du personnel infirmier s’est dit dépassé par la situation au travail.

Alors que personne n’était prêt à faire face à une pandémie de cette ampleur, le tiers des répondants et répondantes ont affirmé ne pas être adéquatement préparés pour offrir des soins de qualité durant la pandémie. D’ailleurs, des symptômes de dépression, de fatigue et de détresse psychologique étaient plus fréquents en lien avec cette perception.

Démographiquement, l’enquête a également mis au jour qu’être une femme et appartenir à la génération X ou Y étaient aussi des facteurs associés à davantage de détresse psychologique et de symptômes dépressifs.

«Les résultats de notre enquête appuient l’universalité de l’effet de la pandémie sur la santé du personnel infirmier. La COVID-19 semble avoir détérioré l’état de santé de ce personnel déjà fragilisé avant la pandémie», mentionne José Côté, codirectrice du RRISIQ et professeure à la FSI.

Le stress mène à l’insatisfaction professionnelle

Mélanie Lavoie Tremblay

Toujours basé sur cette enquête, un lien s’établit entre le fait d’avoir soigné des personnes atteintes de la COVID-19 et l’insatisfaction professionnelle. En effet, le personnel au chevet des personnes souffrant de la COVID-19 avait la perception qu’il donnait des soins de moindre qualité, ce qui a diminué sa satisfaction globale à l’égard de son travail.

Par contre, le personnel infirmier qui estimait ne pas être adéquatement préparé pour prodiguer des soins de qualité exprimait une intention plus marquée de quitter son milieu de travail et même la profession, qu’il ait soigné ou non des patients contaminés par le virus. Celles et ceux qui ont contracté la maladie ou dont un ou une collègue l’a eue disaient également vouloir quitter leur emploi. 

«Notre enquête révèle qu'il est primordial pour le personnel infirmier de donner des soins de qualité. Il en va de sa satisfaction vis-à-vis de la profession et même de son maintien en poste», ajoute la professeure Mélanie Lavoie-Tremblay, vice-doyenne à la recherche, à l'innovation et à l'entrepeneuriat à la FSI.