Quand des innovations infirmières améliorent le réseau de la santé

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Alors que le gouvernement travaille sur un plan de refondation du système de santé, des innovations infirmières permettent de pallier les lacunes du réseau et de répondre aux besoins de la population.

Le 9 mai, une journée d’échanges et de mobilisation des connaissances, coorganisée par le professeur de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal Arnaud Duhoux, s’est tenue au campus de Laval de l’UdeM. Neuf innovations infirmières ont été présentées pour inspirer le changement et apporter des pistes de solution en soins et services de première ligne. D’ailleurs, plus de 70 personnes étaient venues écouter et discuter de ces réalisations.

La rencontre a suscité un grand intérêt dans le milieu infirmier. Les structures du vaste réseau de la santé étant gérées différemment d’une région à l’autre, les participants désiraient connaître des manières autres de faire pour insuffler un changement positif dans les soins de santé. Les différentes instances infirmières étaient notamment présentes pour puiser des idées: l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), qui avait délégué des membres de plusieurs directions, dont la Direction nationale des soins et des services infirmiers.

«La journée a pris des proportions inattendues entre autres grâce à la présence des représentants du MSSS, ce qui démontre un grand intérêt pour le sujet. Avec la conjoncture due au plan de refondation du système de santé, on peut espérer que certaines innovations présentées seront source d’inspiration pour les décideurs», mentionne le professeur Duhoux, qui s’intéresse à la place et à la contribution des infirmières et infirmiers aux soins et services de première ligne.

Des innovations pensées pour la population

Tous les projets présentés avaient pour but une meilleure accessibilité aux soins de santé de première ligne, vers lesquels se dirige en premier une personne en quête de soins.

Chacune de ces innovations mettait en valeur des infirmières cliniciennes et infirmiers cliniciens ainsi que des infirmières praticiennes spécialisées et infirmiers praticiens spécialisés occupant des postes où l’éventail de leur pratique est pleinement exploité. Ces projets démontrent que ces professionnels non seulement font preuve d’un leadership clinique et organisationnel, mais également qu’ils peuvent avoir des idées innovantes pour améliorer les services de première ligne et les réaliser.

Ont été décrites des cliniques communautaires ou mobiles s’adressant aux populations marginalisées qui peinent à être prises en charge par le système de santé, des cliniques spécialisées (soins de plaies, allaitement) selon un modèle intrapreneur dans des groupes de médecine familiale universitaire et des cliniques aux modèles organisationnels innovants où le rôle infirmier est mis de l’avant dans des installations interdisciplinaires.

«Avec le temps, j’ai constaté que les innovations infirmières de première ligne viennent combler des trous laissés par le réseau de la santé et prennent en charge des populations qui, pour diverses raisons, n’ont pas accès au système actuel ou en sont rejetées. Par contre, la façon dont le système québécois est pensé et financé actuellement n’encourage pas l’entrepreneuriat infirmier et est une barrière importante à ces innovations infirmières», indique Arnaud Duhoux. Il poursuit: «C’est le monde à l’envers: alors que certaines des innovations présentées soignent bénévolement ou ont de la difficulté à trouver du financement public, elles se font envoyer des patients par le réseau de la santé. Ce serait au réseau à prendre en charge ces personnes et à assouplir sa structure de financement pour inciter les innovations et permettre que tous puissent se faire soigner selon leurs besoins.»

Un document écrit sera produit pour faire suite à cette journée et regroupera les idées et les discussions lancées. Arnaud Duhoux espère néanmoins que la présence d’acteurs décisionnels comme l’équipe de la Direction nationale des soins et des services infirmiers aura une incidence sur le rôle que peuvent jouer les infirmières et infirmiers dans la refondation du système de santé.