Un prix littéraire du Gouverneur général est remis à Sylveline Bourion

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Le livre «La voie romaine» a valu à la professeure de la Faculté de musique de l’UdeM le prix dans la catégorie des essais en français.

La liste des 14 lauréats et lauréates des Prix littéraires du Gouverneur général 2022 a été dévoilée. Sylveline Bourion, professeure à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, y figure grâce à son livre La voie romaine, qui lui a valu la récompense dans la catégorie des essais en français. Elle remporte ainsi une bourse de 25 000 $.

Musicienne de formation, Sylveline Bourion a trouvé refuge dans l’écriture dès son jeune âge. Ses premiers mots? Elle les a écrits plutôt que de les dire. Victime de violence familiale, elle intériorise ses pensées et les garde au plus profond de son imaginaire, là où tout est en sécurité. Dans son livre paru en janvier dernier, elle se raconte à la première personne. Les lecteurs et lectrices y découvrent une enfant mutique dans la France rurale des années 1980, qui est élevée par des parents autoritaires et une gouvernante qu’elle surnommera Tatie. Page après page, les pensées de la jeune fille sont dépeintes à coups de figures de style et d’images, fidèles à ce que l’auteure vivait à ce moment-là: «J’y raconte une enfance passée dans le spectre de la violence, non seulement physique, mais aussi symbolique, témoigne la professeure. Vivre cette violence a fait naître en moi une crainte de la prise de parole, mais m’a aussi permis de développer une forme d’intériorité et a engendré une certaine sensibilité. Que ce soit par les métaphores, les images ou la symbolique, j’ai été amenée, très jeune, à réaliser qu’il y avait toujours un sens caché derrière les choses, une beauté derrière la brutalité.»

Les mots qui l’ont sauvée

Titulaire d’un doctorat en analyse musicale, Sylveline Bourion n’en est pas à sa première publication. En 2011, elle faisait paraître l’étude stylistique Le style de Claude Debussy: duplication, répétition et dualité dans les stratégies de composition aux côtés de Jean-Jacques Nattiez, son codirecteur de thèse. Un volume didactique d’analyse classique sortira aussi prochainement sous le titre Analyser le langage tonal. Du côté littéraire, elle a collaboré plusieurs fois avec la revue Contre-jour. Ses récits «La balade au chemin de fer», «L’écoute réduite», «Les Quatre-Route», «Pont-de-Sèvres», «La lampe», «Le chemin d’angle» et «Béni» sont encore en libre accès.

Si elle a longtemps éprouvé un sentiment de honte de ne pouvoir parler avant d’écrire, elle souhaite aujourd’hui reconnaître le fait qu’elle a pu développer, à travers les défis qu’elle a traversés, une forme de pensée différente à laquelle elle peut encore faire appel. Cette «voie romaine», comme elle l’a surnommée, est son refuge quand les temps se font plus durs. «L’écriture et la langue m’ont permis de construire une force sur une différence qui aurait pu rester une honte ou une faiblesse», admet-elle.

Remis depuis 1936, les Prix littéraires du Gouverneur général récompensent les meilleurs livres canadiens publiés en français et en anglais. Administré par le Conseil des arts du Canada, le concours se veut une façon de mettre en valeur la littérature d’ici et d’encourager le public à découvrir les œuvres qui y sont soumises.