Karine Gagné: l’importance de conjuguer la théorie et la pratique

Karine Gagné

Karine Gagné

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

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La psychoéducatrice et docteure en psychoéducation aimerait transmettre le savoir à ses étudiants, mais aussi inculquer le savoir-être et le savoir-faire requis à la pratique de sa discipline.

Karine Gagné aime profondément sa profession. Il suffit de quelques instants en sa compagnie pour comprendre que la relation d’aide est au cœur de ses préoccupations et qu’elle souhaite vivement faire bouger les choses. Nouvellement professeure adjointe à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, elle fait porter son enseignement non seulement sur les connaissances théoriques, mais également sur les réalités de la pratique clinique, qu’elle connaît bien.

Pour cette docteure en psychoéducation, le savoir-faire et le savoir-être sont des notions tout aussi importantes que le savoir théorique. En 2014, alors qu’elle est titulaire d’un baccalauréat en psychologie et d’une maîtrise en psychoéducation, elle prend une pause afin d’accroître son expérience clinique en tant que psychoéducatrice, elle qui conjuguait déjà ses études et un emploi d’intervenante en centre jeunesse. «À cette époque, l’idée de faire un doctorat était présente, indique-t-elle, mais j’ai préféré aller travailler. Ça n’était pas logique pour moi de poursuivre des études supérieures sans savoir de quoi je parlais.» Elle fera en 2015 ses premiers pas dans le milieu de l’enseignement universitaire en obtenant une charge de cours en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke, en plus de travailler comme psychoéducatrice dans des équipes jeunesse du réseau de la santé et des services sociaux.

En 2020, un an avant la fin de son doctorat, elle ouvre son cabinet privé. Bien que ce projet soit sur pause en raison de son déménagement à Montréal, cette expérience fait le lien avec les autres facettes de sa vie professionnelle, soit la recherche et l’enseignement. «Ce sont trois sphères qui se nourrissent. Pour être au fait des nouveaux phénomènes, il faut voir ce qui se passe sur le terrain. Il est aussi important pour moi de tester la théorie et de m’assurer que celle que nous véhiculons fonctionne dans la vraie vie. Puis, si ce n’est pas le cas, de prendre un instant pour me questionner sur ce qui doit être amélioré dans nos recherches et sur les façons dont ces notions pourraient être élaborées différemment», explique-t-elle.

Comprendre le pourquoi du comment

Pour Karine Gagné, cette remise en question des pratiques et des théories enseignées est une nécessité. Elle-même pionnière au Canada d’un champ scientifique en émergence en petite enfance, la mentalisation parentale non verbale, elle considère qu’il est nécessaire de s’adapter aux nouvelles réalités et d’envisager la psychoéducation avec une ouverture d’esprit et une certaine réflectivité. «Les théories et les connaissances que nous présentons sont toujours à la lumière et à la limite de ce que nous connaissons. Ce que j’enseigne aujourd’hui pourrait changer demain», précise celle qui a obtenu, en avril dernier, le prix Relève étoile Paul-Gérin-Lajoie 2022 du Fonds de recherche du Québec – Société et culture, visant à souligner l’excellence des travaux de la relève en recherche.

La professeure ne prône toutefois pas le changement à tout prix. Pour elle, il doit y avoir une logique au changement, un désir de faire évoluer les choses en étant conscient des raisons pour lesquelles celui-ci est nécessaire. «Ce qui gouverne mes actions, c’est d’aider les gens, mais aussi d’améliorer ce qui est en place, mentionne-t-elle. Si certaines pratiques ne fonctionnent plus, je cherche à en comprendre les raisons. J’aime analyser le pourquoi du comment, comprendre le mécanisme, savoir ce qui a fait en sorte qu’on en arrive à un certain point. Par la suite, j’essaie de voir quelles nouvelles pratiques pourraient cette fois perdurer.»

Adepte de l’approche par compétences, elle tente d’inculquer cette façon de réfléchir aux étudiants et étudiantes à qui elle enseigne. «Tout passe par la réflexion et la capacité d’être à l’écoute. Des étudiantes et étudiants qui sont réflectifs, qui sont sensibles à l’autre, qui restent dans une perspective de soi et de l’autre, c’est primordial, mais ce sont des qualités qui sont parfois difficiles à acquérir dans un contexte de formation universitaire. Il est plus facile de transmettre des savoirs et de les évaluer que de se pencher sur le savoir-être, mais j’ai envie d’intégrer dans mon enseignement quelque chose qui se rapproche plus de la réalité de la pratique. Je considère qu’à la fin, c’est ce qui fera dire aux gens du milieu “Eux, ce sont des étudiants de l’UdeM”», conclut-elle.