Cancer du cerveau: importantes séquelles chez les jeunes survivants
- Salle de presse
Le 28 mars 2023
- UdeMNouvelles
Une nouvelle étude montre l’urgence d'adapter les schémas thérapeutiques en fonction de plusieurs critères afin d’offrir de meilleures perspectives de santé aux patients atteints du médulloblastome.
Problèmes neurologiques, perte auditive, infertilité: les personnes survivantes du médulloblastome, une forme invasive de cancer du cerveau, souffrent de lourdes séquelles physiques et cognitives liées aux traitements, en plus d’avoir un taux de mortalité global 21 fois plus élevé que le reste de la population. C’est ce que montre une nouvelle étude dirigée par la Dre Hallie Coltin, hémato-oncologue pédiatrique et chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure adjointe de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Ces résultats soulignent l’urgence d'adapter les schémas thérapeutiques en fonction de l’âge des patients, du degré de gravité de leur maladie et de la biologie de la tumeur afin de leur offrir de meilleures perspectives de santé.
Le médulloblastome est la forme la plus commune du cancer du cerveau chez les jeunes. À l’heure actuelle, le taux de survie oscille entre 50 et 80 %. Néanmoins, les traitements offerts pour vaincre la maladie ne sont pas sans conséquences. L’étude révèle que les enfants de moins de 18 ans chez qui un médulloblastome a été diagnostiqué et qui ont survécu plus de cinq années sans récidive ont des taux d'accident vasculaire cérébral et de perte auditive marquée respectivement 45 fois et 96 fois plus élevés que dans la population générale. De plus, environ un patient sur deux reçoit des prestations d'invalidité – une donnée qui serait sous-évaluée selon la Dre Coltin.
«Depuis quelques années, les patients survivent au médulloblastome. Néanmoins, des séquelles telles que des problèmes cognitifs et neurologiques sérieux, susceptibles de réduire les possibilités d’avoir un partenaire de vie, doivent être considérées», renchérit la Dre Coltin.
Ces résultats incitent à revoir le tableau des traitements afin de proposer des thérapies d’intensité stratifiées en fonction du risque associé à la maladie, de l’âge du patient et de la biologie de la tumeur, de sorte que les personnes à faible risque de rechute ne soient pas exposées à des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie excessifs. Il est également nécessaire de réduire le fardeau à long terme lié à la maladie pour ainsi favoriser chez les jeunes survivants du médulloblastome une santé optimisée et une meilleure qualité de vie.
Signe que l’espoir existe
Le matin de son 16e anniversaire, Jonathan Roy-Ascanio, patient du Dr Sébastien Perreault, neuro-oncologue au CHU Sainte-Justine, a reçu le terrible diagnostic de médulloblastome à la suite d’examens poussés, dont un examen d’imagerie par résonance magnétique. Grâce à l’efficacité hors pair de l’équipe soignante, la tumeur au cerveau a été retirée le soir même. S’en sont suivis 11 mois de traitements de chimiothérapie et de radiothérapie ciblés, qui lui ont sauvé la vie. Bien qu’il ait subi une légère perte d’audition et qu’il ait une capacité de concentration quelque peu réduite, le jeune homme poursuit aujourd’hui un baccalauréat en génie logiciel à l’Université de Montréal. «J’aimerais remercier le Dr Perreault, qui m’a permis d’aller à l’école même durant mes traitements, ainsi que tous les médecins et les chercheurs qui, par leurs avancées scientifiques, améliorent les perspectives de vie tout en atténuant les séquelles. Ils permettent à des gens comme moi de retrouver une vie normale», a dit Jonathan Roy-Ascanio.
Ce cas illustre l’importance majeure de l’optimisation des traitements pour les patients.
L’étude a été publiée le 25 janvier 2023 dans le Journal of Clinical Oncology, accompagnée d’un éditorial et d’une vidéo résumant l’article scientifique.
Les données administratives de santé relatives à 230 survivants du médulloblastome en Ontario âgés de moins de 18 ans, entre 1987 et 2015, ont été comparées avec celles de 1150 personnes en santé d’âge et de sexe similaire en Ontario toujours. Dans le groupe de patients, 81,3 % ont subi une radiothérapie crânienne et de la moelle épinière. Ce travail était nécessaire afin d’avoir un tableau de la situation sur lequel s’appuyer en vue d’offrir des traitements optimisés.
À propos de l’étude
L’article «The Burden of Surviving Childhood Medulloblastoma: A Population-Based, Matched Cohort Study in Ontario, Canada», par Hallie Coltin, Priscila Pequeno, Ning Liu, Derek S. Tsang, Sumit Gupta, Michael D. Taylor, Eric Bouffet, Paul C. Nathan et Vijay Ramaswamy, a été publié le 25 janvier 2023 dans le Journal of Clinical Oncology.
Le financement de l’étude a été assuré par le Garron Family Cancer Centre Research, la Fondation Charles-Bruneau, les National Institutes of Health (États-Unis), la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales, les Instituts de recherche en santé du Canada, la C.R. Younger Foundation, l’Institut de recherche de la Société canadienne du cancer, Brain Canada, la Rally Foundation for Childhood Cancer, une chaire de recherche du Canada en neuro-oncologie pédiatrique et les ministères de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario.
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À propos du CHU Sainte-Justine
Le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine est le plus grand centre mère-enfant du Canada et le 2e plus important centre pédiatrique d'Amérique. Il est membre du grand réseau d'excellence en santé de l'Université de Montréal (RUIS). Il compte 5 457 employés dont 1 532 infirmiers et infirmières auxiliaires et 1 000 professionnels en soins, 520 médecins, dentistes et pharmaciens, 822 résidents et plus de 204 chercheurs, 411 bénévoles, 4 416 stagiaires et étudiants de toutes disciplines. Le CHUSJ comprend 484 lits dont 67 au Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME), seul centre dédié exclusivement à la réadaptation pédiatrique au Québec. L'Organisation mondiale de la santé a reconnu le CHU Sainte-Justine « hôpital promoteur de la santé ».