L’UdeM met à sec les déserts alimentaires

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

En 5 secondes

Ils sont gros, ils sont fabriqués en France et ils vont aider l’Université de Montréal à s’attaquer aux déserts alimentaires sur ses campus: voici les frigos intelligents.

En février, deux réfrigérateurs intelligents ont fait leur apparition à l’Université de Montréal. Ils jouent en quelque sorte le rôle de machines distributrices en libre-service, avec toutefois une différence de taille: l’UdeM peut les garnir des produits de son choix. En l’occurrence, ces appareils sont fournis en nourriture fraîche préparée chaque matin par Local Local, le service alimentaire de l’Université. On y vend notamment des salades, des sandwichs, des bols de poké, des fruits frais et des coupes de yogourt. Une proposition à des lunes des aliments usinés qu’on trouve habituellement dans les distributrices.

Une première au pays

L’Université de Montréal est le premier établissement d’enseignement postsecondaire au Canada à faire l’acquisition de tels frigos intelligents. «La direction de l’Université souhaitait s’attaquer au problème des déserts alimentaires depuis plusieurs années déjà, raconte Pascal Prouteau, directeur de la division Résidences, hôtellerie et restauration de l’UdeM. Malheureusement, on ne peut pas simplement ouvrir un comptoir de services alimentaires dans chacun de nos pavillons. Lorsque j’ai entendu parler de ce nouveau type de réfrigérateur, à l’été 2022, je me suis dit que c’était possiblement la meilleure façon d’élargir notre offre alimentaire.»

Comment ça marche?

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

L’utilisation de ces frigos est semblable à celle des machines distributrices, à quelques nuances près: au moyen d’une carte de paiement apposée sur un lecteur situé à l’extérieur de l’appareil, la porte du frigo s’ouvre. L’usager fait alors son choix et, lorsqu’il referme la porte, le montant des aliments sélectionnés est débité de sa carte de paiement.

Tout cela est possible grâce à deux mécanismes: d’abord, un dispositif qui permet au réfrigérateur de balayer l’ensemble de son contenu avant l’ouverture de la porte et après sa fermeture; le frigo intelligent constate ainsi quels sont les articles qui ont été retirés par le consommateur. Ensuite, chaque article est pourvu d’une étiquette à puce produite par une imprimante spécialement conçue à cet effet et dont l’Université de Montréal a fait l’acquisition.

Pour le moment, les Services alimentaires ravitaillent les réfrigérateurs en produits frais tôt en matinée, tous les deux jours, cadence qui pourrait augmenter avec une demande croissante.

De la nourriture saine, tu trouveras!

À l’Université de Montréal, c’est la cafétéria Chez Valère qui prépare au quotidien l’ensemble de la nourriture qu’on y achète et celle du dépanneur des résidences ainsi que des cinq comptoirs des Services alimentaires répartis dans cinq des pavillons de l’UdeM.

Étant donné l’étendue des campus et le fait que la plupart des bâtiments sont situés en dehors de zones commerciales, plusieurs étudiants et étudiantes se retrouvent dans de véritables «déserts alimentaires». Ce concept fait référence à un endroit où il est impossible de trouver, à une distance raisonnable de marche, un lieu pour acheter des plats ou des aliments sains.

Par exemple, le pavillon Marguerite-D’Youville ne disposait jusqu’à tout récemment que de machines distributrices remplies de croustilles, de barres de chocolat industrielles et de boissons gazeuses. Aucun restaurant, marché ou dépanneur à des kilomètres à la ronde. Ironiquement, c’est dans ce pavillon que sont hébergés le Département de nutrition et la Faculté des sciences infirmières de l’Université. Ce pavillon a donc été sélectionné pour accueillir l’un des deux réfrigérateurs intelligents.

Au goût de l’usager

En plus du pavillon situé sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, les résidences étudiantes ont elles aussi été pourvues d’un réfrigérateur intelligent. «Puisque les résidences sont un milieu de vie pour nos locataires, nous pouvons choisir de vendre des aliments pensés en fonction des occupants, comme du lait ou encore des œufs», explique Pascal Prouteau.

Cette possibilité de moduler l’offre en fonction de la demande est l’un des atouts majeurs de ces réfrigérateurs intelligents. Grâce à leur système informatique intégré, le personnel des Services alimentaires peut rapidement consulter à distance le contenu des frigos, faire une évaluation des articles qui se vendent le plus et ainsi déposer dans les frigos les aliments qui correspondent le mieux aux préférences des usagers.

Que ceux et celles qui voient dans ces appareils un exemple du «grand remplacement» de l’humain par la machine soient rassurés: «Les frigos intelligents ne sont pas là pour remplacer des employés, martèle Pascal Prouteau. Ils constituent un ajout et non pas un substitut. Ils seront placés là où nous sommes tout simplement dans l’incapacité d’ouvrir un comptoir de services alimentaires.»

Deux autres réfrigérateurs intelligents s’ajouteront au cours des prochains mois et, d’ici l’été 2024, l’Université souhaite posséder en tout une dizaine de ces appareils.

Frigos intelligents sur le campus de l'UdeM
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