Marilyne Bouchard: BKind ou entreprendre selon ses valeurs

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Marilyne Bouchard, à la tête de BKind, une entreprise de produits de soins corporels véganes, naturels et écoresponsables fabriqués au Québec, est en train de conquérir l’Amérique du Nord. Portrait.

Aujourd’hui, BKind occupe un entrepôt de 1530 m2 (17 000 pi2), compte 18 employés et possède plus de 500 points de vente en Amérique du Nord. Pourtant, c’est dans la cuisine de ses parents, en 2014, que Marilyne Bouchard a commencé à fabriquer ses produits de soins corporels naturels.

Sa motivation? Elle réagissait fortement aux ingrédients chimiques présents dans les cosmétiques vendus en grande surface et elle ne trouvait pas de produits convenant à son type de peau.

Scientifique dès l’enfance

Toute petite, la fondatrice de BKind rêvait de devenir dermatologue. Son grand-père souffrait d’une maladie auto-immune dégénérative qui affectait sa peau et il en était très souvent question dans les discussions familiales. Marilyne Bouchard s’était alors prise d’une passion singulière pour les maladies de la peau. À l’âge où certains feuillettent des contes de fées, elle préférait consulter dans des encyclopédies de sciences médicales les planches représentant différents troubles de la peau et les apprendre par cœur. Mais avec le temps, elle s’est aperçue qu’entre ces images et la réalité il y avait une grande différence. Et surtout, soucieuse du bien-être des animaux, elle ne voulait pas faire de tests sur eux durant des études de médecine.

Adorant les sciences, elle a plutôt choisi le baccalauréat en biologie et la maîtrise en microbiologie et immunologie à l’Université de Montréal. Après un stage sous la direction de France Daigle qui portait sur la fièvre typhoïde, elle a travaillé dans l’industrie pharmaceutique en assurance qualité.

Les cosmétiques comme passe-temps

Quand elle est entrée sur le marché du travail, elle a retrouvé ses soirées et ses fins de semaine. «J’ai lancé BKind comme un passe-temps après le travail, raconte-t-elle. Je ne pensais pas du tout alors à monter mon entreprise. Je faisais de la crème pour en offrir des pots à mes amis à Noël entre autres.»

Puis, elle a commencé à regarder la composition des produits vendus dans les grandes surfaces. «Je me suis rendu compte à quel point ils étaient cheaps. Les gros pots de lotion sont essentiellement composés d’eau et d’un soupçon de beurre ou d’huile. C’est là que je me suis dit que je pourrais créer des produits différents de qualité», dit-elle.

Elle consacre de plus en plus de temps à son «loisir» et travaille sur BKind à temps partiel durant deux années. «Je m’occupais du service à la clientèle, du marketing avec les courriels et les réseaux sociaux, etc. J’ai réalisé que j’adorais faire plusieurs choses à la fois et non me concentrer sur une seule!» déclare l’entrepreneuse. Elle décide de quitter son emploi dans l’industrie pharmaceutique pour s’occuper à temps plein à son entreprise. C’était en 2016.

L’atout du bagage scientifique

La rigueur scientifique de Marilyne Bouchard consolidée à l’Université de Montréal lui est d’une grande utilité dans son entreprise. Si elle ne concocte plus elle-même ses produits, elle travaille avec un laboratoire et son bagage scientifique fait en sorte qu’elle parle le même langage que ses employés.

Ses années passées dans le domaine de l’assurance qualité lui ont aussi permis d’apprendre les normes de Santé Canada, beaucoup plus sévères dans l’industrie pharmaceutique que dans celle des cosmétiques.

Elle considère également que ses études et son expérience de travail assoient sa crédibilité auprès de ses clients. «Il s’agit de produits qu’on met sur le visage, précise-t-elle. Je pense que mon parcours permet aux gens de me faire confiance.»

Être «kind» avec les animaux

Lorsqu’elle a commencé à créer des cosmétiques adaptés à sa peau, il était essentiel pour elle que cela ne se fasse pas au détriment d’autres êtres vivants. Elle a utilisé des ingrédients provenant exclusivement de matières végétales et veillé à ce qu’aucun test ne soit réalisé sur des animaux, une pratique qui n’était pas courante lorsqu’elle a fondé BKind. «Certaines entreprises ne testaient pas le produit fini sur les animaux, mais c'était jouer avec les mots, illustre-t-elle. Il n’y avait pas la même transparence que maintenant.»

Prônant la bienveillance, c’est tout naturellement qu’elle verse une partie des bénéfices de BKind à des sanctuaires animaliers. Après les refuges RR, Blitz et Pageau, c’est à présent au centre d’aide pour animaux sauvages SOS Miss Dolittle qu’elle donne deux pour cent des bénéfices de BKind.

Être «kind» avec l’environnement

Transposant ses valeurs personnelles écologiques dans son entreprise, Marilyne Bouchard met en place de multiples stratégies pour réduire la production de déchets. Elle utilise des matériaux d’expédition biodégradables et des emballages recyclables. Depuis trois ans, elle a introduit dans la fabrication de certaines bouteilles le plastique Ocean Bound, fait à partir de plastique ramassé sur les plages pour contribuer à diminuer la quantité de déchets dans les océans.

Aujourd’hui, elle tend elle-même vers un mode de vie zéro déchet. Ainsi, elle a ouvert une boutique boulevard Saint-Laurent où il est possible d’apporter ses bocaux et d’acheter en vrac les différents produits.

Lorsqu’on lui demande quels futurs produits elle se voit élaborer, elle ne pense pas à les multiplier à l’infini. Cela irait à l’encontre de ses valeurs. «Je suis vraiment minimaliste, voire paresseuse, dans ma routine de beauté, mentionne-t-elle. En ce moment, la mode est aux routines qui comportent de nombreux produits, je le vois sur des réseaux sociaux, mais on ne va jamais s'orienter dans cette direction!»

Pour chaque nouveau produit qu’elle sort, elle s’assure qu’elle l’utiliserait. «On ne veut pas aller dans le superflu. Et la peau a aussi un degré maximal d'absorption. Ça ne sert à rien de mettre plein de trucs dessus! Autant aller à l’essentiel», conclut celle qui réfléchit toutefois à des façons d’en faire encore plus pour l’environnement.

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