Variole simienne: quels sont les changements de comportement?

Crédit : Getty

En 5 secondes

Bouchra Nasri, de l’École de santé publique, étudiera les comportements à l’égard de la variole simienne et des hommes gais, bisexuels ou des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.

Bouchra Nasri

Bouchra Nasri, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

L’année dernière, le Canada a connu sa première grande éclosion de variole simienne – ou mpox - dans la foulée de la propagation de la maladie partout dans le monde. Les zoonoses qui, par le passé, étaient circonscrites à une région géographique déterminée se classent de plus en plus parmi les urgences sanitaires mondiales.

«Avant 2022, la maladie virale qu’est la mpox était largement ignorée par la communauté internationale, souligne Bouchra Nasri, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Cependant, lorsqu'elle a commencé à se propager dans de nombreux pays et qu'une épidémie s'est déclarée, elle est devenue une urgence de santé publique internationale.»

Le 24 mai, le gouvernement du Canada a donc annoncé un investissement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) de 6,35 M$ pour appuyer les travaux de portée nationale ou internationale de 13 équipes de recherche sur la variole simienne et d’autres menaces zoonotiques. Ce nouvel investissement témoigne des risques continus de transmission de la maladie et de la menace que représentent d’autres zoonoses au Canada et ailleurs dans le monde.

L'épidémie actuelle a aussi eu des répercussions particulières sur la communauté des hommes gais, bisexuels et des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ou communauté gbMSM (pour gay, bisexual and other men-who-have-sex-with-men).

La professeure Nasri, spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses, et son équipe ont donc soumis un projet de recherche pour étudier la problématique et qui figure parmi les 13 projets financés. L’équipe pourra compter sur un financement de 412 000 $ sur deux ans pour établir un modèle épidémiologique de la variole simienne qui tient compte des changements comportementaux.

L'influence des comportements humains

La modélisation sera élaborée à partir de la littérature scientifique et de données recueillies en temps quasi réel sur les comportements dominants à l'égard de la maladie et des membres de la communauté gbMSM sur les réseaux sociaux.

«Il est important de comprendre les modes de transmission des maladies infectieuses comme la mpox, mais il est tout aussi crucial d'analyser l'influence du comportement humain sur la dynamique des maladies, fait valoir Bouchra Nasri. Pour réduire sa propagation, il faut comprendre comment les gens réagissent aux informations sur la maladie et comment les changements de comportement suscités par cette réaction peuvent interférer dans les stratégies de santé publique.»

En outre, pour l’équipe de la professeure Nasri, les répercussions disproportionnées de la variole simienne dans la communauté gbMSM donnent à penser que d'autres problèmes de comportement doivent être pris en compte. Plus particulièrement, les attitudes stigmatisantes peuvent se traduire par une plus grande hésitation pour les personnes de la communauté gbMSM à se tourner vers les services de santé publique et influencer l'opinion publique vis-à-vis de la maladie.

Dans la foulée, le projet prévoit la création d’un comité consultatif communautaire composé d'experts et de membres de la communauté gbMSM afin d'élaborer des stratégies adaptées à la réalité de cette communauté et de faire connaître rapidement les résultats de cette recherche à un large public.

À propos de la mpox et des investissements des IRSC

En décembre dernier, le Centre pour la recherche sur la préparation en cas de pandémie et d’urgence sanitaire des IRSC et le Centre de recherches pour le développement international ont investi 5,5 M$ dans 2 projets de recherche sur la variole simienne au Canada et en Afrique. Le 24 mai, les IRSC ont offert un financement supplémentaire de 6,35 M$ en appui à 13 projets de recherche.

Les 13 projets de recherche sont axés sur l’efficacité du vaccin antivariolique, les campagnes de vaccination et les stratégies d’atténuation, la détection des mammifères hôtes possibles du virus de la mpox et la mise au point de modèles mathématiques de la transmission des zoonoses.

Selon les informations fournies par les IRSC, la maladie s’est propagée en 2022 en dehors de sa zone d’endémicité, dans plusieurs régions du monde, y compris au Canada. Cela a déclenché une mobilisation mondiale et montré la nécessité d’approfondir les recherches sur ce virus. Le premier cas chez l’humain a été détecté en Afrique en 1970.

Une zoonose, comme la variole simienne, est une maladie infectieuse qui se transmet de l’animal à l’humain. Les agents pathogènes zoonotiques peuvent se propager chez les humains par contact direct ou par la nourriture, l’eau ou l’environnement. Parmi les éclosions zoonotiques antérieures figurent la grippe porcine, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient et la COVID-19.

Le 23 juillet 2022, l'Organisation mondiale de la santé a déclaré que la variole simienne était une urgence de santé publique de portée internationale. En date du 28 avril 2023, le nombre total de cas confirmés de la maladie au Canada était de 1484, l’Ontario et le Québec étant en tête de liste. Près de 87 000 cas ont été confirmés à l’échelle mondiale.

Aux IRSC, 11 des projets de recherche sur la variole simienne seront appuyés par le Centre pour la recherche sur la préparation en cas de pandémie et d’urgence sanitaire et 2 par l’Initiative de recherche sur le VIH/sida et autres ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang).

Pour en savoir plus


 
Source: Instituts de recherche en santé du Canada.

Relations avec les médias

Sur le même sujet

santé publique LGBTQ+ financement