Joute oratoire entre quatre professeurs passionnés
- UdeMNouvelles
Le 5 septembre 2023
- Virginie Soffer
Parmi les activités de la rentrée, une joute oratoire a opposé quatre professeurs.
Le 31 août, à l'occasion de la Semaine d’accueil, organisée par les Services à la vie étudiante de l’Université de Montréal, quatre membres du corps professoral ont croisé le fer au cours d’une joute oratoire au rythme endiablé. Il s’agissait de présenter le sujet de son choix en 20 diapositives se succédant toutes les 20 secondes.
À cette soirée animée par Charline Hutin, du baccalauréat en études internationales et ambassadrice de l’UdeM, les quelque 200 personnes présentes ont ensuite voté pour la meilleure présentation.
L’infiniment moyen
C’est avec une diapositive entièrement noire que Paul Gendreau, professeur et directeur de l'École de psychoéducation de la Faculté des arts et des sciences, a ouvert le bal des présentations. Et bang! Le noir ne fut plus! Il a montré la création de l’Univers en seulement quelques minutes: des galaxies et des astres qui se sont formés jusqu’à notre planète bleue, où il y a eu d’abord des organismes unicellulaires, puis des humains.
Entre l’Univers, infiniment grand, et les multiples bactéries qui nous habitent, infiniment petites, l’humain se trouve, lui, dans l’infiniment moyen! Il peut être extraordinaire et bienveillant ou commettre de terribles actes. Mais comment l’expliquer? La réponse se trouverait-elle simplement dans nos gènes? Faudrait-il remonter à des milliers d’années pour le comprendre? Ou la réponse serait-elle dans notre cerveau et ses 86 000 milliards de cellules? Une chose est sûre, en étant formé à l’université, on en apprendra plus!
Façonner l’avenir des nouveau-nés prématurés dès la naissance
Marilyn Aita, professeure à la Faculté des sciences infirmières et chercheuse au CHUSJ, a amené l’auditoire dans un environnement bien différent, qui est rarement donné à voir: celui des répercussions du milieu néonatal sur la croissance et le développement de nouveau-nés prématurés.
Dans le monde, 1 enfant sur 10 naît prématurément, c’est-à-dire avant 37 semaines de gestation. Que se passe-t-il pour ces bébés qui n’ont plus cette grande proximité avec leur mère, qui ne sont plus plongés dans la noirceur avec des bruits camouflés durant la fin de leur développement? Vingt-cinq pour cent d’entre eux ont des séquelles neurodéveloppementales. L’équipe de Marilyn Aita cherche à reproduire le milieu utérin pour optimiser le neurodéveloppement des prématurés notamment en favorisant le contact peau à peau avec la mère et en réduisant le bruit et l’exposition à la lumière.
Faire des maths «avec les yeux»: une clé vers le calcul mental
«Dès la plus tendre enfance, on a la possibilité de faire des maths avec ses yeux. Et la dissociation entre la réalité perçue et le symbolisme mathématique conduit à la question “À quoi servent les maths?” Et vous, faisiez-vous partie de ces élèves qui auraient aimé voir les maths dans leur réalité?» a demandé en ouverture de son exposé Nathalie Bisaillon, professeure au Département de didactique de la Faculté des sciences de l'éducation.
Devant la salle ébahie, elle a montré comment se servir de ses capacités visuelles pour percevoir rapidement les ensembles comme lorsqu’on était enfants. À la fin de sa très courte présentation, l’auditoire était capable de calculer mentalement en seulement quelques secondes, même de façon approximative, combien font 54 625 + 32 397. L’astuce? Aller de la gauche vers la droite en additionnant les ensembles les plus grands. On obtient ainsi très rapidement un résultat compris entre 86 000 et 88 000. On va bien plus vite qu’en commençant par les unités, puis les dizaines! La salle était conquise et lui a attribué le prix du public.
Découvrir et apprendre des communautés rurales et autochtones des Philippines confrontées aux industries minières
Pour finir, Dominique Caouette, professeur au Département de science politique de la Faculté des arts et des sciences, a amené les auditeurs et auditrices aux Philippines pour exposer comment communautés autochtones et compagnies minières se partagent un même territoire. Les stratégies diffèrent d’un groupe à l’autre. Tandis qu’une minière s’est engagée à verser un pour cent de ses revenus aux autochtones, les membres d’une autre communauté ont choisi de se fédérer en coopérative pour exploiter un petit gisement.
Dominique Caouette a suivi ces différentes trajectoires qui l’ont conduit très loin des sentiers battus. Après avoir suivi des chercheurs d’or, de retour au village, le soir, on lui a demandé d’être juré dans un concours de drag queens. «Les recherches universitaires sont pleines de surprises!» a-t-il conclu.