Anne-Marie Gagné: exploratrice des langues et des mondes humains

Anne-Marie Gagné, professeure adjointe au Département de linguistique et de traduction de l'UdeM

Anne-Marie Gagné, professeure adjointe au Département de linguistique et de traduction de l'UdeM

Crédit : Amélie Philibert

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La nouvelle professeure du Département de linguistique et de traduction de l’UdeM Anne-Marie Gagné se passionne pour l’histoire, les sciences humaines et la traductologie.

Professeure adjointe au Département de linguistique et de traduction de l'Université de Montréal depuis janvier dernier, Anne-Marie Gagné incarne l'esprit d'exploration des langues et des mondes humains à travers ses parcours scolaire et professionnel.

Son voyage intellectuel l'a menée des sciences sociales à la traductologie, où elle explore l'importance de la traduction et de son humanité dans un monde de plus en plus automatisé.

Passionnée d’histoire et de traductologie

Dès son jeune âge, Anne-Marie Gagné est fascinée par l’histoire, au-delà des simples dates et évènements historiques. Attirée par la vie quotidienne des gens ordinaires à différentes époques, elle se découvre un intérêt marqué pour les sciences sociales et humaines. Après avoir brièvement étudié l'anthropologie, elle cède à son désir d'aventure et va parcourir le Canada et le Mexique, où elle acquiert une connaissance pratique de l'anglais et de l'espagnol.

En 2009, elle s'inscrit au baccalauréat en traduction de l'UdeM, attirée par la pratique professionnelle et désireuse de mettre à profit ses compétences linguistiques pour voyager. Déjà trilingue à l'oral, elle choisit d'ajouter une mineure en études hispaniques pour perfectionner ses habiletés en écriture dans la langue de Cervantès.

C'est durant son parcours universitaire en traduction qu'elle se prend de passion pour la traductologie. Alors que certains de ses collègues de classe ne s'y intéressent guère, Anne-Marie Gagné s'immerge dans cette discipline qui étudie les pratiques de traduction à travers le temps et les défis qui en résultent.

«Les divers courants historiques et sociologiques ont façonné les approches de la traduction au fil de l'histoire et c’est la traductologie qui m'a guidée dans mes études de maîtrise, où je me suis intéressée à la retraduction d'un point de vue à la fois linguistique et humain», indique-t-elle.

Dans cette optique, elle analyse le livre Mémoire du feu, traduit en français dans les années 1980, puis révisé en 2013 au Québec. À travers des entretiens avec la réviseuse de l’ouvrage, elle adopte une approche multiméthode pour effectuer une analyse approfondie de la révision.

Après sa maîtrise, Anne-Marie Gagné travaille comme traductrice et réviseuse, consolidant ainsi son expérience pratique dans le domaine, puis elle entreprend son doctorat en 2017, se penchant sur la sociologie et la traduction.

Sa thèse, achevée en 2022, examine les versions en anglais et en espagnol du livre Invitation to Sociology, de Peter L. Berger, initialement publié en 1963 aux États-Unis. Elle porte sur l’influence des facteurs socioculturels et historiques ainsi que sur celle des rôles des traducteurs, des éditeurs et des lecteurs dans la production de ces traductions.

La traduction humaine, plus riche que la «machine»

Tandis que les outils technologiques se mêlent de plus en plus à la traduction, Anne-Marie Gagné reste convaincue de l'importance de la traduction humaine.

«Bien que les outils de traduction automatique puissent faciliter la communication dans certaines situations, ils nous privent de la riche expérience associée à la traduction humaine», déplore-t-elle.

Ses recherches actuelles s'intéressent d’ailleurs à la relation entre les traducteurs et leurs outils technologiques, et à leurs attitudes et perceptions à l'égard de ceux-ci.

Anne-Marie Gagné demeure convaincue que la traduction humaine perdurera, car elle apporte une valeur intrinsèque à travers la créativité et l'émotion qu'elle transmet.

«Les outils de traduction neuronale peuvent réaliser des tâches fastidieuses, mais ils manquent souvent de profondeur et de nuance que seule la sensibilité humaine peut offrir, conclut-elle. L’avenir de la traduction ne réside pas uniquement dans sa capacité à traduire rapidement, mais dans sa capacité à susciter l'intérêt et à partager l'expérience humaine à travers les langues.»