Un champignon et des canneberges: un accord surprenant

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Ce n’est pas une recette du temps des fêtes. Mais plutôt le compte rendu d’une étude qui révèle le potentiel fertilisant d’un champignon présent dans les racines des plants de canneberge.

À l’approche du temps des fêtes, le mot canneberge résonne bien souvent dans les chaumières québécoises, aux côtés de la dinde et des cocktails pétillants. Cette petite baie acidulée fait partie de la gastronomie saisonnière de chez nous et pour cause: le Québec est le deuxième – ou troisième selon les années – producteur de canneberges au monde.

Et voilà qu’une équipe de recherche a peut-être trouvé le moyen d’accroître cette production.

Dans un article récent, la doctorante Bhagya C. Thimmappa, sous la direction de Gertraud Burger, professeure au Département de biochimie et médecine moléculaire de l’Université de Montréal, explique avoir mis au jour une façon de faire pousser plus efficacement des plants de canneberge.

Son équipe et elle ont découvert qu’un champignon microbien – nommé Endophytic Champignon 4 (EC4) – colonisant l’intérieur et l’extérieur des racines des plantes pouvait stimuler la croissance des racines et des pousses. Ce champignon a été isolé de l’environnement par l’équipe du professeur Franz B. Lang, du même département.

«Les plants de canneberge poussent normalement dans un sol acide et pauvre en nutriments. Nous nous sommes donc demandé comment ils pouvaient prospérer dans de telles conditions et avons compris qu’EC4 permet aux plants d’absorber des nutriments, en plus de solubiliser ceux qui sont insolubles et donc inaccessibles», indique Bhagya C. Thimmappa.

La biologie moléculaire au service de l’environnement

Bhagya Thimmappa

Bhagya C. Thimmappa

Crédit : Courtoisie

Pour parvenir à cette conclusion, la chercheuse a effectué un séquençage du génome d'EC4 pour comprendre à l’échelon moléculaire son potentiel fertilisant. Le séquençage a dévoilé un grand nombre de gènes actifs dans la nutrition azotée, phosphatée et potassique, ainsi que dans la production d’hormones de croissance. Des tests en serre ont ensuite confirmé cette stimulation de la croissance.

Cette découverte pourrait paver la voie à une agriculture de la canneberge plus durable, où un champignon servirait d’agent biofertilisant. «Les consommateurs et les agriculteurs s’intéressent de plus en plus à la recherche de solutions de remplacement aux produits chimiques, qui ont des conséquences nocives sur l’environnement. Et EC4 s’avère une option verte prometteuse», croit Bhagya C. Thimmappa.

À ce chapitre, l’équipe mène actuellement des tests sur le terrain pour évaluer le potentiel d’EC4 en milieu naturel, en collaboration avec des entreprises québécoises.