Les fenêtres du pavillon Roger-Gaudry rajeunissent!

Chantier au pavillon Roger-Gaudry

Chantier au pavillon Roger-Gaudry

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 5 secondes

Le remplacement des 3400 fenêtres du pavillon Roger-Gaudry est en cours.

Fenêtres du pavillon Roger-Gaudry

Fenêtres du pavillon Roger-Gaudry

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Depuis 20 mois, le pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal, œuvre phare d’Ernest Cormier et fleuron de l’architecture art déco de la métropole, est le théâtre de plusieurs chantiers d’envergure, aussi bien intérieurs qu'extérieurs. L'un de ces projets, piloté par la Direction des immeubles (DI), vise le remplacement de plus de 1400 des 3400 fenêtres d'origine de ce bâtiment emblématique inauguré en 1943.  

L'objectif de cette grande opération est double: améliorer l'efficacité énergétique du bâtiment tout en préservant la richesse patrimoniale de son enveloppe. Le projet, dont la première phase s’est achevée en décembre dernier, présente des défis d’une grande complexité, sur lesquels reviennent Sylvie Gélinas et Andrei Iacob, gestionnaires successifs du projet à la DI.

Un défi de conception et d’installation

Fenêtres du pavillon Roger-Gaudry

Fenêtres du pavillon Roger-Gaudry

Crédit : Andrei Iacob

«Près de 10 ans d'études ont été nécessaires avant de se lancer, en raison de contraintes multiples telles que les dimensions hors normes des fenêtres, les critères écoénergétiques et les exigences de la division du patrimoine de la Ville de Montréal», explique Sylvie Gélinas. La simple recherche de fabricants capables de fournir les 24 types de fenêtres requis dans les délais impartis a constitué un défi en soi. 

La question de la conservation patrimoniale a été au cœur des choix faits tout au long du projet. Toute modification au pavillon Roger-Gaudry doit en effet respecter des normes strictes de restauration. Et l’Université voulait préserver l’effet de verticalité des lignes du bâtiment, une caractéristique chère à Ernest Cormier. 

Une analyse patrimoniale et plusieurs prototypages de fenêtres in situ ont été indispensables pour sélectionner les modèles les plus appropriés aux conditions exigeantes d'exposition aux intempéries propres au flanc nord du mont Royal, garantissant une durée de vie d’au moins 50 ans. 

Autre défi: comme les fenêtres d’origine ont été installées sur une période de 10 à 15 ans par différents entrepreneurs et selon des scénarios variés, chaque fenêtre nécessite un examen individuel et son installation doit être adaptée.  

Dans certains cas, le cadre de la fenêtre servait de support à la maçonnerie et jouait un rôle de soutien structural, une pratique obsolète. Les équipes de la DI ont alors dû déconstruire les murs extérieurs et renforcer les structures pour extraire les fenêtres. «Une fois les murs ouverts, nous en avons profité pour améliorer les appuis afin d’installer les nouvelles fenêtres et ainsi prévenir la déconstruction des murs extérieurs lors du prochain remplacement», indique Andrei Iacob.  

Les nouvelles fenêtres: même style, mais performance accrue

Fenêtre originale (en haut) et la version restaurée (en bas): même style patrimonial, en aluminium et plus éconoénergétique.

Fenêtre originale (en haut) et la version restaurée (en bas): même style patrimonial, en aluminium et plus éconoénergétique.

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Le résultat respire l’authenticité. Même s’il a bien fallu remplacer l’acier par l’aluminium pour améliorer l’efficacité thermique, les nouvelles fenêtres préservent le style d’origine grâce à la minceur du profilé. Pour la couleur des cadres, les concepteurs ont arrêté leur choix sur la peinture qui ressemblait le plus à celle appliquée il y a plus de 80 ans, la Sico 6177-83, au nom évocateur de Nuit tourmentée! 

Les nouvelles fenêtres respectent les normes contemporaines de performance énergétique, incluant isolation thermique et étanchéité. Elles sont à soufflet et s'ouvrent vers l’intérieur par le haut, permettant une ventilation naturelle en complément du nouveau système d’air pulsé qui sera installé ultérieurement dans les locaux réaménagés par la Transformation des espaces. 

Les défis de la coordination du chantier

Ce qui fait la particularité de ce projet, doté d'un budget d’environ 64 M$, c’est la coordination de ses différentes phases de réalisation, interdépendantes, tout en permettant aux usagers de vaquer à leurs occupations. Le pavillon Roger-Gaudry abrite notamment une clinique dentaire sur deux étages, plusieurs laboratoires de recherche et d’enseignement de la Faculté de médecine ainsi que le rectorat, qui ne peuvent interrompre leurs activités. Plusieurs locaux sont actuellement inoccupés en raison des travaux de rénovation de la Transformation des espaces, ce qui facilite l’opération.  

Selon Jean Charles Vinet, conseiller principal à la DI et responsable de la coordination du chantier, «les contraintes d'horaires des travaux bruyants, imposées entre autres par les règlements municipaux, les disponibilités des entrepreneurs et le lancement de chantiers en pleine pandémie, avec la rareté des matériaux et de la main-d'œuvre, ont demandé beaucoup d’agilité de la part des équipes et tout un travail de synchronisation!» 

Le projet se poursuivra jusqu’en 2025. Après la partie ouest, ce sont les fenêtres des ailes D, E, F et G de la section est du pavillon qui sont en cours de remplacement, jusqu’à l’été prochain. La phase finale, la plus complexe, touchera les ailes A, B, C et D, ainsi que l’aile H du rectorat, qui devra déménager pendant les travaux de transformation des espaces dans ce secteur. Elle débutera en mars pour se terminer en décembre 2025.  

Quant aux quelque 2000 fenêtres restantes, leur rajeunissement fera l’objet de phases ultérieures, actuellement à l’étude.