L’activité physique protège les ados, oui, mais…

La doctorante insiste sur un environnement sportif qui valorise le dépassement de soi, la persévérance et la coopération, particulièrement lorsque l’environnement familial n’est pas favorable.

La doctorante insiste sur un environnement sportif qui valorise le dépassement de soi, la persévérance et la coopération, particulièrement lorsque l’environnement familial n’est pas favorable.

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L’activité physique aiderait les jeunes avec un tempérament difficile et ceux exposés à l’adversité familiale, à condition qu’elle soit réalisée dans un contexte particulier.

Une nouvelle étude révèle que la pratique élevée de l’activité physique au début de l’adolescence réduirait les symptômes dépressifs des jeunes au tempérament difficile, issus de familles à faible revenu ou exposés à un dysfonctionnement familial.

Cependant, ces effets positifs, étudiés pendant la période de transition entre l’école primaire et l’école secondaire, n’apparaissent que dans certaines conditions et varient en fonction de caractéristiques telles que l’intensité et le contexte de l’activité.

Des résultats nuancés

Fatima Alawie, étudiante au doctorat en psychoéducation

Fatima Alawie, étudiante au doctorat en psychoéducation à l'Université de Montréal

Crédit : Courtoisie

Chez les adolescents au tempérament difficile – ceux qui sont aisément contrariés par la nouveauté ou plus susceptibles de présenter des réponses émotionnelles et comportementales inadaptées –, l’activité physique de faible niveau augmenterait les symptômes anxieux.

Chez ceux évoluant dans une famille dysfonctionnelle – ceux qui sont exposés à des difficultés communicationnelles et de résolution de problèmes, par exemple –, des niveaux élevés d’activité physique amplifieraient l’agressivité.

«Dans tous les cas, le contexte social du sport est très important», fait valoir Fatima Alawie, première auteure de l’étude et étudiante au doctorat dirigée par les professeures de l’Université de Montréal Véronique Dupéré (École de psychoéducation) et Elizabeth Olivier (Département de psychopédagogie et d’andragogie).

Par exemple, explique la chercheuse, pour les jeunes au tempérament difficile, qui ont souvent plus de difficultés à s’intégrer, il importe que les activités physiques valorisent les compétences sociales.

Par ailleurs, ceux qui font face à des difficultés familiales et qui n’ont pas une présence parentale suffisante auraient plus tendance à être influencés par l’agressivité parfois véhiculée dans le contexte sportif et à la transposer à d’autres contextes de vie. «D’où l’importance d’avoir une activité physique encadrée par un adulte pour éviter l’escalade vers des comportements déviants», ajoute-t-elle.

Une vision plus large de l’activité physique

Aux yeux de Fatima Alawie, l’association trouvée entre l’activité physique et l’agressivité chez les jeunes exposés à un fonctionnement familial déficient souligne la nécessité d’envisager les inconvénients potentiels du sport, mais, surtout, de réfléchir au contexte dans lequel il est offert.

«C’est sans équivoque, les bénéfices généraux de l’activité physique soutiennent l’importance de sa promotion auprès des parents et des écoles. Mais, elle peut avoir des effets néfastes chez certaines populations quand la culture sportive est surtout axée sur la performance et la compétition», souligne-t-elle.

La doctorante insiste donc sur un environnement sportif qui valorise le dépassement de soi, la persévérance et la coopération, particulièrement lorsque l’environnement familial n’est pas favorable.

Un constat qui semble coller parfaitement avec l’approche de Pierre Lavoie pour favoriser l’activité physique dès le plus jeune âge et la soutenir tout au long de la vie.