Les verrières du pavillon Roger-Gaudry ouest se refont une beauté patrimoniale!
- UdeMNouvelles
Le 8 avril 2024
- Sylvie Dô
Les imposantes verrières du pavillon Roger-Gaudry ouest retrouveront leur beauté d’origine. Cette cure de jouvence à saveur écoénergétique était plus qu’attendue!
Impossible de les rater. Depuis octobre 2022, les extrémités des ailes ouest du pavillon Roger-Gaudry de l'Université de Montréal sont drapées en permanence d’immenses voiles. On pourrait y voir une œuvre artistique contemporaine. Mais derrière se cache l’un des chantiers les plus singuliers en cours sur le campus de la montagne: la réfection des verrières de ce bâtiment à la tour emblématique.
On ne le remarque pas toujours, mais les six imposantes ailes qui surgissent en parfaite symétrie à l’avant du pavillon Roger-Gaudry ne sont pas tout à fait identiques à leurs extrémités. Les trois ailes du flanc est sont sobrement fenêtrées d’une embrasure verticale et abritent des cages d’escaliers tandis que les trois ailes du bloc ouest disposent chacune d’une ample fenestration en verrière, haute de 2,6 mètres et déployée sur toute la largeur du front.
Ce sont ces verrières qui font aujourd’hui l’objet d’une remise à neuf patrimoniale fort attendue. Le projet, géré par la Direction des immeubles (DI), est doté d’un budget de 10 M$. Bien qu’il soit avant tout utilitaire, l’Université en a profité pour redonner ses lettres de noblesse à cette partie du bâtiment en revenant au style d’origine, éclipsé par les travaux de rénovation antérieurs. Ce n’était pas sans déplaire à l’exigeante division du patrimoine de la Ville de Montréal, qui a été séduite par le projet.
«Cette réfection n’est pas un luxe! dit Sylvie Gélinas, gestionnaire responsable de l’amorce du projet à la DI. Il y a à peine quelques années, les équipes ont été contraintes de renforcer les parties extérieures des deux derniers étages, devenues trop fragiles.»
En effet, l’air, l’eau et la neige se sont infiltrés avec le temps et ont détérioré les cadres en bois, très exposés aux intempéries. L’infiltration d’eau a graduellement altéré la structure de béton en porte-à-faux sur laquelle les verrières reposaient à un point tel qu’elle s’est gonflée par endroits, causant des crevasses et exposant l’armature de métal à une inévitable corrosion.
Ce projet de réfection se déroule en parallèle à tous les autres qui ont lieu en ce moment au pavillon Roger-Gaudry, comme la réfection des fenêtres et de la maçonnerie à l’extérieur du pavillon et la transformation des espaces à l’intérieur. Les locaux adjacents au chantier des verrières sont occupés principalement par la Faculté de médecine, l’École de santé publique de l’UdeM et les Technologies de l’information, qu’il a fallu reloger pour la durée du chantier. Les équipes de la DI ont dû tenir compte de leurs contraintes d’horaire en plus de celles imposées par les règlements municipaux afin de minimiser les répercussions des travaux.
Du beau, du neuf et du performant!
Selon Sandra Gagné, gestionnaire de projet et responsable de mettre le chantier en branle, «de l’extérieur du pavillon, la réfection des verrières conférera un coup d’éclat à cette partie du bâtiment. Elle inscrira un style plus élégant et fidèle au “vocabulaire” architectural qu’avait conçu l’architecte avant-gardiste Ernest Cormier en 1928. On n’y trouvera qu’une seule dimension de fenêtres, qui seront montées en larges pans sur une structure intérieure fine et discrète qui laissera paraître plus de vitrage». L’ossature des verrières sera faite d’aluminium prépeint, plus léger que le bois, résistant à la corrosion et ne nécessitant aucun entretien. Elle sera déposée sur la dalle en porte-à-faux du bâtiment. Photos et illustration à l’appui, les concepteurs du projet nous montrent comment la remise à neuf, une fois terminée, redonnera aux verrières leur style art déco d’origine.
Quant à l’intérieur du bâtiment, les nouvelles verrières redonneront aux occupants une vue imprenable sur les couchers de soleil et le paysage. Le confort sera également au rendez-vous grâce à des matériaux performants en termes d’étanchéité et d’isolation thermique. Plusieurs des volets des nouvelles verrières s’ouvriront manuellement, ce qui permettra un apport d’air naturel, au besoin.
Les étapes de la remise à neuf
Andrei Iacob, qui a pris le relais de la gestion du projet jusqu’à ce jour, explique que, après avoir «déshabillé» les bouts d’ailes T, U et V ainsi que l’extrémité ouest de l’aile S, les sections de la structure en porte-à-faux nécessitant une reconstruction ont été restaurées. Ensuite, de larges panneaux de fenêtres ont été insérés directement entre les bandeaux de maçonnerie. Cette importante surface vitrée permet une réintégration pérenne des lignes architecturales d'origine du bâtiment.
Selon lui, si tout se passe comme prévu, les nouvelles verrières seront dévoilées en juillet prochain.
Le style lumineux d’origine
Ernest Cormier, l’architecte-ingénieur visionnaire, avait initialement conçu ces ailes de l’ouest du pavillon Roger-Gaudry pour un hôpital universitaire. Comme pour le reste du bâtiment, il a porté une attention particulière à l’utilisation de la lumière naturelle, dans ce cas-ci pour favoriser la guérison des patients, conformément aux pratiques de l’époque. D’imposantes verrières abritant des laboratoires et des bureaux ont été intégrées. Malheureusement, elles n’ont pas échappé aux ravages du temps.