Des astronomes de l’UdeM participent à la construction du plus grand télescope du monde

Le dôme de l’ELT en construction au Chili

Le dôme de l’ELT en construction au Chili

Crédit : ESO/G. Vecchia

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Une équipe canadienne dirigée par René Doyon participera à la conception et à la fabrication du spectrographe ANDES, qui recherchera des signes de vie en dehors du système solaire.

René Doyon

René Doyon

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

En 2014, l'Observatoire européen austral (ESO) a commencé la construction, à plus de 3000 m d'altitude dans le désert d'Atacama au Chili, du plus grand télescope du monde, en anglais l'Extremely Large Telescope (ELT). Prévu pour entrer en service en 2028, ce télescope géant promet de marquer une nouvelle ère dans l'astronomie au sol.

Le 5 juin, l’ESO a signé un accord avec un consortium d'organisations de 13 pays pour la conception et la fabrication du spectrographe ANDES (pour ArmazoNes high Dispersion Echelle Spectrograph). L'instrument, qui sera installé sur ce télescope, sera utilisé pour rechercher des signes de vie sur les exoplanètes et les toutes premières étoiles, ainsi que pour tester les variations des constantes fondamentales de la physique et mesurer l'accélération de l'expansion de l'Univers.

Une équipe canadienne, représentée par l’Université de Montréal et codirigée par le professeur René Doyon, fait partie des principaux contributeurs à ce projet novateur de spectrographe proche infrarouge.

Qu’est-ce qu’un spectrographe?

Un spectrographe est un instrument qui décompose la lumière en ses différentes longueurs d'onde afin que les astronomes puissent déterminer des propriétés importantes d’objets célestes telles que leur composition chimique.

L'instrument ANDES sera particulièrement puissant et aura une précision record dans les longueurs d'onde du visible et du proche infrarouge. Ajouté à l'efficace système de miroirs de l'ELT, il ouvrira la voie à des recherches couvrant de multiples domaines de l'astronomie.

Il pourra donc effectuer des relevés détaillés de l'atmosphère des exoplanètes semblables à la Terre, ce qui permettra aux astronomes de rechercher des signes de vie à grande échelle.

Il sera également en mesure d'analyser les éléments chimiques présents dans les objets lointains de l'Univers jeune, ce qui en fera probablement le premier instrument capable de détecter les signatures des étoiles de population III, les premières étoiles nées dans l'Univers.

En outre, les astronomes pourront utiliser les données d'ANDES pour vérifier si les constantes fondamentales de la physique varient avec le temps et l'espace. Ses données complètes seront également employées pour mesurer directement l'accélération de l'expansion de l'Univers, l'un des mystères les plus tenaces du cosmos.

La participation canadienne à la recherche de vie dans l’Univers

L'équipe canadienne est dirigée par l'Observatoire du Mont-Mégantic et son laboratoire d'astrophysique expérimentale, sous le leadership de René Doyon, cochercheur principal de l'équipe et professeur d’astrophysique à l’UdeM.

Le projet comprend aussi des travaux de conception menés par le Centre de recherche Herzberg en astronomie et en astrophysique du Conseil national de recherches du Canada, qui collabore étroitement avec l'équipe scientifique canadienne d'ANDES, codirigée par Kim Venn, de l'Université de Victoria, l'autre cochercheuse principale du projet.

L'équipe canadienne travaille à la mise au point du spectrographe proche infrarouge ainsi que de l'optique adaptative et des systèmes de contrôle et de la réduction des données, en plus de rendre disponible du personnel scientifique hautement qualifié.

Les objectifs ambitieux d'ANDES, telles la détection de signatures de vie dans les atmosphères des exoplanètes et l'étude des premières étoiles de l'Univers, sont en parfaite adéquation avec les recherches de pointe menées par les scientifiques canadiens, en particulier à l'Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes de l'UdeM, le plus important centre de recherche sur les exoplanètes au Canada.

Cette collaboration met en évidence les solides capacités du Canada dans le domaine de l'astronomie infrarouge et souligne le leadership du pays en matière de recherche astrophysique et son engagement à faire progresser notre compréhension de l'Univers.

«ANDES aura des retombées significatives dans toutes les branches de l'astrophysique grâce à sa capacité unique à détecter les signatures spectrales de la vie dans l'atmosphère d'exoplanètes potentiellement habitables situées près du Soleil, explique René Doyon. Il incitera également la communauté astronomique canadienne à utiliser l'ELT, qui devrait être opérationnel dans quelques années.»

C’est grâce à l'expertise poussée en infrarouge acquise par le Laboratoire d’astrophysique expérimentale de l'Observatoire du Mont-Mégantic que la participation canadienne a été sollicitée: «Cette participation permet aux scientifiques canadiens de contribuer à la conception et à la construction d'un instrument destiné au plus grand télescope du monde, offrant ainsi aux astronomes du pays un temps d'observation précieux pour approfondir notre compréhension de l'Univers», ajoute l’astrophysicienne Frédérique Baron, gestionnaire de projet de l'équipe canadienne de l'instrument à l'UdeM.

Pour en savoir plus sur le projet ANDES

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