Des étudiants de l’UdeM à la recherche des traces du passé des Mayas, au Guatemala

L’équipe du Proyecto Arqueológico Ucanal de fouilles sur le site maya d’Ucanal, situé au nord du Guatemala.

L’équipe du Proyecto Arqueológico Ucanal de fouilles sur le site maya d’Ucanal, situé au nord du Guatemala.

Crédit : Carlos Cruz

En 5 secondes

Sept étudiants de l’UdeM prennent part à une mission anthropologique au Guatemala où ils participent à un projet visant à retracer le passé des Mayas, avec la professeure Christina Halperin.

Au nord du Guatemala, dans une région reculée proche de la frontière avec le Belize, une équipe internationale d’archéologues et d’étudiants s’affaire à percer les mystères d’une ancienne cité maya. Ucanal, dont le nom signifie «Place de la montagne jaune», est au centre d’un projet de recherche multidisciplinaire dirigé par la professeure Christina Halperin de l’Université de Montréal. 

Le Proyecto Arqueológico Ucanal (PAU), lancé en 2014, rassemble des chercheurs et étudiants de plusieurs institutions, dont l’UdeM, l’Université de San Carlos au Guatemala, et diverses universités américaines.  

Cette année, l’équipe compte 45 personnes, dont six étudiants de l’UdeM: deux au baccalauréat, deux à la maîtrise et un au doctorat, ainsi qu’un chercheur postdoctoral. Ils sont accompagnés par des étudiants guatémaltèques et des spécialistes américains.

Un site habité depuis plus de 3000 ans

Étudiante en anthropologie à l’UdeM, Yasmine Flynn-Arajdal découvre un olla (pot maya) partiellement complet dans un groupe résidentiel d’Ucanal.

Étudiante en anthropologie à l’UdeM, Yasmine Flynn-Arajdal découvre un olla (pot maya) partiellement complet dans un groupe résidentiel d’Ucanal.

Crédit : Christina Halperin

Habité depuis plus de 3000 ans et toujours occupé aujourd’hui, le site d’Ucanal a connu une grande expansion entre 600 et 1000 de notre ère. Les recherches récentes ont révélé que la cité ne constituait pas qu’un centre monumental. «Nous avons cartographié une grande ville dense, avec une zone centrale d’environ 7,5 km² et une périphérie s’étendant sur au moins 26 km²», précise Christina Halperin. 

L’objectif du projet consiste à comprendre comment vivaient les habitants d’Ucanal durant la période du Classique terminal (de 830 à 1000 de notre ère), une époque marquée par l’effondrement de nombreuses dynasties mayas. «Contrairement à nos attentes initiales, nous avons constaté une augmentation de la population et une certaine prospérité, malgré l’instabilité politique», ajoute la chercheuse.

Deux mois sur le terrain

Toutes trois étudiantes en anthropologie à l’UdeM, Cynthia Bello-Hernandez, Yasmine Flynn-Arajdal et Gabrielle Proulx travaillent dans le laboratoire de Flores.

Toutes trois étudiantes en anthropologie à l’UdeM, Cynthia Bello-Hernandez, Yasmine Flynn-Arajdal et Gabrielle Proulx travaillent dans le laboratoire de Flores.

Crédit : Christina Halperin

Les étudiants participent activement à toutes les étapes de la recherche. Durant le premier mois, ils se concentrent sur les fouilles tandis qu'au cours du mois suivant, ils analysent leurs découvertes dans un laboratoire situé sur l’île de Flores – lequel a été la dernière capitale maya non conquise avant 1697. 

«Cet été, l’équipe se focalise sur des structures cérémoniales et administratives, indique Christina Halperin. Nous explorons un long bâtiment que nous croyons être une maison du Conseil, où les chefs de village se réunissaient, et nous espérons que cela nous en dira plus sur l’organisation politique durant cette période tumultueuse.» 

Les conditions de travail sont loin d’être idéales: l’équipe vit dans un campement au cœur du parc national, sans électricité ni connexion Internet fiable. D’ailleurs, pour avoir du réseau, il faut grimper au sommet de la plus haute pyramide du site «et même là, la connexion reste capricieuse», plaisante la professeure. 

En plus de superviser les fouilles, la professeure donne un cours intensif de huit jours avec 12 étudiants dans le cadre duquel elle aborde notamment la gestion des parcs naturels, le lien entre patrimoine culturel et environnement, et l’importance des pratiques traditionnelles comme le tissage. 

«Nous ne faisons pas qu’étudier le passé, nous examinons comment ces connaissances s’appliquent au présent, comment elles peuvent informer notre compréhension des enjeux autochtones actuels», assure Christina Halperin.

«Les Mayas n’ont pas disparu»

Un endroit idéal pour une présentation étudiante dans le cadre du cours Patrimoine culturel en Amérique centrale.

Un endroit idéal pour une présentation étudiante dans le cadre du cours Patrimoine culturel en Amérique centrale.

Crédit : Christina Halperin

Selon elle, les découvertes faites à Ucanal remettent en question certaines idées reçues sur l’histoire maya. Alors que l’on pensait que la population avait drastiquement diminué après la période Classique, les fouilles montrent que le site était encore utilisé pour des cérémonies 500 ans après, vers 1500. 

«Les Mayas n’ont pas disparu, insiste la professeure de l’UdeM. Ils ont continué à habiter la région, à pratiquer leurs traditions, et leur culture a persisté malgré les bouleversements.» 

Ce projet offre aux étudiants une perspective unique sur la longue histoire de résistance et d’adaptation des Mayas. La région d’Ucanal, éloignée des centres coloniaux, est restée sous contrôle maya bien après la conquête, l’influence espagnole ne s’y imposant réellement qu’il y a environ 200 ans. 

Pour les étudiants, cette expérience va bien au-delà de l’apprentissage universitaire. Ils travaillent en étroite collaboration avec les collectivités locales, participant aux fouilles et à la logistique du projet.  

«C’est une occasion d’apprentissage extraordinaire pour eux, conclut Christina Halperin. Ils sont immergés dans un environnement de recherche intense, travaillant aux côtés de spécialistes internationaux et de la communauté locale. C’est un apprentissage qui va bien au-delà de ce qu’on peut enseigner en salle de classe.»

  • Laurianne Gauthier prend des notes sur les fouilles du site Structure K-1, à Ucanal.

    Laurianne Gauthier prend des notes sur les fouilles du site Structure K-1, à Ucanal.

    Crédit : Christina Halperin
  • Deux étudiantes analysent des fragments de céramique au laboratoire de Flores.

    Deux étudiantes analysent des fragments de céramique au laboratoire de Flores.

    Crédit : Christina Halperin
  • Étudiant en anthropologie, l’étudiant Jonathan Fournier-Crosato et Carlos installent d'équipement de cartographie.

    Étudiant en anthropologie, l’étudiant Jonathan Fournier-Crosato et Carlos installent d'équipement de cartographie.

    Crédit : Christina Halperin
  • Le post-doctorant en anthropologie Jean-Baptiste LeMoine et Roberto se tiennent au bord d'un ancien mur bordant la partie est de la ville d’Ucanal.

    Le post-doctorant en anthropologie Jean-Baptiste LeMoine et Roberto se tiennent au bord d'un ancien mur bordant la partie est de la ville d’Ucanal.

    Crédit : Christina Halperin