La signification des taches blanches
- UdeMNouvelles
Le 21 novembre 2024
Une équipe de recherche dirigée par Zdenka Pausova et Tomas Paus, de l’UdeM, établit un lien entre des taches blanches révélées par l’IRM cérébrale chez des aînés et un risque génétique de démence.
Les taches blanches brillantes détectées lors d’une IRM cérébrale sont des lésions appelées hyperintensités de la matière blanche (HSB). Elles semblent indiquer la présence d’un problème dans la substance blanche du cerveau et la possibilité d’anomalies structurelles.
Ces lésions sont assez répandues chez les personnes âgées de plus de 60 ans et leur fréquence augmente progressivement avec l’âge. Environ 20 % des gens de plus de 60 ans et au-delà de 90 % des individus de plus de 80 ans en sont atteints.
Des études ont mis en lumière que ces petites lésions de la substance blanche pourraient avoir un lien avec l’amincissement du cortex cérébral.
Aujourd’hui, une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Communications démontre que c’est le cas.
En collaboration avec des collègues aux États-Unis et en Europe du consortium CHARGE (Cohorts of Heart and Aging Research in Genomic Epidemiology), des chercheurs et chercheuses de l’Université de Montréal ont mis en évidence des raisons génétiques claires expliquant pourquoi les HSB apparaissent si fréquemment chez les personnes plus âgées.
«Nous avons entrepris d’étudier les HSB et leur lien potentiel avec l’atrophie corticale, une caractéristique dominante de la démence, mentionne Zdenka Pausova, professeure de pédiatrie à l’UdeM et chercheuse au CHU Sainte-Justine. Nous étions motivés par une question cruciale: les facteurs génétiques pourraient-ils sous-tendre l’association entre les HSB et l’amincissement du cortex et pourraient-ils également expliquer une partie du risque de démence observé? Nos découvertes ont confirmé que c’est possible.»
Plus de 50 000 participants
Dans leur enquête à grande échelle sur la génétique de l’amincissement cortical associé aux HSB, Zdenka Pausova et ses collègues ont rassemblé et analysé les données de 51 065 participantes et participants répartis dans 10 cohortes. Tous étaient d’ascendance européenne, le plus jeune sujet ayant 19 ans et le plus âgé 100 ans.
«Les résultats ont établi que, dans toutes les cohortes, un volume plus élevé de HSB était systématiquement associé à une épaisseur réduite du cortex», a déclaré Tomas Paus, coauteur principal de l’étude, professeur de psychiatrie et de neurosciences à l’UdeM et chercheur au CHU Sainte-Justine.
«Cela était vrai même après avoir pris en compte les facteurs de risque vasculaire typiques comme l’hypertension et le diabète, a ajouté Zdenka Pausova. La corrélation la plus forte a été observée dans l’insula, une région cérébrale clé pour l’intégration des fonctions sensorielles, émotionnelles et cognitives.»
Une étude d’association à l’échelle du génome (méta-GWAS) a été réalisée pour explorer les locus génétiques associés à cette atrophie corticale liée aux HSB. Les chercheurs ont mis au jour 20 locus significatifs, dont 15 ont une influence sur les gènes du cortex, en particulier ceux actifs dans le transport axonal et l’organisation du cytosquelette qui sont essentiels au maintien de la santé neuronale.
En outre, ces signaux génétiques étaient enrichis dans les types de cellules vasculaires et les cellules soutenant la santé neuronale, telles que les astrocytes et les oligodendrocytes. Selon les scientifiques, ce schéma reflète l’hypothèse selon laquelle les perturbations des petits vaisseaux sanguins et de la santé axonale peuvent contribuer à l’amincissement du cortex, liant ainsi le risque vasculaire à l’atrophie corticale.
«Un aspect particulièrement important de notre étude était la construction d’un score de risque polygénique basé sur notre méta-GWAS, a dit Zdenka Pausova. Lorsqu’il a été appliqué à un ensemble de données indépendant de 500 000 individus en Finlande, il a démontré qu’une plus grande vulnérabilité génétique à l’atrophie corticale liée aux HSB est corrélée à un risque accru de démence vasculaire et de démence toutes causes confondues.»
Les scientifiques qui ont réalisé cette étude concluent que cette découverte souligne le besoin de tenir compte de la santé vasculaire et de la susceptibilité génétique de certaines personnes en ce qui a trait à la compréhension du risque de démence.
À propos de cette étude
L’étude «Genetic risk factors underlying white matter hyperintensities and cortical atrophy», réalisée par Zdenka Pausova, Tomas Paus et leurs collègues, a été publiée le 4 novembre 2024 dans la revue Nature Communications.