Stress et personnes âgées: une intervention novatrice qui le fait diminuer
- Salle de presse
Le 30 janvier 2025
- UdeMNouvelles
Une étude a démontré que le programme O’stress a permis aux personnes âgées qui l’ont suivi de diminuer leur niveau de cortisol, l’hormone du stress, de façon significative et durable.
Une équipe de recherche de l’Université de Montréal, composée de Marie-Josée Richer et Pierrich Plusquellec, de l’École de psychoéducation, ainsi que de Sébastien Grenier, du Département de psychologie, et de Sonia Lupien, du Département de psychiatrie et d'addictologie, a dévoilé les résultats d’une étude sur la résilience face au stress chez les personnes âgées.
Publiés dans la revue Frontiers in Psychology le 5 janvier, ils mettent en lumière les effets bénéfiques du programme d’intervention de six semaines O’stress, destiné à renforcer la santé émotionnelle des aînés.
Menée auprès de 170 participants âgés en moyenne de 76 ans, cette étude a révélé que les sujets qui avaient suivi le programme O’stress utilisaient, trois semaines après la fin du programme, davantage des stratégies de résolution de problèmes et souffraient moins d’anxiété.
De plus, les niveaux de cortisol diurnes, indicateurs de stress chronique, ont été réduits de manière notable. Cet écart s’est maintenu entre le groupe expérimental et le groupe témoin trois mois après la fin du programme.
«Au même titre que l’adolescence, mais pour des raisons différentes, le vieillissement est une période particulièrement sensible où les individus sont plus vulnérables au stress chronique et à ses conséquences», souligne Pierrich Plusquellec.
Un programme pour les adolescents adapté pour les aînés
Le programme O’stress trouve ses origines dans «Dé-stresse et Progresse©», un programme innovant conçu par le Centre d’études sur le stress humain, dirigé par Sonia Lupien.
Créé à l’origine pour aider les adolescents à faire face au stress lié à la transition vers le secondaire, ce programme a été validé scientifiquement par une étude fondatrice – sous la direction de la professeure Lupien et dont les résultats sont parus en 2013 dans Neuroscience – qui a démontré ses effets positifs sur les niveaux de cortisol et les symptômes dépressifs chez les jeunes qui éprouvaient de fortes émotions négatives au moment de commencer l'année scolaire.
Depuis cette première validation, plusieurs adaptations du programme ont été réalisées en partenariat avec l’équipe du professeur Plusquellec, dont une pour les adolescents à risque élevé de troubles du comportement en 2016 et une pour les jeunes présentant un trouble du spectre de l’autisme en 2018.
La contagion émotionnelle: un facteur clé pour les aînés
Le programme O’stress est issu des travaux de doctorat de Marie-Josée Richer, effectués sous la direction de Pierrich Plusquellec et Sébastien Grenier. La nouvelle docteure en psychoéducation a adapté le programme aux besoins spécifiques des gens âgés en intégrant des éléments liés au vieillissement, aux relations sociales et, particulièrement, à la contagion émotionnelle, qui un phénomène psychologique clé à cette étape de la vie. La contagion émotionnelle est une prédisposition à se laisser envahir, happer par les émotions d’une autre personne.
Une étude récente de l’Université de Montréal a en effet montré que la contagion émotionnelle influence de manière significative la détresse psychologique chez les aînés. Cette découverte a souligné l’importance d’ajouter un volet éducatif sur la contagion émotionnelle liée au stress dans le programme d’intervention afin d’aider les participants à reconnaître et à mieux gérer cette dynamique au quotidien.
Réunis en petits groupes, les participants apprivoisaient les sensations du stress et apprenaient à dépenser cette énergie en bougeant au rythme de la chanson Twist and Shout, des Beatles. Ils avaient aussi l’occasion d’analyser leur réseau social afin d’en discerner les sources de soutien, de pression ou de contagion du stress en vue de tirer le meilleur parti de ces liens précieux.
Santé publique et nouvelles avenues
Les résultats de l’étude témoignent du potentiel des interventions courtes et accessibles pour prévenir les effets délétères du stress chronique chez les gens âgés.
«En démystifiant le stress et les conséquences du vieillissement sur le stress, ainsi qu’en apprenant des techniques efficaces pour composer avec le stress, les participants sont outillés pour accroître leur résilience et améliorer leur bien-être global», affirme Marie-Josée Richer.
L’équipe de recherche espère étendre ce programme et en évaluer l’efficacité dans d’autres contextes et populations. Ces travaux pourraient également inspirer des interventions similaires dans le domaine de la santé mentale et du vieillissement.
À propos de cette étude
L’article «Increasing stress resilience in older adults through a 6-week prevention program: effects on coping strategies, anxiety symptoms, and cortisol levels», par Marie-Josée Richer et ses collègues, a été publié le 5 janvier 2025 dans Frontiers in Psychology.
Intéressé par le programme O'Stress?
Si le thème du stress vous intéresse, nous vous invitons à visiter le site du Centre d’études sur le stress humain: www.stresshumain.ca.
Que vous soyez membre du personnel de la santé ou des services sociaux, administrateur ou administratrice d’une résidence pour personnes âgées ou retraitées, proche aidant ou proche aidante ou tout simplement une personne âgée intéressée par le programme O’Stress, vous pouvez communiquer avec le Centre d’études sur le stress humain à l'adresse cesh.stresshumain@gmail.com ou communiquer directement avec la première auteure de l’étude à l’adresse suivante: marie-josee.richer@umontreal.ca.
Relations avec les médias
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Julie Gazaille
Université de Montréal
Tél: 514 343-6796