Un bond en avant dans la compréhension des liens entre immunité et microbiome

Des perturbations du microbiome intestinal entraînant des modifications métabolomiques ont été observées chez des patients présentant un déficit héréditaire en CTLA4.

Des perturbations du microbiome intestinal entraînant des modifications métabolomiques ont été observées chez des patients présentant un déficit héréditaire en CTLA4.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Une étude révèle, pour la première fois, le rôle du microbiome et du métabolome intestinal dans le déficit en CTLA4, un facteur déterminant de la régulation immunitaire et des mécanismes du cancer.

Des travaux menés par le laboratoire de la Dre Emilia Liana Falcone, professeure de clinique à l’Université de Montréal, chercheuse et directrice de l’Unité de recherche en microbiome et défenses mucosales à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, effectués en collaboration avec la Dre Gulbu Uzel, des National Institutes of Health (États-Unis), et le Dr Bodo Grimbacher, de l’Université de Fribourg (Allemagne), permettent pour la première fois de caractériser le microbiome et le métabolome intestinal chez les patients ayant un déficit (acquis génétiquement) en CTLA4. 

Le CTLA4 est ce qu’on appelle un point de contrôle immunitaire, qui est un élément déterminant dans les mécanismes du cancer dont la découverte a révolutionné le champ de recherche. Comme l’explique une étude dont les résultats sont parus dans la revue Microbiome, la connaissance des mécanismes qui sous-tendent l’immunité et le microbiome fait un bond en avant.

Pour cette étude, l’équipe de recherche a suivi deux cohortes de patients, situés sur deux continents, atteints d’une déficience en CTLA4 acquise génétiquement. Leur particularité: ils présentaient cliniquement des similarités avec des patients ayant des effets secondaires associés à un traitement avec les inhibiteurs de la régulation immunitaire négative administré pour traiter un cancer.

Les observations

Emilia Liana Falcone

Emilia Liana Falcone

Crédit : Faculté de médecine, Université de Montréal

Deux genres bactériens sont apparus comme des biomarqueurs permettant de distinguer les patients atteints d'un déficit héréditaire en CTLA4 des personnes en bonne santé, recrutés par les National Institutes of Health et par le Center for Chronic Immunodeficiency du Medical Center de l’Université de Fribourg. Étant donné que les erreurs innées de l'immunité en général peuvent être associées à des perturbations du microbiome, une cohorte témoin de la maladie composée d'individus atteints d'immunodéficience variable commune a également été incluse dans l'étude.

Malgré les modifications communes du microbiome liées aux erreurs innées de l'immunité, les deux genres bactériens ont conservé leur spécificité en tant que biomarqueurs du déficit en CTLA4. L’équipe de recherche a également mis au jour des signatures microbiomiques et métabolomiques intestinales permettant de distinguer les patients atteints d’un déficit en CTLA4 ayant une maladie grave de ceux dont l’état de santé était moins critique.

Les modifications du microbiome ont été associées à des profils métabolomiques distincts. Ces différences étaient plus ou moins marquées selon la présence de manifestations gastro-intestinales et ont été partiellement inversées par le traitement avec certains modulateurs immunitaires.

Conclusions

Des perturbations du microbiome intestinal entraînant des modifications métabolomiques ont été observées chez des patients présentant un déficit héréditaire en CTLA4. Bien que certaines de ces caractéristiques soient communes à une autre erreur innée de l'immunité, les changements distincts propres au déficit en CTLA4 soulignent le fait que les modifications du microbiome associées aux erreurs innées de l'immunité reflètent probablement la dysrégulation immunitaire sous-jacente. Les biomarqueurs microbiens et métaboliques intestinaux candidats découverts qui distinguent les personnes atteintes d'un déficit en CTLA4 en fonction de la gravité de la maladie dont elles souffrent devraient faire l'objet d'études prospectives ultérieures afin de déterminer leur valeur prédictive et être étudiés en tant que cibles thérapeutiques potentielles.

À propos de cette étude

L’article «The intestinal microbiome and metabolome discern disease severity in cytotoxic T-lymphocyte-associated protein 4 deficiency», par la Dre Emilia Liana Falcone et ses collègues, est publié dans le journal Microbiome.

Les travaux de la Dre Falcone ont été soutenus par la Chaire de recherche du Canada (niveau 2) sur le rôle du microbiome dans les erreurs innées de l'immunité et les conditions postinfectieuses, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche du Québec et une chaire de recherche de la Fondation J.-Louis Lévesque.

Relations avec les médias

Sur le même sujet

médecine cancer recherche