MT: Divers financements, obtenus entre autres du gouvernement fédéral [par les Instituts de recherche en santé du Canada] et de la Société canadienne du cancer, ont permis de lancer le projet. Cette phase initiale a mené à l’élaboration de biocapteurs capables de suivre de manière simple et fiable la dimérisation de la protéine RAF en cellules, établissant ainsi une preuve de concept pour la désignation de composés inhibiteurs de cette dimérisation.
Nous avons ensuite établi une collaboration stratégique de cinq ans [2012–2017] entre notre équipe, un partenaire pharmaceutique et l’Unité de découverte de médicaments de l’IRIC grâce au soutien financier d’IRICoR [commercialisation de la recherche]. Cette collaboration a abouti à une première molécule capable, avec certaines limites, de bloquer l’activation de l’oncogène RAF.
C’est pendant la période 2017-2020 que nous avons mis au point une nouvelle série de molécules, plus stables et plus diversifiées, présentant un véritable potentiel en tant que têtes de série, c’est-à-dire des composés dont l’optimisation peut mener à de nouveaux médicaments. Nous avons aussi démontré pour la première fois que nos molécules avaient une efficacité in vivo chez la souris. Ces étapes n’auraient pas été franchies sans le soutien de la Société canadienne du cancer et des contributions philanthropiques.
En 2020, grâce à IRICoR, un nouveau partenaire industriel a été trouvé: la compagnie Ipsen, avec laquelle nous avons signé un partenariat de deux ans pour optimiser notre série de composés en vue de produire un candidat clinique. Ce partenariat a mobilisé des chimistes de l’Unité de découverte de médicaments, dirigés par Pierre Beaulieu, et des biologistes de mon laboratoire, sous la direction d’Hugo Lavoie. À l’issue de cette collaboration, une molécule candidate a été sélectionnée, menant à la signature d’un contrat de licence avec Ipsen au début de l’année 2023.
Enfin, grâce à des études précliniques effectuées en 2023-2024 avec Ipsen, celle-ci a obtenu l’autorisation de la Food and Drug Administration des États-Unis pour entreprendre un essai clinique de phase I chez des patients atteints de tumeurs solides. Cet essai clinique a débuté en mars 2025 dans un premier centre hospitalier américain et s’étendra prochainement à d’autres hôpitaux aux États-Unis et en Europe.