Les virus oncolytiques modifiés: adjuvants prometteurs pour les vaccins contre le cancer

En 5 secondes Une équipe du CRCHUM montre qu’un virus anticancéreux, modifié génétiquement pour renforcer le système immunitaire, améliore l’efficacité de vaccins contre le cancer.
Victor Mullins-Dansereau et Marie-Claude Bourgeois-Daigneault

Au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), l’équipe de la chercheuse Marie-Claude Bourgeois-Daigneault, professeure à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, a montré pour la première fois sur des souris qu’un virus anticancéreux, modifié génétiquement pour renforcer le système immunitaire, améliore l’efficacité de vaccins contre le cancer. L’équipe a ainsi modifié le génome du virus de la stomatite vésiculaire afin qu’il produise au sein même du cancer à traiter l’interleukine-2 (IL-2). Cette protéine est connue pour activer et stimuler le système immunitaire.

Publiée dans le Journal of ImmunoTherapy of Cancer, cette avancée scientifique pourrait déboucher sur des immunothérapies anticancéreuses personnalisées plus efficaces.

En 2021, l’équipe avait prouvé que certains virus capables de vaincre le cancer – les virus oncolytiques – pouvaient servir d’adjuvants dans un contexte vaccinal.

Afin que le système immunitaire puisse reconnaître et attaquer de façon ciblée les cellules cancéreuses, elle avait alors affiné ces virus en les combinant avec quelques peptides (antigènes) spécifiques aux mutations exprimées par le cancer visé.

«Dans notre plus récente étude, nous démontrons sur un modèle de souris, caractéristique du mélanome, que notre virus oncolytique modifié engendre une meilleure réponse immunitaire que le virus initial, résume Marie-Claude Bourgeois-Daigneault. Il entraîne notamment la production de cellules très puissantes à court terme contre la maladie, les short-lived effective cells, et de cellules mémoire, importantes pour prévenir les récidives du cancer.»

Les populations de cellules produites sécrètent aussi plus de cytokines, des messagers chimiques reconnus pour leur rôle clé dans le fonctionnement et la coordination du système de défense immunitaire.

 

Un nouveau virus anticancéreux

Cet ensemble de facteurs – un bon équilibre entre les deux populations de cellules immunitaires et une stimulation de la réponse immunitaire – fait de ce nouveau virus, créé par Victor Mullins-Dansereau, premier auteur de l’étude, un excellent candidat en tant qu’adjuvant vaccinal. Victor Mullins-Dansereau est membre du laboratoire de Marie-Claude Bourgeois-Daigneault.

«Nous sommes la seule équipe de recherche au monde à améliorer de cette manière les propriétés du virus de la stomatite vésiculaire, qui peut ainsi détruire les cellules cancéreuses et renforcer la réponse immunitaire dans le cadre d'une vaccination anticancéreuse. Nous insistons sur le fait que c’est une preuve de concept», précise la chercheuse. 

Elle poursuit: «Dans le cas d’une vaccination à deux doses, nous pourrions très bien mélanger dans une même seringue différents types de virus oncolytiques sélectionnés pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire sur le court et le long terme.»

 

Aucun effet toxique

En introduisant le gène codant pour l’IL-2 dans le virus de la stomatite vésiculaire, l’équipe scientifique s’assure ainsi que le gène sera exprimé majoritairement au sein des cellules cancéreuses ciblées.

«L’IL-2 va être produite localement à de fortes concentrations dans les tissus cancéreux, dit Marie-Claude Bourgeois-Daigneault. Sur nos souris, nous n’avons constaté aucun effet toxique.» 

Une précaution importante: des scientifiques ont tenté par le passé d’administrer l’IL-2 de façon systémique, mais les doses requises pour obtenir un traitement efficace s’avéraient néfastes pour les patients.

L’équipe de Marie-Claude Bourgeois-Daigneault travaille actuellement sur une nouvelle génération d’adjuvants vaccinaux à base de virus oncolytiques. Cette plateforme de vaccination anticancéreuse pourrait un jour offrir des solutions de rechange à la chimiothérapie ou à la radiothérapie.

Partager

Demandes médias

CRCHUM
Tél. : 514 890-8000, poste : 20436
Université de Montréal
Tél. : 514 343-6111, poste : 67960