Communication hypnotique et douleur infantile: une formation efficace pour soignants
- UdeMNouvelles
Le 12 mars 2025
La formation Rel@x aide les soignants à utiliser la communication hypnotique pour atténuer la douleur procédurale chez les enfants, avec une efficacité prouvée scientifiquement.
La douleur procédurale en pédiatrie représente un défi majeur pour les familles et le personnel soignant, mais elle peut être atténuée par la manière de communiquer dans le contexte des soins. En utilisant des techniques simples de communication inspirées de l’hypnose clinique, il est possible de rendre l’expérience des soins plus douce pour les petits patients.
C’est dans l’objectif d’outiller les équipes médicales dans cette forme de communication que Serge Sultan, professeur au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et chercheur au CHU Sainte-Justine, et David Ogez, professeur adjoint de clinique au Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur de l'UdeM et chercheur à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, ont conçu la formation Rel@x.
Cette dernière est le fruit de plusieurs années de travail réalisé en collaboration étroite avec les services d’hématologie-oncologie, des urgences et de pédiatrie du CHU Sainte-Justine, ainsi que des membres de l’équipe Tout doux, spécialisée en gestion de la douleur et de l’anxiété procédurales chez les enfants. Selon une évaluation publiée dans la revue Scientific Reports, cette formation de deux demi-journées améliore significativement les compétences communicationnelles du personnel soignant.
La communication hypnotique: mettre l’imaginaire au service des soins
Le projet Rel@x s'appuie sur des théories et des recherches démontrant que des stimulus positifs peuvent diminuer l'expérience de la douleur. En communiquant de manière positive et en utilisant des techniques de suggestion et d'absorption dans l'imaginaire, le personnel soignant dévie l’attention de l’enfant afin de réduire la perception de la douleur.
«Les actes médicaux douloureux répétés comme les prises de sang peuvent avoir des effets psychologiques durables sur les enfants, augmentant leur anxiété et leur évitement des soins, explique Serge Sultan. Et la douleur de l’enfant est aussi difficile à vivre pour la famille et pour le personnel soignant, d’où le besoin d’avoir des outils en main pour l’atténuer.» C'est pour répondre à ce besoin que le CHU Sainte-Justine s'est engagé à mettre en place des moyens pour prévenir et réduire la douleur chez ses patients.
La formation courte et manualisée Rel@x est reconnue par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Elle permet d’enseigner les bases de la communication hypnotique, comme ralentir le rythme de la parole pour l’adapter à celui de l’enfant, parler de manière calme et mettre en pratique deux techniques simples et efficaces de suggestion d’analgésie et d’absorption dans l’imaginaire:
- Endroit agréable: il s’agit d’enrichir l'expérience sensorielle de l'enfant pour détourner son attention de l’acte douloureux. Le personnel soignant encourage les enfants à imaginer un lieu agréable et à se concentrer sur les détails sensoriels de cet endroit.
- Gant magique: les cliniciennes et cliniciens demandent aux enfants de visualiser un gant imaginaire doté de propriétés protectrices et anesthésiantes autour de leur main et de leur bras et d’en décrire les caractéristiques.
Une formation aux effets significatifs et durables
Une évaluation standardisée de la formation Rel@x portant sur 78 cliniciens et cliniciennes a été réalisée en 2024 avec la collaboration du Dr Ahmed Moussa et du Centre de simulation du CHU Sainte-Justine. Et les résultats sont prometteurs: «On a observé une augmentation de 61 % des compétences globales et de 124 % des compétences techniques chez les personnes formées, en plus d’un taux de satisfaction de presque 100 %, se réjouit Serge Sultan. Le personnel soignant moins expérimenté et celui dont les habiletés sont moins grandes au départ semblent bénéficier le plus de la formation.»
En outre, les compétences acquises semblent se maintenir dans le temps, puisque de 55 à 75 % de ces compétences demeurent après cinq mois, et ce, sans formation supplémentaire. Cela permet de croire que les personnes formées ont recours aux techniques enseignées dans leur pratique.
Bien que l’évaluation ait porté spécifiquement sur des ponctions veineuses effectuées par des cliniciennes et cliniciens en hématologie-oncologie, au service des urgences et en pédiatrie générale, les techniques enseignées peuvent facilement être appliquées dans d’autres contextes et pour d’autres types de soins. «Notre formation offre une approche simple, concrète et applicable pour améliorer le bien-être des enfants, des familles et du personnel soignant dans divers contextes pédiatriques», conclut le chercheur.
À propos de cette étude
L’article «Training healthcare professionals in hypnosis-derived communication to mitigate procedural pain in children», par Serge Sultan et ses collègues, est paru dans la revue Scientific Reports.
Cette étude a bénéficié d’une subvention de l’Oncopole, le pôle cancer du Fonds de recherche du Québec – secteur Santé. Le projet Rel@x est soutenu financièrement par la Fondation CHU Sainte-Justine depuis ses débuts, il y a huit ans.