Roxanne Sicotte veut susciter l’espoir
- UdeMNouvelles
Le 13 mars 2025
- Catherine Couturier
Roxanne Sicotte rejoint les rangs de l’École de psychoéducation de l’UdeM à titre de professeure.
Entre le tiers et la moitié des adultes qui vivent un premier épisode psychotique et font appel aux ressources médicales ont des pensées suicidaires. La professeure Roxanne Sicotte, en poste depuis janvier à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, souhaite contribuer à diminuer la souffrance de ces personnes et de leurs proches et prévenir les comportements suicidaires en aidant notamment à définir des cibles concrètes de prévention.
Un désir d’aider
«Dès l’école secondaire, j’ai évolué en contexte d’intervention», se souvient Roxanne Sicotte. Adolescente, elle est monitrice de camp de jour et accompagne des enfants à besoins particuliers (déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme). «Ce travail a nourri mon désir de soutenir des personnes plus vulnérables», poursuit-elle. Il faut dire que la flamme avait été allumée plus tôt: «Je suis la deuxième d’une famille de six enfants. J’ai vécu dans un milieu où la collaboration, la coopération, l’entraide et le respect étaient de mise», dit-elle.
Après un baccalauréat et une maîtrise en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke, elle travaille comme psychoéducatrice auprès d’adultes ayant des problèmes de santé mentale graves et persistants, principalement des troubles psychotiques. «J’aspirais à poursuivre une carrière en recherche, mais je voulais d’abord avoir une expérience de terrain pour mieux connaître la réalité des pratiques et découvrir mes champs d’intérêt», précise Roxanne Sicotte.
Elle entre alors en contact avec des personnes qui vivent un premier épisode psychotique, une expérience qui peut être fort déroutante pour celles-ci. «Ça provoque des émotions intenses, comme de la confusion, de la peur, du désespoir. Ça peut même être traumatique», raconte-t-elle.
Elle est aussi appelée à intervenir dans un contexte de risque suicidaire et à côtoyer la souffrance des patients et de leur entourage. «Le suicide, ça touche tellement de monde! En plus de la détresse individuelle qui mène à l’acte, il y a les répercussions importantes de chaque décès pour de nombreuses personnes: les familles, les communautés, les professionnels», note-t-elle.
À ses débuts comme psychoéducatrice, Roxanne Sicotte se sentait peu outillée pour faire face à ces situations. «J’ai voulu approfondir mes connaissances et mes compétences sur le sujet, ce qui m’a amenée à devenir formatrice en prévention du suicide», souligne-t-elle.
Évaluer le risque suicidaire
C’est cet apprentissage qui l'a conduite à faire un doctorat au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’UdeM. «Encore aujourd’hui, je m’intéresse à la compréhension du risque suicidaire chez les jeunes qui vivent un premier épisode psychotique pour entre autres pouvoir mettre des mesures adaptées en place afin de les soutenir», mentionne-t-elle.
Alors que le décès par suicide reste l’une des causes principales de mortalité dans cette population, Roxanne Sicotte aimerait mieux comprendre le phénomène. «Est-ce que c’est la psychose qui multiplie les difficultés de fonctionnement, les difficultés cognitives, l’isolement social? Et ces facteurs, mis ensemble, accroissent-ils le risque de suicide ou est-ce plutôt les symptômes de psychose qui augmentent directement le risque?» s’interroge-t-elle. D’autres hypothèses pointent vers des facteurs de risque communs aux comportements suicidaires et à la psychose pour expliquer la surreprésentation des jeunes dans les chiffres du suicide.
Plus de recherches, plus de résultats
«Les personnes qui présentent un trouble psychotique sont souvent exclues des études qui portent sur les meilleures pratiques en prévention du suicide, ce qui fait qu’on manque d’informations par rapport à l’efficacité des interventions», constate Roxanne Sicotte. En effet, faut-il adapter les interventions d’abord destinées au grand public ou en concevoir des différentes? Comment le faire? «J’aimerais passer de la compréhension à l’implantation, puis à l’évaluation des meilleures pratiques», espère-t-elle. Elle veut par exemple se pencher sur les plans de sécurité, un outil de prévention du suicide utilisé dans la population générale.
Roxanne Sicotte insiste par ailleurs sur l’importance de coconstruire les projets de recherche. «Que ce soit les personnes avec un trouble psychotique, leur entourage ou les intervenants, ces gens ont une expérience pertinente», croit-elle.
Chose certaine, Roxanne Sicotte souhaite rendre sa recherche accessible pour que «mes résultats puissent servir», indique celle qui a reçu plusieurs bourses et prix de vulgarisation durant ses études. «C’est très important de transmettre nos résultats de recherche aux équipes cliniques, aux familles, aux membres de l’entourage et aux patients eux-mêmes. Ultimement, je veux contribuer à l’amélioration des pratiques et de la situation des personnes à risque», conclut-elle.