Le Registre de la population du Québec ancien: une base de données unique léguée à l’UdeM
- UdeMNouvelles
Le 17 mars 2025
- Virginie Soffer
Avec la cession de leurs droits intellectuels à l’Université de Montréal, les créateurs du RPQA pérennisent un demi-siècle de recherche et d’innovation en démographie historique.
Jacques Légaré et Hubert Charbonneau, professeurs émérites de démographie, ainsi que Bertrand Desjardins, professeur honoraire de démographie, tous trois de l’Université de Montréal et créateurs du Registre de la population du Québec ancien (RPQA), une base de données exceptionnelle permettant de retracer des siècles d’histoire démographique québécoise, viennent de céder tous leurs droits de propriété intellectuelle à l’Université de Montréal, leur alma mater. Ce transfert vise à garantir la pérennité de cette ressource et à favoriser sa diffusion et son exploitation aux fins de recherche.
Une base de données unique au service de l’histoire du Québec
L’idée de créer une base de données exhaustives sur la population québécoise a germé dans les années 1950. À cette époque, Hubert Charbonneau, en séjour doctoral à Paris, s’inspire des travaux de démographie historique menés en France. «J'avais alors dépouillé 15 000 actes et reconstitué environ 2000 familles, plus ou moins partiellement», se remémore-t-il. Il perçoit le potentiel exceptionnel des registres paroissiaux québécois, bien conservés depuis le 17e siècle. Contrairement aux États-Unis, où les archives du même type sont rares pour cette période, le Québec possède une documentation riche et complète grâce aux directives strictes de l’Église catholique.
De retour au Québec, Hubert Charbonneau se lance dans une tâche titanesque avec ses collègues Jacques Légaré et Bertrand Desjardins: transcrire et structurer des milliers de données manuscrites en un format exploitable par des ordinateurs. Les premiers pas, dans les années 1960, sont marqués par les contraintes technologiques de l’époque. L’informatique, encore balbutiante, impose alors l’utilisation de cartes perforées.
Au fil des décennies, le projet s’est développé grâce à un financement soutenu du Conseil de recherches en sciences humaines et d’autres organismes. L’équipe a su rallier un large éventail de collaborateurs, mêlant historiens, démographes et informaticiens, tout en innovant constamment pour s’adapter aux progrès technologiques. Bertrand Desjardins revient sur l’évolution des supports de diffusion: «Nous avons commencé par des publications papier, avant de passer aux cédéroms, puis à un site Web accessible mondialement. Cela a permis de rendre nos travaux disponibles à une assistance beaucoup plus large.»
Contrairement aux sciences naturelles ou appliquées, où les brevets et droits d’auteur sont courants, les sciences sociales connaissent peu d’initiatives similaires. Le RPQA constitue donc un exemple inédit d’une œuvre intellectuelle en sciences sociales qui a connu des applications pratiques et un engouement bien au-delà du cercle universitaire. La base de données est particulièrement prisée des généalogistes.
Un geste de transmission unique
La décision de céder les droits de propriété intellectuelle au bénéfice du pôle de démographie historique du Département de démographie et des sciences de la population de l’Université de Montréal traduit la volonté des créateurs de garantir la continuité de leur travail. «Nous ne sommes pas éternels. En léguant nos droits à l’Université, nous assurons la pérennité de cette ressource pour les générations futures», déclare Jacques Légaré.
Selon cette entente, ils cèdent leurs droits d’auteur relatifs au RPQA afin de permettre à l’Université «de bénéficier de tous les droits de propriété intellectuelle afférents, de poursuivre la mission de recherche sur l’évolution de la population québécoise, d’exploiter l’œuvre et d’en permettre des recherches universitaires et populaires».
Avec la cession des droits à l’Université de Montréal, le RPQA continuera d’inspirer chercheurs, étudiants et passionnés d’histoire pour des décennies à venir.
Plus d'informations
Pour en savoir plus, consultez le texte Retracez l’histoire de vos ancêtres québécois.