Véronique Dupéré est nommée directrice académique du CIQSS
- UdeMNouvelles
Le 29 mai 2025
- Virginie Soffer
Le Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales accueille une nouvelle directrice académique.
Pour la première fois en 25 ans d'existence du Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), la direction académique est assurée par une chercheuse de l'Université de Montréal, Véronique Dupéré, professeure en psychoéducation.
Nous nous sommes entretenus avec elle.
Votre nomination coïncide avec un changement majeur au CIQSS: l’arrivée d’un réseau virtuel qui permettra un accès à distance aux microdonnées. Quelle est votre vision pour l’avenir du Centre?
C’est un changement qui ouvre énormément de possibilités. À cet égard, je souhaite renforcer la mission fondamentale du Centre, qui est de rendre accessibles les microdonnées de Statistique Canada, et soutenir notre communauté par des programmes de formation et activités de rayonnement. Avec le Centre de données de recherche virtuel, cet accès sera grandement facilité.
Actuellement, ces données sont accessibles uniquement dans les laboratoires sécurisés. En collaboration avec Statistique Canada et le Réseau canadien des Centres de données de recherche, nous passerons à un mode virtuel permettant l'accès à distance à plus de 80 % des microdonnées disponibles. Pour les collègues loin des grands centres, l’accessibilité sera considérablement améliorée. On peut donc voir cette transformation comme un moyen de dynamiser et d’élargir l’accès aux données à l’échelle de tout le Québec.
Mais c’est aussi un défi. Jusqu’à présent, la communauté du CIQSS était ancrée dans des lieux physiques et il faudra désormais imaginer des façons de recréer ce sentiment d’appartenance pour que les utilisateurs et les utilisatrices continuent de se reconnaître comme membres d’un réseau et d’une communauté de recherche. C’est aussi l’occasion d’élargir ce réseau pour y inclure davantage les milieux qui mobilisent la recherche en soutien à la prise de décision et à l’action. On est vraiment à un moment charnière, où il faut redéfinir ces lieux et ces liens.
Bref, c’est un champ des possibles qui s’ouvre, mais qui demandera beaucoup d’imagination pour reformer des groupes autour de ce nouvel environnement virtuel.
Justement, comment prévoyez-vous renforcer les liens entre les milieux de la recherche, les organismes publics et la société civile? Quel type de collaboration aimeriez-vous encourager?
Je pense qu'il faut privilégier des approches partenariales où l’on collabore étroitement avec une diversité d’organisations du monde de la recherche et de l'extérieur. Ainsi, on pourra créer des communautés de recherche et de pratique où l’on travaille ensemble pour «faire parler» les données. L’objectif est que des renseignements de qualité soient produits, qui pourront appuyer l'action de partenaires et avoir un effet positif sur les décisions, les politiques publiques et les programmes mis en œuvre dans différents milieux.
Selon moi, tout cela repose sur les relations humaines, qui se nouent en créant des moments et lieux d'échange, que ce soit des activités de formation, des conférences, des communautés de pratique. Ces évènements permettent aux gens de se rencontrer plus régulièrement autour de champs d’intérêt partagés.
Je reviens tout juste de la conférence annuelle qui marquait les 25 ans du Réseau canadien des Centres de données de recherche. Un thème très présent dans les discussions était justement cette nécessité de bâtir des communautés solides et de tisser des liens forts avec des partenaires en dehors du monde de la recherche – ceux qui, en réalité, détiennent les leviers pour transformer concrètement les milieux.
Il s’agit de construire un véritable écosystème réunissant données de recherche, chercheurs et organisations capables d’agir sur les environnements de vie. Cela demande un éventail d’activités et de formats pour favoriser les échanges et l’émergence de regroupements autour de ces questions.
Et c’est tout à fait possible. La conférence l’a montré: il y a beaucoup de dynamisme, un véritable désir de transformation. Déjà, dans les réseaux des centres de données, on sent cette impulsion. Dans mon nouveau rôle de directrice académique du CIQSS, je vois l’occasion de contribuer activement à cette transformation, en cherchant des moyens adaptés au contexte québécois.
À titre de nouvelle directrice, quelles seront vos priorités?
Une de mes priorités sera de renforcer les partenariats dans le monde de la recherche et à l’extérieur de celui-ci. Ce que j’ai déjà commencé avec la directrice générale du CIQSS, Magali Girard. On souhaite élargir l’accès aux données en ciblant de nouveaux utilisateurs et en mobilisant des groupes de recherche qui pourraient s’y intéresser. L’objectif est de faire en sorte que l’ensemble des chercheurs et chercheuses du Québec puissent avoir un accès facilité à ces données et en tirer parti. Pour y parvenir, on est en train de constituer de nouveaux partenariats et de créer des ponts avec différents milieux qui permettront de mettre en place des collaborations solides et durables.
Mon autre priorité, c’est de promouvoir le travail interdisciplinaire et intersectoriel. Dès qu’on aborde des questions sociales ou de santé complexes, ça devient incontournable. Il faut donc mettre sur pied des réseaux et favoriser des collaborations qui dépassent les frontières disciplinaires. Les réseaux disciplinaires existent déjà, ils sont bien établis et très actifs. Mais le Centre a un rôle clé à jouer pour tisser des liens entre ces disciplines et il est bien placé pour le faire. Le CIQSS n’est en effet pas axé sur un champ de recherche en particulier. Au contraire, il couvre un éventail très large de sujets et s’adresse à des chercheuses et chercheurs de toutes disciplines. C’est donc un lieu privilégié pour encourager les collaborations interdisciplinaires et intersectorielles.