In memoriam: le Dr René Simard
- UdeMNouvelles
Le 3 juin 2025
- Marilou Garon
Recteur de l’Université de Montréal de 1993 à 1998, René Simard, professeur émérite du Département de pathologie et biologie cellulaire, est décédé le 21 mai 2025.
René Simard était considéré, tant au Canada qu’à l’étranger, comme l’un des chercheurs les plus éminents dans le domaine de la pathologie. Il a consacré sa carrière à la recherche scientifique, à la formation de chercheurs et chercheuses et à l’enseignement universitaire, en plus de présider des organismes gouvernementaux comme le Conseil de la recherche en santé du Québec (aujourd’hui le Fonds de recherche du Québec – secteur Santé) et le Conseil de recherches médicales du Canada.
Montréalais de naissance, c’est à l’Université de Montréal que René Simard obtient un doctorat en médecine en 1962. Alors qu’il est encore étudiant, il remporte le prix Poulenc pour son Essai sur la faim à l’occasion d’un concours littéraire. Après une résidence en pathologie à l’hôpital Mont Sinaï de New York, il poursuit ses études à l’Université de Paris, où il termine un doctorat en biologie moléculaire en 1968.
L’appel de l’enseignement et de la recherche résonne rapidement: dès 1969, il devient professeur, d’abord à l’UdeM, puis à l’Université de Sherbrooke. Il effectue un retour à son alma mater en 1975 en tant que professeur titulaire au Département de pathologie (devenu le Département de pathologie et biologie cellulaire).
«Il voulait le meilleur pour l’Université»
Secrétaire général de l’Université de Montréal de 1983 à 2005, Michel Lespérance a bien connu René Simard, dont le bureau se situait à quelques pas du sien. «René Simard était un homme qui aimait profondément l’Université et ses gens. Il voulait tout ce qu’il y a de mieux pour l’UdeM, dit-il. En plus de collaborer en tant que collègues, nous partagions la passion du tennis, que nous pratiquions ensemble chaque jeudi soir!»
René Simard a été nommé recteur en 1993, après avoir assumé pendant huit ans les fonctions de vice-recteur à la recherche et à l’enseignement. «C’est le recteur de l’époque, Gilles Cloutier, qui l’avait convaincu de prendre la direction de ce nouveau vice-rectorat, explique Michel Lespérance. C’était pour lui une façon, en plus de l’enseignement et de la recherche, de contribuer au développement de l’Université.» Son mandat de recteur aura été marqué par son engagement à l’égard de la qualité de la formation et de l’encadrement des étudiants et des étudiantes, ainsi que par l’ouverture et l’évaluation des programmes.
La langue française comptait beaucoup aux yeux de René Simard, comme en témoigne l’un de ses legs en tant que recteur. «René se désolait du fait que plusieurs étudiantes et étudiants ne maîtrisaient pas suffisamment le français écrit à leur entrée à l’Université, raconte Michel Lespérance. Nous avions alors soumis un projet à la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec [devenu le Bureau de coopération interuniversitaire], soit de faire passer un examen de français aux candidats et candidates à l’admission. Ceux et celles dont les aptitudes étaient insuffisantes auraient la possibilité de suivre des cours de mise à niveau durant leurs études, ce qui aurait doté toutes les personnes diplômées des universités québécoises d’une bonne maîtrise de la langue.»
L’idée n’a pas été retenue par la Conférence, mais qu’à cela ne tienne! Le recteur et son secrétaire général sont allés de l’avant, faisant de l’UdeM la première université au Québec à imposer une épreuve de français écrit avant l’admission. Les autres universités n’ont pas tardé à suivre et la démarche a fini par influencer le ministère de l’Enseignement supérieur, qui a pris le relais avec une épreuve uniforme de français pour l’ensemble des universités du Québec.
Une figure marquante dans la recherche sur le cancer
René Simard laissera également sa marque dans le domaine de la recherche sur le cancer. Auteur de quelque 200 publications au sujet des structures de la cellule normale et de la cellule cancéreuse, René Simard assume la direction de l'Institut du cancer de Montréal de 1975 à 1987. Après avoir présidé la Société canadienne d’oncologie de 1982 à 1983, il prend la tête en 1986 du Centre international de recherche sur le cancer à Lyon.
Jean-Gilles Latour, professeur émérite du Département de pathologie et biologie cellulaire, a travaillé avec René Simard à la réforme du programme d’études supérieures au département à la fin des années 1960. «C’était un scientifique brillant qui avait à cœur le développement de la recherche biomédicale au Québec. À cet égard, il a fait figure de pionnier en occupant les postes de directeur du Conseil de la recherche en santé du Québec et du Conseil de recherches médicales du Canada», soutient-il.
Il souligne l’engagement de René Simard dans la mise en place du programme de dépistage précoce du cancer du sein par mammographie, programme qui a eu une incidence majeure sur la santé des femmes québécoises.
Le Dr Simard était membre de la Société royale du Canada, officier de l’Ordre du Canada, officier de l’Ordre des Palmes académiques (France) et officier de l’Ordre national du mérite (France). Il a reçu des doctorats honorifiques de l’Université Paul Sabatier (France), de l’Université de Sherbrooke, de l’Université Jean Monnet (France), de l’Université de Hanyang (Corée du Sud), de l’Université Soka (Japon) et de l’Université McGill.
En lieu et place de fleurs, la famille de René Simard suggère aux personnes qui le souhaitent d’effectuer un don en sa mémoire à la grande campagne de l’Université de Montréal.