Les lipides bioactifs: des acteurs clés de la régénération musculaire

L’étude a permis de mettre en lumière un mécanisme clé par lequel ces lipides régulent la fonction des cellules souches musculaires et leur capacité à régénérer les muscles blessés.

L’étude a permis de mettre en lumière un mécanisme clé par lequel ces lipides régulent la fonction des cellules souches musculaires et leur capacité à régénérer les muscles blessés.

Crédit : Getty

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Dans des recherches menées pour traiter des maladies musculaires dégénératives, des scientifiques montrent que les lipides bioactifs aident à réparer les muscles blessés.

Alyson Deprez, Nicolas Dumont, Paul Fabre, Thomas Molina et Ines Mokhtari

Alyson Deprez, Nicolas Dumont, Paul Fabre, Thomas Molina et Ines Mokhtari

Crédit : Véronique Lavoie, CHU Sainte-Justine

Imaginez des cellules souches dotées de pouvoirs de guérison rapide, un peu comme chez Wolverine dans la série X-Men, mais dans la réalité. Une équipe dirigée par Nicolas Dumont, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, a récemment fait une découverte importante sur les lipides bioactifs et leur rôle dans la régénération musculaire.  

L’étude, publiée dans Nature Communications, a permis de mettre en lumière un mécanisme clé par lequel ces lipides régulent la fonction des cellules souches musculaires et leur capacité à régénérer les muscles blessés. Cette percée offre des perspectives à explorer pour le traitement de certaines maladies dégénératives. 

Les lipides bioactifs sont des graisses qui, en plus de stocker de l’énergie, jouent un rôle actif dans le corps. Ils peuvent se lier à des récepteurs sur les cellules et déclencher des réactions importantes comme réduire l’inflammation ou aider à réparer les tissus. Ce sont donc des messagers chimiques qui influencent directement le fonctionnement des cellules.

De la cellule souche à l’humain en passant par Québec

L’équipe de recherche s’est donné pour mission de mieux comprendre les mécanismes de régénération des cellules souches musculaires et de clarifier leur rôle dans le processus de guérison, en particulier dans le contexte des maladies neuromusculaires rares. Son attention s’est portée sur les lipides bioactifs, encore peu étudiés et dont l’activité est cruciale dans la régulation de l’inflammation et la réparation des tissus. 

L’équipe a utilisé un modèle murin (souris) de cellules souches musculaires isolées et cultivées in vitro pour examiner leur prolifération et leur différenciation. Elle a ensuite collaboré avec des équipes de l'Université Laval et ensemble elles ont testé leurs découvertes en laboratoire sur des cellules humaines. Leurs résultats ont permis de démontrer que la réduction d'une enzyme (ALOX15) responsable de la formation des lipides bioactifs diminue également la capacité à régénérer les muscles après une blessure. 

Ces travaux ont aussi permis de démontrer qu'un traitement avec la Protectine 1 (un de ces lipides bioactifs) favorise la restauration du potentiel de régénération musculaire. En effet, la molécule a amélioré la fonction des muscles chez des souris atteintes de dystrophie de Duchenne, ce qui laisse entrevoir des perspectives thérapeutiques pour cette maladie génétique grave qui touche environ 1 garçon sur 4000.   

«Les lipides bioactifs agissent donc comme de véritables chefs d’orchestre de la régénération musculaire. En les ciblant, on ouvre la voie à des traitements innovants pour des maladies jusqu’ici sans solution durable», se réjouit Nicolas Dumont, également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les cellules souches et les maladies neuromusculaires.

Vers les thérapies de demain

Jusqu'à présent, les traitements disponibles, comme les glucocorticoïdes, étaient principalement axés sur la réduction de l'inflammation et le ralentissement de la dégénérescence musculaire, souvent avec des effets secondaires importants: anxiété et dépression, cataractes, prise de poids, ostéoporose, etc. 

Cette nouvelle étude renforce l’idée qu’il est désormais possible de cibler directement les mécanismes de régénération musculaire en utilisant des analogues synthétiques des lipides bioactifs.  

«Cette découverte pourrait transformer le traitement des maladies musculaires dégénératives en offrant des approches thérapeutiques plus efficaces et moins invasives», souligne Paul Fabre, doctorant à l’UdeM qui a mené l’étude sous la direction de Nicolas Dumont. Ces nouveaux traitements pourraient non seulement restaurer la fonction musculaire, mais aussi réduire les effets secondaires et ainsi accroître la qualité de vie des patients.

À propos de cette étude

L'étude «Bioactive lipid mediator class switching regulates myogenic cell progression and muscle regeneration» a été publiée dans Nature Communications le 1er juillet.

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