Communication d’urgence
11 h 36 | 31 août

Syndrome de Barth: de sa découverte à l’élaboration d’un traitement approuvé par la FDA

Par UdeMNouvelles
En 5 secondes Les États-Unis viennent d’approuver un traitement élaboré par le Dr Peter W. Schiller, professeur à l’UdeM et chercheur à l’IRCM, en collaboration avec la Dre Hazel Szeto, de l’Université Cornell.
Peter W. Schiller

Le 19 septembre, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a approuvé l’élamiprétide (SS-31), également connu sous le nom de Forzinity, comme premier traitement du syndrome de Barth, une maladie mitochondriale codécouverte par le Dr Peter W. Schiller, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. 

Cette approbation représente non seulement une avancée majeure pour les patients atteints du syndrome de Barth, mais aussi une percée historique, puisque l’élamiprétide devient le premier médicament qui cible directement les mitochondries à être approuvé.

 

Le syndrome de Barth: une maladie génétique très rare

Le syndrome de Barth est une affection génétique extrêmement rare, caractérisée par des anomalies mitochondriales entraînant une intolérance à l’effort, une faiblesse musculaire, une fatigue invalidante, une insuffisance cardiaque, des infections récurrentes et un retard de croissance. Cette maladie est associée à une espérance de vie réduite: 85 % des décès surviennent avant l’âge de cinq ans. Elle touche principalement les garçons et concernerait environ 1 naissance masculine sur 1 000 000, soit environ 150 personnes aux États-Unis. Jusqu’à présent, aucun traitement n’était disponible pour ces patients.

Une découverte née à l’IRCM

L’élamiprétide, aussi appelé SS-31, a été codécouvert par le Dr Schiller et la Dre Hazel Szeto, du Cornell University College of Medicine, et mis au point cliniquement par l’entreprise Stealth BioTherapeutics. Lors d’un essai clinique de phase III et dans le cadre d’un programme d’accès élargi, le traitement par élamiprétide a permis un accroissement notable de la force musculaire et une amélioration remarquable de la qualité de vie des patients. 

L’origine de cette molécule remonte aux travaux du Dr Schiller à l’IRCM. En collaboration avec la Dre Szeto, il a conçu des peptides ciblant les mitochondries à partir d’un analogue de peptide opioïde qu’il avait synthétisé en 2000. Une avancée décisive a été réalisée lorsqu’il a conçu une version fluorescente du peptide, permettant d’observer son entrée dans les cellules et sa concentration dans les mitochondries grâce à la microscopie confocale. 

Cela a conduit à la création d’une nouvelle classe de molécules, les peptides Szeto-Schiller (SS), qui se logent dans la membrane interne des mitochondries, là où se produit l’énergie cellulaire. La découverte que ces peptides pouvaient agir comme antioxydants ciblés et agents protecteurs mitochondriaux a ouvert de nouvelles perspectives thérapeutiques pour de nombreuses maladies mitochondriales.

Une molécule sans activité opioïde, mais au fort potentiel thérapeutique

Le SS-31 a été modifié pour éliminer toute activité opioïde sans qu’il perde sa capacité à cibler les mitochondries, pouvant ainsi entrer dans l’élaboration de médicaments mitochondriaux. Son potentiel thérapeutique a été démontré dans des centaines d’études précliniques, et il fait actuellement l’objet d’essais cliniques de phase III pour la myopathie mitochondriale primaire et la dégénérescence maculaire liée à l’âge.

La recherche fondamentale à la base de la découverte de médicaments

En général, les groupes de recherche universitaires contribuent à la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques, tandis que la mise au point des médicaments est prise en charge par l’industrie pharmaceutique. Le fait que deux laboratoires d’université ont réussi à mettre au jour une cible thérapeutique novatrice (la membrane interne mitochondriale) et à concevoir et synthétiser chimiquement une molécule viable est exceptionnel. 

Cela rappelle avec force que la recherche fondamentale est à la base des grands progrès en santé humaine et qu’investir dans une science de haut niveau, c’est investir dans notre bien-être collectif.

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